Crise du Soudan : Un raid de l’armée de l’air tue des dizaines de civils à Khartoum

10/07/2023 mis à jour: 03:57
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Les populations civils au Soudan vivent dans un total désarroi

L’ONU a prévenu hier que le Soudan est «au bord d’une guerre civile totale potentiellement déstabilisatrice pour toute la région», au lendemain de la mort de dizaines de civils dans un raid de l’armée de l’air sur un quartier résidentiel de la capitale Khartoum, selon l’AFP. 

Sur une vidéo postée en ligne par le ministère de la Santé de l’Etat de Khartoum, des corps gisent sur le sol, certains ont des membres déchiquetés qui dépassent de draps jetés à la va-vite pour les couvrir. Plusieurs sont des femmes. Le bombardement, survenu samedi sur le quartier de Dar Al Salam à Omdourman, la banlieue nord-ouest de la capitale, a fait, selon le ministère de la Santé, «22 morts et un grand nombre de blessés parmi les civils».

 De leur côté, les Forces de soutien rapide (FSR), paramilitaires en guerre contre l’armée depuis le 15 avril, ont dénoncé «la perte tragique de plus de 31 vies et de nombreux blessés». Toutes ces sources, comme plusieurs habitants affirment que le bombardement est venu des airs. Mais l’armée a assuré, dans un communiqué hier, que ses «forces aériennes n’avaient visé aucun objectif samedi à Omdourman». 

Selon des habitants, l’armée de l’air a de nouveau frappé hier le centre de Khartoum aux abords du palais présidentiel. Des combats à l’arme lourde opposaient aussi les deux camps dans plusieurs quartiers du sud de la capitale, selon des témoins sur place.

En près de trois mois de guerre entre les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo et les troupes régulières, dirigées par le général Abdel Fattah Al Burhane, près de 3000 morts ont été recensés, un bilan très sous-estimé, des corps jonchant encore les rues étant inaccessibles.

Menace sur la région

Près de trois millions de Soudanais ont été forcés de quitter leurs maisons, dont plus de 600 000 pour l’étranger, principalement l’Egypte au nord et le Tchad à l’ouest, tant les exactions venues des deux camps se multiplient. 

Farhan Haq, un porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a ainsi dénoncé «une absence totale de respect du droit humanitaire et des droits humains», notamment au Darfour, région martyre dans les années 2000 de nouveau au cœur de combats. 

Dans cette vaste région de l’ouest du Soudan, où des combattants tribaux et des civils armés ont rejoint les deux camps en guerre, les combats ont pris une «dimension ethnique», affirme l’ONU, alors que des habitants rapportent des «exécutions» sur la base de l’origine ethnique. 

Selon l’ONU, le Soudan est désormais «au bord d’une guerre civile totale potentiellement déstabilisatrice pour toute la région», aux confins du Sahel, de la Corne de l’Afrique et du Moyen-Orient, des zones déjà en proie aux violences avant la guerre à Khartoum.

Partis du cœur de la capitale, les combats, les raids aériens et les pillages qui s’ensuivent inlassablement ont gagné le Darfour ainsi que le Kordofan, au sud de Khartoum, et le Nil Bleu, frontalier de l’Ethiopie au sud.

De son côté, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), bloc de l’Afrique de l’Est, réunira aujourd’hui à Addis-Abeba des dirigeants des quatre pays à la manœuvre sur le dossier soudanais : l’Ethiopie, le Kenya, la Somalie et le Soudan du Sud. Un responsable de l’Igad a indiqué que les deux généraux en guerre ont été invités, affirmant toutefois qu’ils pourraient envoyer des lieutenants à Addis-Abeba. 

Depuis le 15 avril, le général Al Burhane n’a été filmé que deux fois avec ses hommes et le général Daglo n’est apparu que quelques secondes dans une vidéo tournée par ses troupes. Les deux hommes n’interviennent plus que par messages sonores ou médias interposés. 

Khalid Omer Yousif, l’un des responsables civils limogés du gouvernement en 2021 par le coup d’Etat des deux généraux aujourd’hui en guerre, a de son côté annoncé que plusieurs figures civiles étaient à Addis-Abeba pour «discuter avec des acteurs soudanais et internationaux afin d’accélérer les efforts de paix». 

Des négociations menées par les Américains et les Saoudiens n’ont jusqu’ici accouché que de trêves temporaires, quasiment jamais respectées.

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