Crise russo-occidentale sur l’Ukraine : Kiev évoque une option «fondamentalement différente» de Moscou

13/03/2022 mis à jour: 00:55
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Photo : D. R.

Le chef de l’Etat ukrainien a cependant déploré que les «partenaires occidentaux (de l’Ukraine) ne soient pas suffisamment engagés» dans cette approche. En termes de garanties de sécurité, «l’Ukraine ne pourra pas faire confiance à la Russie après cette guerre sanglante (...)».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué hier une nouvelle approche, «fondamentalement différente», de Moscou dans ses récents pourparlers avec Kiev, rapporte l’AFP. Il a relevé en ce sens que la Russie ne se contente plus de «juste poser des ultimatums». Interrogé sur des déclarations vendredi de son homologue russe Vladimir Poutine, qui a évoqué des «avancées» dans les pourparlers russo-ukrainiens, le président ukrainien s’est dit «content d’avoir un signal de la Russie», lors d’une conférence de presse à Kiev diffusée sur le compte Telegram de la Présidence ukrainienne.

Lors des dernières discussions, «on a commencé à parler», et Moscou «ne pose plus simplement des ultimatums», ce qui constitue «une approche fondamentalement différente», a-t-il ajouté. Selon lui, au cours des deux dernières années, l’Ukraine a sollicité Moscou «plus d’une dizaine de fois», «sans jamais avoir entendu qu’un dialogue pouvait avoir lieu».

Ces propos interviennent alors qu’une rencontre a eu lieu jeudi entre les chefs de la diplomatie russe et ukrainien en Turquie. Auparavant, trois sessions de pourparlers au niveau de délégations ont eu lieu, la première à la frontière ukraino-bélarusse et les deux suivantes à la frontière polono-bélarusse. Ces pourparlers se poursuivent par visioconférence, a précisé samedi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, se refusant à donner plus de détails.

Le chef de l’Etat ukrainien a cependant déploré que les «partenaires occidentaux (de l’Ukraine) ne soient pas suffisamment engagés» dans cette approche. En termes de garanties de sécurité, «l’Ukraine ne pourra pas faire confiance à la Russie après cette guerre sanglante. De telles garanties de sécurité doivent être proposées par d’autres leaders étrangers», a-t-il estimé.

Mercredi, le président ukrainien a appelé les Occidentaux à lui envoyer «au plus vite» des avions de chasse, à commencer par les Mig-29 proposés par Varsovie, malgré une mise en garde du Kremlin. «Prenez une décision au plus vite, envoyez-nous des avions !» a-t-il déclaré aux Occidentaux dans une nouvelle vidéo sur sa chaîne Telegram, relayée par l’AFP.

Il a remercié Varsovie pour avoir proposé d’envoyer des Mig-29 à l’Ukraine et regretté qu’«aucune décision n’ait (encore) été prise». La Pologne s’est dite, mardi, «prête à déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions Mig-29 sur la base de Ramstein (en Allemagne) et à les mettre à la disposition du gouvernement des Etats-Unis», pour que ces derniers les livrent à l’Ukraine.

Washington, qui craint un élargissement du conflit, car la Russie a prévenu qu’elle considérerait l’envoi de tels avions par un pays tiers comme une implication directe dans la guerre en Ukraine, a rejeté la proposition. «Nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit viable», a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Par ailleurs, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz se sont entretenus une nouvelle fois hier avec le président russe Vladimir Poutine au sujet de l’Ukraine.

Selon le Kremlin, le président russe Vladimir Poutine a accusé à cette occasion les forces ukrainiennes de «violations flagrantes» du droit humanitaire. Il a évoqué, dans un entretien téléphonique avec ses deux interlocuteurs, des «assassinats extrajudiciaires d’opposants», des «prise d’otages de civils» et leur «utilisation comme boucliers humains», ainsi que le «déploiement d’armes lourdes dans des zones résidentielles, à proximité d’hôpitaux, d’écoles et de jardins d’enfants», selon un communiqué du Kremlin.

Il a également accusé les «bataillons nationalistes» ukrainiens de «perturber systématiquement les opérations de sauvetage et intimider les civils qui tentent d’évacuer» les zones de combat.

Le président russe a exhorté les chefs d’Etat français et allemand «à influencer les autorités de Kiev pour qu’elles mettent fin à ces actions criminelles», a ajouté le Kremlin.

L’ire de Paris

Quelques instants plus tard, l’Elysée a qualifié les accusations du président Poutine de «mensonges». Au cours de cet appel téléphonique, le président français et le chancelier allemand ont de nouveau appelé la Russie à «un cessez-le-feu immédiat» et à «lever le siège» de Marioupol où la situation est «humainement insoutenable», a indiqué la présidence française.

Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Vladimir Poutine ont déjà eu un entretien téléphonique jeudi au cours duquel la France et l’Allemagne  ont «exigé de la Russie un cessez-le-feu immédiat». Réunis en sommet à Versailles, les Européens ont encore accru vendredi la pression sur la Russie pour qu’elle cesse son offensive militaire avec des menaces de nouvelles sanctions «massives» contre Moscou et un doublement des financements pour des armes à l’Ukraine. Emmanuel Macron n’a pas exclu que l’Union européenne (UE) puisse s’en prendre ultérieurement aux importations de gaz ou de pétrole, jusqu’ici épargnées en raison de leur coût pour les Européens, très dépendants des hydrocarbures russes. 

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