Depuis quelques années, les instances sportives internationales ont imposé le principe de non ingérence de la politique dans le mouvement sportif.
Dans ce cadre, les CNO (comités nationaux olympiques) et les fédérations sportives ont été instruites de la nécessité de respecter l’autonomie de la gestion du sport, par rapport au pouvoir politique. L’application de cette directive internationale a été confrontée et le reste encore, pour plusieurs pays, à des mésententes avec les gouvernements respectifs, du fait de la grande dépendance financière des associations nationales, vis-à-vis de leurs Etats. La charte olympique a également imposé la règle de non-discrimination, de quelque nature qu’elle soit, lors des compétitions sportives internationales.
Ces principes nobles, dans leur fond, mais discutables sur le plan de l’application, en raison des grosses divergences relationnelles entre les Etats, ont tout de même permis à certaines associations, comme celle intitulée «Paix et sport», parrainée par le Prince Albert de Monaco, de solliciter le sport, pour apaiser les tensions et rassembler les populations.
Les derniers événements tragiques que le monde connaît ont sérieusement entaché les fondamentaux de l’olympisme, par la violation discriminatoire du principe de non-ingérence de la politique dans le sport. Ainsi, les manifestations sportives mondiales ont subi un traitement sélectif de la crise opposant la Russie à l’Ukraine, interdisant aux athlètes de la première nation nommée de participer à ces joutes.
Cette décision prise par les instances sportives internationales, sur pression politique des nations occidentales dominantes, constitue une violation flagrante du principe de séparation de la politique à l’égard du mouvement sportif.
Dans ce cas, il s’agit d’une pleine ingérence de la politique dans le sport et du sport dans la politique. Le conflit dramatique que vit actuellement le Moyen-Orient, à travers l’attaque meurtrière du Hamas sur Tel-Aviv, suivie d’une riposte disproportionnée et inhumaine de l’entité sioniste, vient confirmer l’ingérence discriminatoire des responsables sportifs européens et mondiaux, lesquels ont pleinement adopté la position de leurs pouvoirs politiques respectifs. Le lynchage médiatique de Karim Benzema et la sanction prise à l’encontre de Youcef Atal, par les dirigeants de l’OGC Nice et la justice française, pour avoir manifesté leur soutien à leurs frères palestiniens, confirment le traitement discriminatoire relatif à l’ingérence de la politique et la totale soumission du sport mondial au diktat de forces politiques bien connues.
La réaction des responsables du sport planétaire n’aurait certainement pas été punitive, si ces mêmes joueurs ou d’autres avaient montré des signes de solidarité en faveur d’Israël. Où est la morale olympique dans ces attitudes discriminatoires et le principe de neutralité politique que les instances sportives internationales imposent aux associations nationales ? A ce titre, le silence complice des dirigeants des instances sportives nationales et continentales est inacceptable et condamnable, car ces positions sélectives de leurs tutelles internationales les engagent pleinement.
Cette attitude montre, malheureusement, que la défense et la préservation de statuts et privilèges personnels passe avant l’affirmation d’une réaction de dignité. Le devoir des dirigeants sportifs nationaux et continentaux est de rappeler à leurs responsables tutélaires la nécessité de donner l’exemple, en matière de respect des exigences de la charte olympique. Le manque d’engagement éthique et moral peut permettre la protection conjoncturelle d’une ambition carriériste et de ses privilèges, mais il est condamnable à terme, au plan de la dignité.
Pr. Rachid HANIFI
Ancien président du Comité Olympique Algérien