Conseil de sécurité de l’ONU : L’Algérie multiplie les initiatives

14/04/2024 mis à jour: 09:30
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Amar Bendjama, ambassadeur d’Algérie à l’ONU, lors d’un débat sur la Palestine au Conseil de sécurité (photo : D. R.)

L’Algérie connaît un rebond diplomatique au cours de ces dernières années qui s’est davantage consolidé depuis qu’elle siège en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Entamant en janvier son mandat de deux ans au sein de cette haute instance décisionnelle, l’Algérie a réussi en peu de temps à faire bouger les lignes, à remettre sur la table des dossiers longtemps délaissés et à mettre tout le monde devant ses responsabilités face à des situations de conflits d’une extrême gravité et injustice.

 Après un effacement diplomatique durant la décennie écoulée, la voix de l’Algérie résonne à nouveau et fortement dans les couloirs des Nations unies. Pour preuve, cette résolution du Conseil de sécurité adoptée le 25 mars, à l’initiative de l’Algérie. Une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat à Ghaza et la levée de toutes les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire à grande échelle aux populations de cette enclave, victimes d’un véritable génocide. Pour donner à cette résolution toutes ses chances de passer, l’Algérie s’est appuyée sur les neuf autres membres non permanents qu’elle a associés à sa rédaction, avant d’engager d’intenses négociations avec les cinq membres permanents, particulièrement les Etats-Unis qui ont déjà usé de leur veto à trois reprises depuis l’agression israélienne contre la bande de Ghaza. 

D’ailleurs, la présentation de cette résolution au Conseil de sécurité a été précédée d’un entretien téléphonique entre le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf. Leur discussion a été fortement axée sur le projet de résolution présenté au nom du groupe des dix membres non permanents dans le but de promouvoir «un cessez-le-feu immédiat, durable et sans condition» dans l’enclave palestinienne.  Washington s’en est ainsi abstenu, permettant le vote de la première résolution appelant à un cessez-le-feu à Ghaza et exigeant l’ouverture et la protection de tous les couloirs humanitaires. 


Travail constructif


Dans une allocution prononcée après le vote sur la résolution, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a exprimé ses remerciements à tous les membres du Conseil de sécurité pour «leur flexibilité et leur travail constructif lors des négociations». Un mois auparavant, l’Algérie avait présenté une première résolution pour un cessez-le-feu humanitaire qui a subi le veto américain. Mais elle s’était engagée à continuer de saisir le Conseil de sécurité jusqu’à ce qu’il assume pleinement ses responsabilités. C’est ce qui a été fait grâce à son travail acharné auprès de tous les membres de cette haute instance onusienne.

 L’Algérie a également réussi, en collaboration avec la Slovénie et Guyana, à faire adopter, le 11 avril, au Conseil de sécurité un projet de communiqué de presse traitant de la famine et de la sécurité des travailleurs humanitaires dans la bande de Ghaza. Elle poursuit aujourd’hui ses efforts au sein du Conseil de sécurité afin que l’Etat de Palestine accède à la place qui lui sied en tant que membre à part entière et souverain de l’ONU. L’action diplomatique algérienne au sein de l’ONU ne se limite pas à la Palestine, bien qu’elle se taille la part du lion, en raison de la persistance de l’entreprise génocidaire israélienne dans la bande de Ghaza. 


Ainsi, l’Algérie continue à se mobiliser en faveur de l’aboutissement du processus onusien au Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique. C’est ainsi que le Conseil de sécurité tiendra, le 16 avril prochain, une session de consultations à huis clos sur la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), consacrée à la présentation d’exposés du représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la Minurso, Alexander Ivanko, et de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan De Mistura. La diplomatie algérienne œuvre également à mobiliser le Conseil de sécurité pour le règlement d’autres conflits, à l’instar de celui qui a éclaté au Soudan en avril 2023 et qui a provoqué une grave crise humanitaire dans le pays. 
Sur initiative du groupe A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyane), le Conseil de sécurité a adopté, en mars dernier, une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat au Soudan.


Réforme de l’ONU

Le représentant permanent de l’Algérie à l’ONU a salué, au nom des membres du groupe A3+, l’adoption de cette résolution qui «contribuera sans aucun doute de manière significative au bien-être de la population soudanaise». De la tribune de l’ONU, l’Algérie a appelé les belligérants au Soudan à saisir cette occasion pour «déposer les armes et créer une atmosphère propice au dialogue, à un meilleur accès humanitaire et à une cessation des hostilités, afin d’avancer collectivement sur une voie propice à un avenir pacifique». 


Autre grand axe de travail de l’Algérie à l’ONU : la réforme de ses instances, à leur tête le Conseil de sécurité. Pour l’Algérie, la succession effrénée des crises et des conflits et l’incapacité avérée du Conseil de sécurité à les endiguer ou les résoudre à cause notamment des tiraillements de ses membres permanents et de leur droit de veto exige la refonte de l’Organisation des Nations unies. Il s’agit aussi pour l’Algérie d’œuvrer pour la réparation de la grande injustice dont est victime l’Afrique, seul continent qui n’a pas de représentant permanent au sein de cette haute instance onusienne. Le président Abdelmadjid Tebboune avait d’ailleurs relevé cette situation lors de son discours prononcé en novembre dernier à l’Assemblée générale des Nations unies, appelant à traiter le dossier de la réforme du Conseil de sécurité «avec la plus grande diligence et beaucoup de rigueur». 
 

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