Cour d’appel militaire de Blida : Renvoi du procès du général-major Bachir Tartag au 30 juin

09/06/2022 mis à jour: 03:14
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Photo : D. R.

Poursuivi pour avoir «abusé» de sa «fonction», en «instruisant» ses subordonnés à ouvrir des enquêtes sur la corruption puis à les fermer, en «violation de la procédure», l’ancien coordinateur des services de sécurité et de sûreté, le général-major à la retraite Bachir Tartag, devait comparaître hier devant la cour d’appel militaire de Blida, avec quatre autres officiers, l’ex-patron de la Sécurité de l’armée, le général Nabil Benazzouz, deux ex-responsables de l’antenne de la Sécurité intérieure pour la wilaya d’Alger, le colonel Smain et son successeur, le colonel Lotfi, ainsi que l’ancien chef du service juridique (du même service), le colonel Abdessadok, mais le procès n’a pas eu lieu.

Il a été renvoyé au 30 juin pour permettre au colonel Smain de constituer une nouvelle défense, après le retrait de son avocat.

L’affaire est revenue devant la cour après l’appel des parties contre le verdict du tribunal militaire de Blida, prononcé le 10 mars dernier, faisant état d’une condamnation de 6 ans de prison contre Bachir Tartag, d’une autre de 5 ans contre le général Nabil Benazzouz, l’ancien Directeur central de la Sécurité de l’armée (DCSA) et directeur adjoint de l’ex-patron de la Sécurité intérieure (le général Wassini Bouazza, en détention à la prison militaire).

La même peine a été infligée aux deux ex-chefs de l’antenne de la même direction (Sécurité intérieure) pour la wilaya d’Alger, les colonels Smain Lotfi, alors que leur collègue, du service juridique, le colonel Abdessadok, a écopé d’une condamnation de 4 ans ferme.

Les mis en cause ont été poursuivis et placés en détention, depuis plus d’une année «en vertu de l’article 29 de la loi 06/01 relative à la prévention et la lutte contre la corruption, qui prévoit des peines allant de 2 à 10 ans de prison ferme, assorties d’une amende de 200 000 à 1 000 000 DA», contre «tout agent public, qui soustrait, détruit, dissipe ou retient sciemment et indûment, à son profit ou au profit d’une autre personne ou entité, tout bien, tout fonds ou valeurs, publics ou privés, ou toute chose de valeur qui lui ont été remis soit en vertu soit en raison de ses fonctions».

En fait, tous ces officiers ont été condamnés au mois de mars dernier pour «n’avoir pas respecté» la procédure de préservation des fonds saisis et déposés à la Banque centrale, dans le cadre de trois enquêtes ouvertes puis mises sous le coude, en 2017, sur «instruction».

La première est celle de la sulfureuse et intrigante «Mme Maya», de son vrai nom Zoulikha Nechinèche, prétendue fille cachée du défunt Président déchu, chez laquelle d’importantes sommes d’argent en dinars et en devises et plus de 17 kg d’or avaient été récupérés à l’issue d’une perquisition dans ses deux maisons, situées à la résidence d’Etat Moretti, à l’ouest de la capitale, où elle résidait, après un guet-apens qui lui a été tendu par les éléments de la Sécurité intérieure.

Libérés sur instructions 

Mme Maya et ses deux filles avaient été arrêtées et entendues, mais le dossier a vite été mis sous le coude, en raison des présumés liens de la femme d’affaires avec le défunt Président déchu.

La seconde affaire concerne les deux enfants, El Wafi (en fuite) et Skender (en détention), de l’ex-secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès (en détention), arrêtés par les officiers de la Sécurité intérieure après une dénonciation de l’ex-député FLN, Baha Eddine Tliba, sur le «commerce fructueux» de positionnement sur la liste des candidatures à la députation de 2017.

Là aussi, El Wafi aurait été interpellé, après une souricière, à l’entrée de Club des Pins, avec une importante somme d’argent. Entendu avec son frère, les deux ont été placés en garde à vue, avant qu’ils ne soient libérés sur «instruction» et le dossier clos, alors qu’il était ouvert au niveau du tribunal de Chéraga.

La troisième affaire est liée à l’arrestation d’une députée FLN de Boumerdès, avec un montant très lourd de fonds, en lien avec les législatives de 2017. Là aussi, des «instructions ont été données» pour mettre au vert les résultats de l’enquête.

Ce n’est qu’en 2020 que les trois dossiers ont refait surface, notamment avec la réouverture de celui de Mme Maya au niveau du tribunal de Chéraga.

Lors de son procès, cette dernière avait accusé les services de la Sécurité intérieure de lui avoir pris d’importantes sommes d’argent et des bijoux, avant qu’elle ne soit condamnée à 12 ans de prison ferme et ses deux filles à 5 ans de prison, ainsi que ses coprévenus, l’ex-ministre du Travail et ancien wali de Chlef, Mohamed Ghazi, à 10 ans de prison ferme, son fils Chafik à 18 mois de prison ferme, l’ancien wali d’Oran et ex-ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaalane, à 8 ans de prison ferme, et l’ancien patron de la police, Abdelghani Hamel, à 10 ans de prison ferme.

Des condamnations devenues définitives en vertu d’un arrêt de la Cour suprême, au moment où le tribunal militaire de Blida lançait des poursuites contre les officiers mis en cause.

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