Cyberfraude : Le Gafi sonne l'alerte générale

11/07/2023 mis à jour: 02:05
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Photo : D. R.

Le Gafi et ses membres ont convenu de nouveaux projets, notamment celui visant à améliorer les enquêtes et les poursuites en matière de blanchiment de capitaux. La finalité est de fédérer les efforts et les expertises pour venir à bout du crime financier dans le monde de par ses répercussions néfastes sur le système financier et la société dans son ensemble.

Il est évident que, toujours aussi prospère un peu partout dans le monde, l'industrie du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme «reste complexe, et par simplification on la réduit à une chose opaque, secrète et nébuleuse, pour justement ne pas avoir à l'expliquer», comme le résumait, si bien, l’Algéro-Canadien Messaoud Abda, expert international en criminalité financière en conformité et gouvernance.

Ce qui l’est moins sont la juste réponse globale à sa prolifération et surtout le déploiement de mises à jour ciblées pour contrer les procédés, de plus en plus innovants, utilisés par les organisations criminelles et autres délinquants financiers, qui continuent, d’ailleurs, de susciter d’intenses recherches et de houleux débats au sein des organismes, organes, institutions et organisations activant dans la lutte contre ce fléau mondial.

C’est le cas notamment du Groupe d’action financière (Gafi), organisme mondial de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme, basé à Paris (France) qui a pour mission de définir des normes internationales visant à prévenir ces activités illégales, ainsi que du Groupe Egmont (Toronto), forum d’échange, de collaboration et de coopération entre les cellules du renseignement financier (CRF) dans le monde.

En effet, au terme de leur réunion plénière respective 2023, du 21 au 23 juin (Paris) pour le Gafi, où l’accent a été mis sur le renforcement des normes relatives au recouvrement des actifs détournés et du 3 au 7 juillet (Abou Dhabi) pour le Groupe Egmont, où a été discutée l’«utilisation des technologies informatiques avancées par les CRF pour améliorer leurs opérations», une alerte générale sera lancée mettant en garde contre l’utilisation abusive du nom du Gafi à des fins frauduleuses.

En avaient pris note les délégués représentant plus de 200 membres du réseau mondial et des organisations observatrices, dont le Fonds monétaire international, les Nations unies, la Banque mondiale, Interpol et le Groupe Egmont ainsi  que les plus de 500 représentants de CRF, observateurs et partenaires internationaux du monde entier ayant participé aux plénières estivales des deux organes qui veillent à la sécurité et l’intégrité du système financier mondial.

Mettant en garde les pays membres, particulièrement ceux qui, comme l’Algérie, l’Egypte ou la Tunisie etc. affiliés au Groupe d'action financière pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (Menafatf), œuvrent, depuis des années, à récupérer les avoirs criminels illicitement transférés à l’étranger, le Gafi précisera dans un bulletin d’avertissement que «les personnes souhaitant effectuer des transferts internationaux de fonds se verraient demander par le Gafi de payer des frais pour des services fictifs, par exemple concernant la vérification de l'origine des fonds. Si le client ne paie pas les frais, les fonds sont bloqués.

Ces escroqueries peuvent sembler utiliser du papier à en-tête portant le logo du Gafi, ou contenir les signatures de hauts fonctionnaires réels ou fictifs du Gafi». Pis : ces auteurs de manœuvres frauduleuses «peuvent parfois inclure des adresses de sites Web légitimes pour donner un vernis de crédibilité à l'escroquerie».

Dans certains cas, y est-il souligné, le Gafi fera savoir que «des fraudeurs utilisaient apparemment une technologie permettant de faire en sorte que l'adresse électronique de l'expéditeur ou l'identification de l'appelant semblent identiques à l'adresse électronique ou au numéro de téléphone officiel du Gafi». Plus récemment, le gendarme de la finance mondiale  tient à dénoncer les fraudeurs proposant des services de recouvrement d'avoirs en son nom, «soi-disant pour aider les victimes à récupérer des fonds perdus ou volés, moyennant une commission».

Améliorer le recouvrement des avoirs en aidant les pays à priver les criminels de leurs avoirs illicites constitue, certes, l’une des priorités majeures qu’il s’était fixée mais «le Gafi n'a pas de fonction d'enquête, il n'intervient pas dans les affaires individuelles et ne peut pas saisir ou confisquer des fonds». Et de rappeler, une fois encore, que le Gafi dont le seul siège est à Paris, exploite, en outre, un institut de formation à Busan en Corée et ne disposant d’aucun bureau ou fonctionnaires régionaux «ne contacte pas les membres du public par e-mail, téléphone ou tout autre moyen au sujet de transactions financières spécifiques.

Le Gafi ne contrôle pas les transactions financières, ne demande pas de frais et n'a pas la capacité de bloquer un compte». Partant, il recommande, en cas de présence d’informations ou de soupçons de blanchiment d'argent ou toutes autres transactions suspectes et activités liées à la cyberfraude, leur signalement par la saisine des autorités locales, en particulier la police ou la cellule de renseignement financier du pays d’origine.

Par ailleurs, les participants à la dernière plénière du Gafi s’étaient réjouis des améliorations appelées à être introduites à ses recommandations 4 et 38 car censées fournir aux pays des mesures juridiques plus strictes pour geler, saisir et confisquer les biens criminels et les biens de valeur correspondante, y compris la confiscation sans condamnation.

Prévoyant de finaliser ces amendements en octobre 2023, le Gafi et ses membres ont également convenu de nouveaux projets, notamment celui visant à améliorer les enquêtes et les poursuites en matière de blanchiment de capitaux. La finalité étant de fédérer les efforts et les expertises pour venir à bout du crime financier dans le monde de par ses répercussions néfastes sur le système financier et la société dans son ensemble.

Pour ce faire, tel que souligné lors de la 29e réunion plénière annuelle du Groupe Egmont à Abou Dhabi, l’utilisation de la technologie moderne revêt une importance capitale car susceptible de faciliter le signalement des transactions douteuses, de permettre une communication efficace, d’accélérer les procédures et de prendre des décisions ciblées et éclairées et de prévenir la cybercriminalité dirigée contre les organismes du renseignement financier et institutions de lutte contre le blanchiment de capitaux.

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