L’écrivain Mustapha Hadj Ali, un passionné par les thèmes historiques, a animé samedi dernier une conférence-débat à la bibliothèque communale de la commune d’Ath Laâziz, au nord de la wilaya de Bouira autour de son roman L’Evadé de Cayenne, une œuvre consacrée à un bagnard algérien.
L’auteur, qui a présenté à l’occasion ses livres portant essentiellement sur l’histoire des déportés algériens, a rappelé au public venu nombreux que son roman est inspiré des faits réels. «L’histoire de Amar Salhi, un enfant d’Ath Laâziz, n’a rien à envier à celle de l’autre histoire d’un autre bagnard, Henri Charrière, alias Papillon», dit-il, qui reste quand même une référence à travers le monde.
En présence des descendants de Amar Salhi, l’auteur du roman est revenu en détails sur les raisons l’ayant poussé à écrire son livre. Basé sur une histoire vraie, l’écrivain a déclaré qu’il a recueilli plusieurs témoignages notamment auprès des petits-enfants du principal personnage vivant dans la wilaya de Bouira mais aussi au Venezuela où Amar Salhi s’est installé après avoir réussi de s’évader de ce qu’on surnommait à l’époque, la «guillotine sèche».
En 100 ans, 70 000 hommes et 1000 femmes ont purgé une peine en Guyane. L’auteur du livre a déclaré qu’environ 20 000 Algériens y ont été condamnés et exilés à Cayenne. Beaucoup y sont morts, certains y ont survécu et d’autres se sont évadés, à l’image de Amar Salhi. Ce dernier est le personnage principal du roman écrit par Mustapha Hadj Ali.
Comment ont commencé les mésaventures de Salhi Amar ?
Le conférencier raconte à son public. Il vivait dans les hautes montagnes d’Ath Laâziz, Amar révolté par les injustices que le caïd de la région faisait subir aux villageois, le héros décide de le liquider.
L’administration coloniale l’exil à Cayenne après l’avoir condamné à une peine de 15 ans de réclusion criminelle et à des travaux forcés.
Le séjour de Amar Salhi n’a duré qu’une année. Il s’évade avec neuf autres forçats après une année de travaux forcés subis au redoutable chantier forestier de Godebert. Après avoir vaincu le bagne, bravé la furie de l’Atlantique et à deux fois les multiples dangers de l’Amazonie, il se fixe au Venezuela où il fonde une famille.
L’amour de la patrie l’incita à un retour définitif dans sa Kabylie natale après un exil de quarante et un ans. Valoriser, enseigner et porter sur des écrans ce pan de l’histoire de la Révolution et de la résistance algérienne face au colonialisme français est une nécessité.
Pourquoi peu de documentaires, films et autres travaux portant sur l’histoire des exilés et bagnards de la colonisation y sont réalisés ? l’auteur a indiqué que cette question a été soulevée au ministre des moudjahidine et des ayants-droit sur la nécessité absolue d’enseigner dans nos écoles ce pan de l’histoire de l’Algérie. Mais jusqu’à quand ?
Né le 15 octobre 1951 au village Ait Amar dans la commune d’Aït Bouaddou (Tizi Ouzou), Mustapha Hadj Ali est un écrivain passionné d’histoire.
Il a, à son actif, plusieurs ouvrages consacrés essentiellement aux Algériens condamnés à l’exil et dans les centres d’internement de la colonisation. Il est l’auteur des livres Les bagnards algériens de Cayenn, Les Algériens en Nouvelle-Calédonie, l›insurrection de 1871, Des révoltes populaires aux déportations et L’Evadé de Cayenne.