Condamnés à s’entendre

11/09/2023 mis à jour: 07:18
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Depuis que la nouvelle du terrible séisme qui a frappé le Maroc voisin est tombée, les Algériens n’ont cessé d’exprimer, de manière spontanée, massive et unanime, leurs sentiments de compassion, de soutien et de solidarité envers leurs frères marocains. Les liens entre les deux peuples sont si profondément enracinés dans leurs histoire et culture communes qu’il ne pouvait en être autrement.

Rien de ce qui peut toucher les Marocains ne peut laisser indifférents les Algériens, et vice-versa. Le fait est que les populations de l’Afrique du Nord partagent le même substrat culturel fait de langues, de croyances et de traditions communes forgées depuis l’émergence des ancêtres communs, les Ibéromausiens, apparus il y a de cela plus de 20 000 ans.

Dans les premières heures qui ont suivi le drame, l’Algérie a exprimé de manière officielle «sa grande tristesse et sa profonde affliction» et présenté «ses condoléances au peuple marocain frère».

Les autorités algériennes ont, par la suite, annoncé l’ouverture de l’espace aérien algérien pour permettre l’acheminement des aides humanitaires, tout en se disant prêtes à envoyer de l’aide si les autorités marocaines en exprimaient la demande. Un premier et très léger frémissement dans les relations entre les deux pays, après une très longue période de tension.

Comme souvent dans les traditions maghrébines, il n’y a que la mort et les grands malheurs pour rapprocher des frères qui ont égaré leur fraternité sur les chemins de la vie. Ennemis un jour mais frères pour toujours.

Condamnés à se réconcilier et à s’entendre un jour ou l’autre. Leurs indépendances nationales chèrement acquises, il est regrettable que les pays du Maghreb n’aient pas pu ou su transcender leurs divergences politiques et leurs clivages idéologiques pour créer un grand ensemble fraternel pour le plus grand bonheur de leurs peuples.

Pourtant, face à l’ancienne puissance coloniale, à la surpuissante Amérique, à la Chine conquérante, à la vieille Europe hégémonique, à l’entreprenante Turquie qui ambitionne de reconstruire son ancien empire, aux grands rêves africains de l’impériale Russie, aux appétits démesurés des riches pays du Golfe, les Maghrébins se présentent en ordre dispersés et en adversaires fâchés.

Ils ne pèsent rien à l’heure des grands ensembles politico-économiques et ne peuvent même pas négocier leur marché commun de 110 millions d’habitants et leur territoire de 6,31 millions de kilomètres carrés, soit 4,2% de la surface habitable mondiale et 1,34% de la population mondiale.

Ce qui les condamne à être, encore et toujours, le réservoir de matières premières, de main-d’œuvre et de matière grise des autres, au lieu de devenir les maîtres de leur destin.

Pourtant, l’histoire nous apprend que les seules périodes où les peuples de l’Afrique du Nord ont connu leur apogée, c’est quand ils se sont unifiés sous l’égide de Massinissa ou des grands royaumes des Almohades et des Almoravides. A l’inverse, à chaque fois qu’ils ont étalé leurs divisions, ils se sont fait dominer et diriger par des puissances étrangères.

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