Dédollarisation de l’économie africaine : Le président du Kenya en rajoute une couche

19/06/2023 mis à jour: 17:14
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Photo : D. R.

En 2009, le président libyen Mouammar El Gueddafi réussit à convaincre plusieurs Etats africains de soustraire leurs transactions pétrolières à l’usage du dollar américain en créant une nouvelle monnaie indépendante : le dinar-or.

Deux ans plus tard, il est assassiné selon un scénario commandité par l’OTAN, tel que révélé suite à l’enquête sur l’affaire des emails de Hilary Clinton. Mais depuis, des bouleversements géopolitiques ont eu lieu et l’effritement de l’hégémonie occidentale permet aujourd’hui un processus de dédollarisation de l’économie mondiale. Le continent africain semble très sensible à cette question.

Des propositions, parfois suivies d’initiatives, se font écho ici et là depuis le début de l’année. La dernière en date est celle du président du Kenya, Williams Ruto qui, lors d’un discours prononcé le 11 juin dernier au Parlement djiboutien, a déclaré que les Africains n’ont pas à être les otages d’une seule devise. 

«Le paiement d’un pays africain à un autre passe généralement par plusieurs institutions financières intermédiaires, ce qui entraîne une augmentation des coûts, des complications, des problèmes et des fluctuations inutiles des devises et cela finit par être tout un écosystème de confusion», a-t-il déclaré.

Ruto qui dit adhérer au principe «des solutions africaines pour les problèmes africains» a invité les nations africaines à abandonner le dollar, tout en annonçant que la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a fourni un mécanisme qui permet aux opérateurs économiques de Djibouti et du Kenya d’échanger biens et services en monnaies locales. 

«Il existe un mécanisme permettant à tous nos commerçants de négocier dans la monnaie locale. Nous n’avons pas à chercher de dollars ; nos hommes d’affaires se concentreront sur le transport des biens et des services, et laisseront la tâche ardue des devises à Afreximbank», a-t-il expliqué.

Le discours du président kényan sentait fort le panafricanisme et une forte dose de liberté qui ont provoqué des salves d’ovation de la part des élus parlementaires du Djibouti. Le monde se défait progressivement du dollar à cause de la forte tendance des Etats-Unis à user des sanctions économiques contre des pays qui ne suivent pas son modèle.

Des Etats ont transféré des parties de leurs économies hors du dollar en prévision justement d’éventuelles sanctions. Le retour de l’or comme actif de réserve est pratiqué aussi pour remplacer le dollar et diversifier les avoirs.

Les achats de l’or par les banques centrales ont augmenté de 150% en 2022. La tendance anti-dollar s’est accentuée aussi depuis que le monde a constaté l’échec des sanctions américaines contre la Russie. Le déplacement de la puissance économique en Asie grâce à la locomotive chinoise a permis au couple sino-russe d’inaugurer des échanges commerciaux volumineux en rouble et en yuan.

Et les Africains sont fortement inspirés pour suivre cette voie. Par ailleurs, plusieurs pays africains, dont l’Algérie, sont candidats à l’adhésion aux Brics pour intégrer une dynamique politico-économique en porte-à-faux avec la logique mondialiste et les racines de la domination américaine, notamment les accords de Bretton Woods. 

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