L’Union européenne a «regretté» hier la décision de la junte au pouvoir au Mali de mettre fin à l’accord de réconciliation avec les groupes indépendantistes signé à Alger en 2015. «Les populations civiles du Nord du pays seront les premières à subir les conséquences de cette décision unilatérale que l’UE regrette», souligne Nabila Massrali, porte-parole du chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell.
«L’impact négatif que cette rupture pourrait avoir sur l’ensemble des équilibres nationaux et régionaux, alors qu’aucune alternative à l’accord de paix de 2015 n’a encore émergé, est réel», poursuit la porte-parole dans un communiqué. L’Union européenne «reste convaincue que le dialogue doit être privilégié pour aplanir les différends et favoriser l’instauration d’une paix durable au Nord Mali», conclut le texte.
Les autorités maliennes de transition ont annoncé le 25 janvier la «fin, avec effet immédiat», de cet accord longtemps vu comme essentiel pour stabiliser le pays. Pour beaucoup d’observateurs, l’annonce faite par les autorités de transition maliennes de dénoncer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, est un acte planifié et prémédité. «Un bis repetita dont les tenants et aboutissants sont connus à l’avance et qui risque une fois de plus de mener le Mali vers une guerre civile incontrôlable et la région du Sahel vers une crise sans précédent», insiste-t-on.
Motivé par des «arguments fallacieux», la décision de Bamako de mettre fin à l’accord signé en 2015 n’est pas une réaction épidermique à un quelconque acte prétendument «inamical» d’Alger mais a bien été préparée depuis au moins deux ans, ajoute-t-on.
Durant cette période, les autorités de transition maliennes ont commencé par ne plus répondre aux invitations de l’Algérie, en sa qualité de chef de file de la médiation internationale, ni à participer aux rencontres pour discuter de la mise en œuvre dudit accord.
Bamako a ensuite commencé à mettre en doute la sincérité de la médiation internationale et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), tout en s’engageant dans une démarche d’acquisition démesurée de nouvelles technologies militaires. Dans ce cheminement, l’expulsion de la Minusma, qui constituait une entrave pour le recours à la solution militaire contre notamment la coordination du mouvement Azawad dans le nord du pays, a été l’étape la plus significative. L’Algérie «a un devoir d’information envers le peuple malien frère.
Ce dernier sait que l’Algérie n’a jamais failli à travailler à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, avec sincérité, bonne foi et solidarité indéfectible envers le Mali frère», avait indiqué vendredi le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le peuple malien «doit aussi savoir et doit se convaincre que la longue liste des raisons invoquées à l’appui de la dénonciation de l’accord ne correspond absolument ni de près ni de loin à la vérité ou à la réalité», avait relevé même le communiqué.