Ancien secrétaire particulier du défunt chef d’état-major de l’Anp et sa boîte noire, l’adjudant-chef Guermit Bounouira a comparu, jeudi dernier, devant la cour d’appel militaire de Blida pour, entre autres, «divulgation d’informations confidentielles, touchant aux intérêts de l’armée et de l’Etat», «collecte et transmission d’informations à des parties ou des pays tiers» et «violation de l’obligation de réserve dans le but de porter atteinte à la sécurité et aux intérêts de l’Etat», des accusations qui lui ont valu une condamnation à mort au mois de janvier dernier.
Revenu après appel, le procès concerne également deux autres accusés en fuite à l’étranger, l’ancien patron de la Gendarmerie nationale, le général Ghali Belkecir, qui aurait acheté la nationalité du Vanuatu, archipel du Pacifique considéré comme le paradis des criminels au col blanc, ainsi que Mohamed Larbi Zitout, installé en Grande-Bretagne, et un des dirigeants du mouvement islamiste Rachad – inscrit par l’Algérie sur la liste des «organisations terroristes» il y a quelques mois – qui avaient été condamnés par contumace à une peine de prison à vie, assortie d’un mandat d’arrêt international.
Après une matinée de débat, la cour a décidé de confirmer les décisions prononcées en première instance et de ce fait répondre favorablement aux demandes du procureur général.
Des sources proches de la défense affirment que la cour a décidé de maintenir aussi l’acquittement au profit d’un officier, également poursuivi dans le cadre de cette affaire qui avait fait couler beaucoup d’encre.
En fait, il est reproché à Benouira d’avoir pris possession de nombreux documents classés confidentiels sur les mouvements dans les rangs de l’armée et le fonctionnement interne de celle-ci, pour les utiliser comme monnaie d’échange contre un statut de protégé.
Quelque temps après son arrivée en Turquie, il aurait été approché par Larbi Zitout, puis par le frère de ce dernier, commerçant de son état, vivant dans un des quartiers les plus huppés d’Istanbul, lequel lui aurait facilité les contacts avec les services turcs.
Benouira s’installe avec sa famille dans une résidence, qu’il s’est achetée, située dans un quartier sécurisé. Selon nos interlocuteurs, certains documents confidentiels auraient été transmis par l’intermédiaire de Ghali Belkecir, qui passait son temps, à l’époque, entre l’Espagne et la France.
C’est la première affaire pour laquelle Benouira a été jugé, alors que trois autres sont en instruction, et une quatrième a été ajoutée en janvier dernier, après son apparition sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.
L’enquête aurait abouti, apprend-on de source sûre, à l’interpellation de nombreuses personnes, avant que le frère de Benouira et un officier ne soient placés en détention.
Pour l’instant, rien n’a filtré sur ce dossier énigmatique, qui a fait tache d’huile en début de cette année.