L’actuel secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abou El Fadhl Baadji, se retire officiellement de la course au poste de secrétaire général du parti.
En effet, intronisé par les membres du comité central à la tête de l’ex-parti unique en mai 2020, le secrétaire général sortant ne se portera pas candidat pour sa propre succession lors du 11e congrès du FLN, dont les travaux débuteront aujourd’hui au Centre internationale des conférences (CIC) et prendront fin le 13 novembre.
L’annonce de Baadji de renoncer à briguer un nouveau mandat a été faite ce jeudi, lors d’une réunion avec les chefs des comités de transition des mouhafadhate. Le SG sortant a justifié son retrait de la course par le souci de «favoriser l’alternance politique».
«Le secrétaire général du parti, Abou El Fadhl Baadji, a présidé une réunion avec les présidents des comités de transition des mouhafadhate, où il a donné des instructions concernant le déroulement du 11e congrès du parti, prévu du 11 au 13 novembre», a affirmé la direction du parti dans un communiqué dans lequel il est précisé que «Baadji a annoncé officiellement qu’il ne se représentera pas au secrétariat du parti, convaincu de la nécessité de l’alternance après trois ans et demi durant lesquels il a dirigé le parti et au cours desquels le FLN a remporté les différentes élections auxquelles il a participé».
Contesté et loin de faire le consensus parmi ses pairs, le retrait de Baadji était prévisible. Mais à quelques jours de l’organisation du congrès, il a exclu des rangs du parti un certain nombre de cadres, et pas des moindres. Il s’agit de sénateurs et d’autres élus, dont Ahmed Kharchi, vice-président du Conseil de la nation, Ahmed Latifi, chef du groupe parlementaire à la Chambre haute du Parlement, Samir Zoubiri, sénateur de Bouira, et Nadjia Djilali, présidente de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) d’Alger. Protestant contre ces radiations, qualifiées de «purge», les sénateurs ont menacé de boycotter le 11e congrès.
Toutefois, malgré les attaques qui l’ont ciblé et la crise qui couve au sein de son parti, Baadji n’a pas cédé. «Baadji n’a pas de légitimité. Il y a eu beaucoup de dépassements à l’intérieur du parti sous son règne, et beaucoup de cadres et militants ont subi de l’injustice. Pour le bon déroulement du 11e congrès, il fallait qu’il se retire», explique un cadre du parti.
Qui donc sera le futur SG du FLN ? Jusqu’à présent, deux candidats ont ouvertement exprimé leur intention d’entrer en compétition pour le poste de SG du FLN. Il s’agit de l’ancien ministre de la Poste, des Technologies de l’information et de la Communication, Boudjemaa Haichour, et de Abdelkrim Benmebarek, ancien député et membre de l’APW d’Alger. Vieux militant au long parcours, M. Haïchour a postulé à ce poste pour mettre, selon lui, son expérience au service du parti, tout en prenant en considération les équilibres interne et externe. Il ne parle pas de refondation du FLN mais plutôt de son renouveau. Il s’oppose entièrement, dit-il, à l’idée de l’exclusion ou de marginalisation de ses pairs.
L’autre candidat en lice, à savoir M. Benmbarek, est originaire de la wilaya de Batna. Ancien député (2002-2007), il était également mouhafedh à Bouzaréah avant qu’il ne devienne membre de l’APW d’Alger lors des dernières élections locales.
Il figure parmi les farouches opposants au SG sortant. Selon des sources internes au parti, M. Benmbarek est mieux parti pour présider aux destinées du FLN, en raison notamment du soutien d’une bonne partie des membres du comité central et de la base. Le dernier congrès du FLN, le dixième, remonte à 2015.
Un rendez-vous durant lequel les membres du comité central avaient plébiscité, lors d’une réunion peu ordinaire, Amar Saadani à la tête du parti, succédant ainsi à Abdelaziz Belkhadem. M. Saadani s’est ensuite retiré en 2016, en invoquant des «raisons personnelles».
Il est remplacé par Djamel Ould Abbès, qui, deux années après, en novembre 2018, quitta également la direction du parti. Moad Bouchareb, président de l’APN au moment des faits, a assuré l’intérim avant de connaître le même sort que son prédécesseur, puisqu’il a été contraint de partir quelques semaines après le début du hirak.
Depuis son installation à la tête du parti en remplacement de Mohamed Djemai, incarcéré, Abou Fadhl El Baadji subit le même rejet. En somme, le 10e congrès a consommé six secrétaires généraux. Certains sont toujours en prison.