Crise du Soudan : L’armée compte reprendre les pourparlers à Djeddah

16/07/2023 mis à jour: 00:54
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Une délégation des forces armées de Abdel Fattah Al Burhane est retournée à Jeddah pour reprendre les négociations avec les rebelles des Forces de soutien rapide

Des représentants de l’armée soudanaise sont retournés à Djeddah, en Arabie Saoudite, pour reprendre les négociations avec les paramilitaires, a indiqué hier une source gouvernementale, au moment où la guerre entre les généraux rivaux entre dans son quatrième mois. 

«Une délégation des forces armées est retournée à Djeddah pour reprendre les négociations avec les rebelles des Forces de soutien rapide», a déclaré une source gouvernementale sous le couvert de l’anonymat, n’étant pas autorisée à parler aux médias.

Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FRS) n’ont fait aucun commentaire dans l’immédiat sur la reprise des négociations.

Cette délégation en Arabie Saoudite marque le retour de l’armée sur le front diplomatique, après avoir boycotté lundi des pourparlers de paix à Addis-Abeba, en Ethiopie, organisés par le bloc régional de l’Afrique de l’Est (Igad).

Le ministère soudanais des Affaires étrangères a accusé le Kenya, qui préside l’Igad, de soutenir les FSR. Avant la suspension des pourparlers de Djeddah, les médiateurs américains se sont montrés de plus en plus frustrés par la réticence des deux parties à œuvrer en faveur d’une trêve durable.

Depuis le 15 avril, les combats entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhane, et les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo  ont fait au moins 3000 morts, selon l’ONG Acled, spécialisée dans la collecte d’informations dans les zones de conflit.

Plusieurs cessez-le-feu ont été conclus ces derniers mois sous l’égide des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite, mais les médiateurs saoudiens et américains ont ajourné en juin les négociations après que les cessez-le-feu aient été systématiquement violés.

A Khartoum, des témoins ont de nouveau fait état d’affrontements hier, après une journée de violents combats qui ont laissé des panaches de fumée noire au-dessus de plusieurs quartiers de la capitale soudanaise.

Selon l’ONU, près d’un million et demi de personnes ont quitté Khartoum, et le conflit a déjà fait plus de trois millions de déplacés et réfugiés à travers le pays.

Des voisins inquiets

Jeudi, les sept pays voisins du Soudan ont réclamé, lors d’un sommet en Egypte, l’aide des bailleurs internationaux pour accueillir plus de 700 000 réfugiés de la guerre. L’Egypte, voisin influent du nord, a reçu le plus gros contingent avec plus de 255 000 réfugiés, suivie du Tchad (240 000) et du Soudan du Sud (160 000). 

La communauté internationale, qui a promis 1,5 milliard de dollars lors d’un sommet en juin, «doit tenir ses promesses» et «aider les pays voisins», a déclaré le président égyptien Abdel Fattah Al Sissi. 

«En une semaine, nous avons reçu plus de 150 000 personnes, en majorité des femmes et des enfants» fuyant le Darfour, où les pires atrocités sont recensées, a abondé le président tchadien, le général Mahamat Idriss Déby Itno. 

Déplorant «une flambée des prix» et des «pénuries» dans les régions frontalières, le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, a mis en garde contre une hausse de «la circulation des armes légères à travers les frontières poreuses».

 Les sept pays réunis au Caire, aux côtés des patrons de l’Union africaine et de la Ligue arabe ont souligné qu’ils feraient tout pour éviter que le Soudan ne devienne «un eldorado pour le terrorisme et le crime organisé», selon leur communiqué commun.

Au Soudan, pays de la Corne africaine et l’un les plus pauvres au monde, plus d’un habitant sur deux a besoin d’aide pour survivre, l’alerte à la famine est maximale et plus des deux tiers des hôpitaux sont hors service. 

Avec la saison des pluies qui a débuté, les épidémies vont exploser, comme chaque année, dans un contexte de malnutrition aggravée. Les humanitaires, eux, continuent de réclamer un accès aux zones de combat en vain. Les autorités, disent-ils, bloquent l’aide aux douanes et ne délivrent pas de visas aux humanitaires.

Jeudi, Human Rights Watch (HRW) a pointé du doigt un autre obstacle : la décision de l’Egypte en juin de demander des visas à tous les Soudanais. 

Alors qu’avant, les femmes, les enfants et les hommes de plus de 50 ans n’en avaient pas besoin. Cela «met en danger de mort des demandeurs d’asile», selon l’ONG. 

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