Le flop de l’hôpital Al Shifa de Ghaza nous rappelle, à tous points de vue, le délire du général américain Colin Powell qui – en 2003, pour duper l’opinion publique mondiale et justifier l’intervention massive américaine en Irak – avait exhibé une fiole devant les membres du Conseil de sécurité.
C'était pour lui, et son chef George Bush, «la preuve» que Saddam Hussein utilisait des produits chimiques contre sa population.
La Grande-Bretagne dirigée par Tony Blair avait alors applaudi, suivie de la plupart des dirigeants européens, sauf du représentant français, Dominique de Villepin, qui mit en garde contre une invasion américaine de l’Irak. L’ex-Premier ministre français est aujourd’hui une des rares voix discordantes dans le soutien inconditionnel aveugle à Israël de la classe politique française.
Il plaide la justice face à la force brutale et comme lui, se démarquent la gauche et l’extrême gauche dont le plus en vue est Jean-Luc Mélenchon, le président du parti La France insoumise. Il ne cesse de marteler les quatre vérités sur cette guerre qui n’est que l’aboutissement logique du projet colonial sioniste en Palestine, permis par les accords de la honte de Balfour.
S’agissant de l’hôpital Al Shifa, s’inspirant donc de Colin Powell, Israël a martelé que dans son sous-sol était installé le commandement militaire du Hamas. Après d’intenses bombardements, rien n’a été trouvé ces jours-ci et l’armée a été réduite à exhiber, dans un grossier montage, quelques dérisoires équipements militaires de supposés combattants du Hamas.
Personne de sensé n’y a cru, sauf les irréductibles soutiens, tel le chancelier allemand Olaf Scholz qui, mortellement culpabilisé par l’histoire nazie, assène qu'Israël est un «exemple» de démocratie.
Une honte qu'un dirigeant d’un grand pays moderne détourne la tête devant le projet génocidaire en cours à Ghaza et se tait, comme ses collègues occidentaux, sur le nouveau déferlement de haine en Cisjordanie produit par les colons juifs. Ils sont près d’un demi-million semant la terreur et l’assassinat pour déloger les Palestiniens de leurs terres et se les approprier, encouragés par le gouvernement Netanyahu dominé par l’extrême droite et les suprémacistes juifs, dont l’idéologie messianique est de faire de toute la Palestine l’unique lieu des juifs.
Aussi, pour poursuivre son dessein, l’armée israélienne a entamé un bombardement massif du sud de Ghaza, composé en large partie de camps de déplacés dans un contexte d’une immense tragédie humanitaire virant à la famine à grande échelle. L’armée israélienne a déjà tué plus de 11 000 Ghazaouis, dont la moitié des femmes et des enfants, et détruit cinquante pour cent du bâti de la ville.
Le monde entier est de plus en plus horrifié par cette barbarie qui n’a d’égale que celle des nazis allemands de la Seconde Guerre mondiale. C'est la tétanisation internationale. Les capitales occidentales n’arrivent pas, malgré l’horreur absolue, à se défaire de leur position historique de soutien inconditionnel à Israël, à la différence de nombre d'Etats du Sud Global qui, de plus en plus, dénoncent les agissements israéliens à Ghaza, certains revoyant même leurs accords diplomatiques.
Du côté arabe, seules les foules manifestent ouvertement, et en nombre, leur solidarité à côté d'une poignée de capitales, les autres Etats restant timorés ou complices.
Ces derniers paralysent la Ligue arabe, notamment les signataires des accords d’Abraham ou ceux qui ont tissé des liens politiques avec l’entité sioniste. Ils ne peuvent ni ne veulent rompre avec l’entité sioniste insensible au drame palestinien.
Paralysé par le veto américain, le Conseil de sécurité de l’ONU observe la tragédie de Ghaza du haut de son impuissance historique. Et dans son sillage, la Cour pénale internationale.