Critiques et introspection

19/04/2022 mis à jour: 23:42
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La Banque mondiale affirme que les pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) ne fournissent pas d’«informations de qualité et opportunes» sur leurs situations économiques et considère même que cela favorise in fine la publication des rapports qui ne reflètent pas forcément la réalité. 

Cette question, d’importance, a focalisé, peut-être pour la première fois, étrangement l’attention de cette institution de Bretton Woods pour expliquer un certain nombre d’inexactitudes contenues, de son propre aveu, dans les multiples rapports fournis sur les performances des économies de la région. «Les auteurs ont constaté que les prévisions de croissance dans la région MENA au cours de la dernière décennie étaient souvent inexactes et trop optimistes par rapport à celles des autres régions. 

Des prévisions trop optimistes peuvent entraîner des contractions économiques à terme. Un facteur clé de l’incertitude des prévisions est la disponibilité et l’accessibilité d’informations de qualité et opportunes, un domaine où la région MENA est en retard par rapport au reste du monde en développement», peut-on lire dans son document sur les prévisions de croissance dans la région en période d’incertitude. 

Que dit donc en substance la BM ? Que des pays de cette région ne font pas montre de transparence en matière de données. Une critique, bien sûr, qui s’adresse aux gouvernements de ces pays. Pourquoi la BM a-t-elle cru utile et nécessaire de soulever cette question aujourd’hui, alors qu’elle affirme à ce propos que les prévisions de croissance «au cours de la dernière décennie étaient souvent inexactes» ?

 Il va sans dire qu’en période d’incertitude liée à la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine, l’intérêt à la question peut sembler encore plus accru et légitime, vu les risques que cela fait peser en cette période particulière de crise sur la reprise économique.

 Tout un chapitre a d’ailleurs été consacré au fait d’«établir des prévisions de croissance, lorsque les données sont opaques». Mais serait-ce là le seul motif ? La Banque mondiale fait-elle son introspection en quelque sorte ? Ce qui est certain, avance-t-elle, c’est qu’«en conclusion, la région pâtit de prévisions imprécises, et ces prévisions peuvent avoir des conséquences sur l’établissement d’une trajectoire vers un avenir meilleur». 

En tout cas, dans tout ce magma d’explications s’étalant sur une bonne partie du rapport, on retiendra d’abord et avant tout le manque de transparence au niveau des pays de la région, outre le choc des prix et le nombre de conflits en cours. 

«La région MENA a enregistré les erreurs de prévision les plus importantes de toutes les régions du monde entre 2010 et 2020», a-t-elle souligné. 

Et d’ajouter : «Huit pays à peine communiquent des données trimestrielles sur le chômage, et aucun ne dispose de données mensuelles.» 

En Algérie, par exemple, les données les plus récentes sur le chômage datent de mai 2019, selon un tableau, en page 33, sur les disponibilités des données macroéconomiques pour la région MENA (janvier 2022). 

Enfin, le dernier rapport de la BM sur l’Algérie, fin 2021, a donné lieu, faut-il le rappeler, à une vive polémique.

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