A chaque printemps, c’est le plat nommé El Hamama qui est à l’honneur chez les familles blidéennes. Préparé à base de plantes aromatiques et médicinales, le couscous blidéen, ou le couscous noir en raison de sa couleur provoquée par la lavande sauvage (el hal’hal) est considéré par plusieurs familles conservatrices comme étant non seulement la fierté de la ville des Roses, mais surtout un plat synonyme de vaccin naturel qui immunise le corps à chaque printemps.
En effet, la composition de ce plat mythique est très riche en herbes provenant des hauteurs de Blida : Sidi El Kebir, Bouarfa, Chréa... Et certains avancent que la vraie recette d’El Hamama doit comporter une centaine de variétés de plantes et d’herbes.
Mais avec la disparition de l’ancienne génération, connaisseuse des secrets de la flore montagneuse, ce savoir-faire et la maîtrise de sa préparation, est en déclin. Fini le temps -ou presque- où à chaque saison printanière, des femmes, souvent rurales, partaient aux champs pour la cueillette d’une centaine de plantes, et ce, avant de les vendre, sous forme de bouquets, au marché couvert de Blida, appelé communément placette El Arab.
La femme citadine achète ces bouquets multicolores avant de les décortiquer et de les faire rouler avec du couscous. Une fois préparé, El Hamama est consommé avec de l’huile d’olive ou saupoudrée avec du sucre glace pour les personnes n’aimant pas l’arrière-goût amer. Pour Youcef Ouragui, 85 ans, gardien du temple du patrimoine local, le couscous blidéen tire son origine d’El Hammam (bain maure) Il explique : «Les plantes composant El Hamama étaient utilisées, aussi, par les parturientes, dans les bains maures, afin d’immuniser leur corps, affaibli par la grossesse.
Aussi, certaines plantes composant El Hamama étaient utilisées par les montagnards lors de leur bain domestique.» Et ce lien a donné naissance au plat curatif même si la période de sa «création» n’est pas connue avec précision. Berbère ou Ottoman, une chose est sûre, El Hamama préparée et emballée est encore disponible dans les souks de Blida.