Conflit russo-ukrainien : La médiation chinoise pourra-t-elle ouvrir un couloir pour la paix ?

15/05/2023 mis à jour: 03:47
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Le chemin de la paix est semé d’embûches et les Chinois savent qu’ils ont un rôle difficile à assumer

Alors que l’Allemagne annonce de nouvelles livraisons d’armes à l’armée ukrainienne pour l’équivalent de 2,7 milliards d’euros, la Chine tente une nouvelle série de médiation entre Moscou et Kiev. 

En effet, un ambassadeur chinois de haut rang, représentant spécial de Xi Jinping, entame aujourd’hui une tournée européenne pour rencontrer des responsables russes et ukrainiens, mais aussi d’autres dirigeants européens avec pour mission de discuter d’un «règlement politique» de la guerre en Ukraine, a indiqué vendredi dernier un communiqué du gouvernement chinois. «A partir du 15 mai, l’ambassadeur Li Hui, représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires eurasiatiques, se rendra en Ukraine, Pologne, France, Allemagne et Russie», a indiqué Wang Wenbin, l’un des porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. 

La même source a précisé que l’envoyé spécial «s’entretiendra avec chacune de ces parties d’un règlement politique de la crise ukrainienne». Il se rendra d’abord à Kiev et terminera sa tournée à Moscou, mais rien n’a été dévoilé sur le rang des responsables avec lesquels il devra s’entretenir. 

Dans ce conflit qui dure depuis quinze mois, Pékin se positionne comme partie neutre et offre ses services pour jouer le rôle de médiateur de la paix. En février dernier, les Chinois avaient annoncé un plan en 12 points pour le règlement du conflit russo-ukrainien. 

Un plan que l’Europe et les Etats-Unis ont d’abord mis en doute en raison de la supposée proximité entre Moscou et Pékin. De son côté, le Kremlin qui reconnaît «le potentiel formidable et efficace de la médiation chinoise», avait exclu, début avril, la possibilité de médiation, arguant que la situation avec l’Ukraine est complexe. «Pour le moment, nous n’avons pas d’autre solution que de continuer l’opération militaire spéciale», avait déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Un rôle difficile

Mais à mesure que la guerre se prolonge avec chaque jour de nouvelles avancées militaires russes, l’Occident montre des signes de résignation face à l’échec de ses plans et avance en tâtonnant et surtout en rangs dispersés pour trouver un règlement politique au conflit dans lequel il est impliqué par procuration. 

De son côté, le Kremlin sait qu’il n’a pas intérêt à éterniser son engagement militaire en Ukraine. La Chine qui a réussi un coup de maître en chapeautant en mars dernier la réconciliation des frères ennemis iraniens et saoudiens a fini par s’imposer comme la solution idoine pour assurer le rôle de facilitateur des pourparlers entre Moscou et Kiev. En tout cas, les Européens ont reconnu, depuis, que les autorités chinoises étaient les mieux placées pour contribuer au retour de la paix.

Ce qui allait vite se traduire sur le terrain diplomatique. En effet, fin avril, le président chinois Xi Jinpinga eu une conversation téléphonique, avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. C’est le premier contact de ce niveau depuis le début du conflit, et il se traduit par la tournée de médiation chinoise qui commence aujourd’hui et sur laquelle pèsent désormais des espoirs. 

Appuyant cette idée, Wang Wenbin a déclaré à la presse que «la visite du représentant chinois dans les pays concernés est une nouvelle démonstration de l’engagement de la Chine dans la promotion de la paix et les pourparlers. Cela montre pleinement que la Chine est fermement du côté de la paix, alors que la crise en Ukraine se prolonge, et l’effet d’entraînement se poursuit».

Mais le chemin de la paix est semé d’embûches et les Chinois savent qu’ils ont un rôle difficile à assumer. Pendant que les troupes de l’armée russe et des bataillons Wagner continuent d’avancer en territoire ukrainien, des capitales européennes accèdent aux demandes pressantes de Kiev pour lui fournir des armes sophistiquées. La dernière en date est celle de l’Allemagne qui va fournir chars, blindés et système de défense anti-aérienne. 

Par ailleurs, les ministres des Finances et les chefs des banques centrales des pays du Groupe des Sept (G7) viennent d’affirmer, à partir de la ville japonaise de Nigata, leur intention «d’imposer et de mettre en œuvre de nouvelles sanctions économiques contre la Russie». 

Réunis durant trois jours, les participants ont également affirmé leur intention de continuer à surveiller les transactions transfrontalières entre la Russie et d’autres pays, de prendre de nouvelles mesures ciblant la sphère financière russe et, si nécessaire, de surveiller de près l’efficacité du plafonnement des prix du pétrole et des produits pétroliers russes. 

Il faut savoir que de nombreux officiels occidentaux ont reconnu l’inefficacité de ces sanctions. C’est dans ce contexte complexe que devra intervenir l’ambassadeur chinois Li Hui qui sait qu’il a du pain sur la planche.

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