Comment relever le défi du développement dans le contexte économique algérien

25/03/2024 mis à jour: 21:47
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Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous tenons d’emblée à souligner qu’à l’occasion de la clôture des Journées de l’entrepreneuriat, tenues jeudi 16 novembre 2023 au Centre international de conférences Abdelatif Rahal (Alger), le président Abdelmadjid Tebboune a relevé que «le financement du secteur économique privé dépend toujours des fonds des banques publiques à hauteur de 85%», ajoutant que l’activité du secteur privé couvre près de 85% de l’économie nationale, ce qui est, a-t-il dit, «un dysfonctionnement auquel il faut remédier». 
 

Mérite d’être noté ici avec force, évidemment avec la volonté de moderniser le secteur public et le rendre performant et transparent, puisque ce secteur d’intérêt national stratégique est un domaine noble, trop vaste et solvable par ses richesses ou ses potentialités économiques.

 Et cela interpelle tout le monde, en particulier nos économistes, financiers et banquiers, pour débattre de l’état actuel de cette épineuse problématique : dysfonctionnement de financement de l’économie nationale ou encore structurellement le budget de la nation fortement dépendant des prix des hydrocarbures sur le marché mondial. 

La structure budgétaire reste donc dominée et financée par la rente pétro-gazière environ entre 60 et 65%. Il va sans dire que «le moment est venu» de donner à la rente des hydrocarbures son vrai rôle, sa place et sa pleine efficacité et responsabilité dans l’économie nationale, à l’effet de réduire les vulnérabilités structurelles, notamment les gaspillages liés aux coûts rentiers de l’économie nationale que créatrice de croissance économique potentielle, d’emplois et de progrès économiques pour le pays, entre autres (les déficits budgétaires, les subventions directes et indirectes énormes, voire encore les salaires des entreprises subventionnées, les assainissements financiers répétitifs des entreprises et banques publiques et périodiquement recapitalisées par le Trésor public, rentabilité et productivité faibles, coûts de fonctionnement des administrations publiques et des collectivités territoriales constituent une charge très lourde…), la lutte contre la corruption, le bureaucratisme économique en particulier, etc. 
 

Les politiques de rente rendent ainsi le redressement économique socialement très coûteux et politiquement porteurs de risques budgétaires d’instabilité. Mais le monde change et les progrès de gouvernance, socioéconomiques, technologiques et les sciences s’accélèrent, en effet, si les pays développés ont réussi à asseoir leur domination et diversifier leur économie c’est grâce à leur stratégie développée avec l’évolution des sociétés et du marché.
 

A notre humble avis, on doit nécessairement passer d’une vision purement juridique de l’Etat, à une autre plus économique et financière qui vise à créer «désormais» une économie hors rente des hydrocarbures dans notre pays, si on veut vraiment que cela marche pour bâtir notre économie de l’étape de l’après-pétrole marquée par les exigences de transparence, de performance et de bonne gouvernance des fondamentaux et des normes de l’économie. Il ne faut pas que les uns fassent une chose et les autres le contraire. Autrement dit, Il ne faut pas que le jeu consiste, pour équilibrer ses finances, à «pomper» celles des autres, parce que les effets deviennent complètement contre-productifs. 
 

Comme vous allez le constater dans les lignes qui suivent, la gouvernance et le management public et privé en Algérie sont dans le besoin urgent d’être ajustés, renforcés, répertoriés, restructurés, voire orientés et éclairés. En effet, dans le monde économique d’aujourd’hui, la création de la richesse est issue principalement de l’exploitation de la connaissance et non plus de l’exploitation et de la transformation de ressource naturelles (rente). Les Etats et entreprises des pays occidentaux et anglo-saxons sont valorisés sur les marchés financiers et boursiers à travers leur comptabilité aux normes comptables internationales dites IAS/IFRS/Ipsas, qui sont au cœur de leur politique de gouvernance économique et publique, de leur processus de politiques économiques et de stratégies. La question fait l’objet d’une profonde réflexion plaidant pour une nouvelle vision globale de développement axée sur une nouvelle approche de gestion publique constituant l’un des piliers de la performance de l’administration publique et des finances publiques.
 

C’est-à-dire qu’ 1 DA dépensé rapporte bien plus qu’1 DA d’impôts et de droits et taxes. A notre humble avis, nous devons en effet ne pas accroître davantage le poids de l’investissement dans la dépense publique, qui est des plus élevé actuellement, soit 37% environ du PIB, dans la mesure où nous sommes dans une économie de marché. 

A cet effet, il est nécessaire de créer les conditions, les leviers politiques, institutionnels, matériels et culturels, et de faire des choix qui s’appuient sur le défi du développement national et régional qui fait du capital culturel un levier fondamental pour le développement du capital humain, et l’une des priorités de la politique publique de l’Etat. Sachant réformer c’est développer, moderniser et enfin rendre plus efficace, plus performant l’économie nationale. Nous citons, à titre d’exemple, le défi numérique qui est en train de changer les modes de production et de réception du produit culturel, si bien qu’il pousse l’économie de la culture et les décideurs à s’adapter aux exigences de cette révolution mondiale et aux possibilités qu’elle offre.
 

Nous estimons que le défi actuel réside dans le passage «d’une économie administrée qui s’appuie sur la rente pétro-gazière, à une économie de marché» pour l’attractivité de notre pays dans les économies modernes. C’est d’ailleurs un moyen d’enrichir les grands débats constructifs dans notre pays, afin de trouver des solutions pérennes dans le souci de corriger nos faiblesses structurelles qui subsistent dans l’économie nationale, dans l’objectif d’améliorer le pilotage des finances publiques constituant l’un des piliers de la performance de l’administration et de la gestion publique dans le contexte de la nouvelle gouvernance des politiques publiques pour être en mesure de mener à bien notre projet de société d’une Algérie nouvelle dans la perspective d’un véritable développement harmonieux. 
 

Cela est d’autant plus nécessaire quand on sait que notre pays est aux portes de l’Occident et au cœur de l’Afrique et du Maghreb dans la perspective d’un véritable développement harmonieux dans le nouveau monde d’aujourd’hui, bâti sur les connaissances, la compétitivité et l’intelligentsia et parvenir à espérer une forte croissance pour la création de l’emploi pour une population jeune en constante augmentation et d’intensifier le processus de diversification de l’économie du pays. Et par voie de conséquence, améliorer l’efficience des politiques économiques, budgétaires et préserver les intérêts du Trésor public. 

Cela parce qu’aujourd’hui, l’économie de création de la richesse et de l’emploi est aussi vitale que «le pain». En effet, lorsque que l’on parle du secteur public, il semble à notre sens que c’est d’abord, qu’aujourd’hui, de nouveaux enjeux sont apparus, à savoir : la question de la culture est considérée comme le noyau de toute stratégie nationale, car le facteur culturel est omniprésent dans le processus et ne peut être que synonyme de développement socioéconomique qui renforce les éléments d’identité de notre pays, et bien sûr de progrès techniques dans l’évolution et des mutations des sociétés mondiales. 
 

S’appuyant sur des statistiques récentes de l’Unesco, le secteur de la culture génère 30 millions d’emplois à travers le monde, avec une contribution au PIB (Produit intérieur brut) estimée à 3,1%. L’enjeu étant désormais la contribution du secteur de la culture et des arts au développement et à la croissance économique du pays. Une gouvernance économique performante et une saine gestion se mesurent désormais à l’évolution d’un bon pouvoir économique pour être en mesure de corriger nos faiblesses structurelles qui subsistent dans l’économie nationale et le budget de l’Etat, qui n’a pas rempli sa fonction rigoureuse, fondée sur l’élargissement de l’assiette fiscale ordinaire, source principale de revenus de son financement, dont les fondamentaux de l’économie sont : la rentabilité économique et financière, la structure de ses coûts et prix de revient des produits à mettre sur le marché, sa productivité, sa solvabilité, ses liquidités, son équilibre financier et budgétaire, etc. 

C’est pourquoi nous estimons nécessaire, à travers cette modeste contribution s’inscrivant dans cet esprit plaidant une nouvelle économie en vue de sortir d’un mode de gestion et de gouvernance qui avait produit une économie administrée engendrant aujourd’hui plus de charges ou de dépenses, plus d’inflation, de dévaluation de notre monnaie nationale, de pénurie de liquidités, et enfin, le poids important de l’informel est toujours présent avec environ 60% du marché de la consommation et près de 45% de la masse monétaire dans le commerce informel que de production et productivité et notre secteur économique souffre de sérieux problèmes de gouvernance et de management. 
 

Nous allons nous intéresser également ici de la nécessité d’une complémentarité intersectorielle pour relever le défi de l’efficacité socioéconomique, notamment l’économie de la culture moteur économique et social pour nos villes, car les dépenses culturelles exercent un effet multiplicateur sur la dynamique de l’activité socioéconomique, notamment les transports, les hôtels, les restaurants, les excursions culturelles, et génèrent indirectement de larges retombées pour les agglomérations urbaines lors des festivals, expositions, etc. ce qui contribue à la création de la richesse, l’emploi et l’augmentation du produit intérieur brut (PIB) du pays. 
 

Il s’agit là d’un secteur socioéconomique stratégique qui relève de l’une des branches de l’économie nationale inspirée des expériences internationales dans le domaine «réussies» d’autres pays dans le domaine de l’économie de la culture où l’Algérie dispose d’un patrimoine important (matériel et immatériel), une ressource économique génératrice de richesses, à mettre au service de l’investissement pour l’attractivité de notre pays dans les économies modernes, susceptibles de créer des richesses et d’atteindre les objectifs économiques sociaux et culturels et son rôle dans la stimulation de l’économie du tourisme, la commercialisation des produits culturels et la participation aux grandes manifestations internationales. 

Notant que la culture est un élément primordial dans le développement humain et économique durable, en vue d’activer son rôle dans l’économie nationale, particulièrement la finance qui doit se mettre au service des investisseurs professionnels ou potentiels pour un développement harmonieux de l’industrie culturelle pour la diversité culturelle algérienne, afin de rendre le produit culturel algérien plus accessible à l’exportation et pour l’exploitation de la diversité culturelle algérienne. 
Elle permettra, notamment de répondre à la problématique de la gouvernance financière et budgétaire, axée sur l’obligation de résultat. 
 

C’est-à-dire pour que la comptabilité soit davantage un instrument d’information de gestion publique, de décision politique économique et d’appréciation de la situation financière et patrimoniale de l’Etat aux normes comptables internationales dites IPSAS (International Public Sector Accounting Standards). Ainsi, de la nécessité d’une complémentarité intersectorielle pour relever le défi de l’efficacité et de l’efficience économiques ceci d’une part, et donc incite à soulever d’autre part, de susciter une réflexion, afin de trouver des solutions durables cadre d’autorisation et de gestion des politiques publiques dans l’optique d’améliorer, diversifier et rationaliser les finances publiques et les budgets de l’Etat à l’avenir. 

Nous estimons que le défi actuel réside dans le passage «d’une gestion administrative à une gestion économique des structures culturelles et des affaires des intellectuels et des artistes». Pour ce faire, il y a lieu d’élaborer «un projet économique pour la culture algérienne» dans sa diversité et sa richesse effectivement, d’une nouvelle gestion publique et constitue l’un des piliers de la performance de l’administration publique, et ce, en dotant le secteur de la culture et des arts, d’un «Observatoire de l’économie de la culture». 
 

Ainsi, l’économie de la culture «doit être», à notre sens, une des branches de l’économie nationale où se créent des projets pour faire naître de nouvelles idées au service d’un nouveau monde culturel créateur de richesses et d’emplois dans le secteur culturel pouvant opérer un changement rapide de cap vers la production par la connaissance et la culture, indispensables au développement économique et social du pays. 

En effet, les industries culturelles se déploient, à notre humble avis, sur dix marchés qu’on doit mettre en valeur ajoutée économique : les arts graphiques et plastiques, les sites archéologiques classés au patrimoine mondial, au patrimoine national et musées nationaux, le spectacle vivant, la télévision, la musique, le cinéma, les jeux vidéo, la presse-magazine-journaux, la radio, les livres, sans oublier des manifestations et des nombreux festivals d’ampleurs différentes, entre autres festivals de cinéma, de musique, de théâtre, d’activités artistiques et divers salons d’exposition et de livres. L’Etat intervient au titre des politiques culturelles
en agissant principalement sur les politiques de réglementation et de régulation (les subventions, les aides, impôts et taxes fiscales et parafiscales. Son action se justifie, notamment par l’existence de conjoncture ou de défaillances du marché).

Cela, avec l’ambition de contribuer à hauteur de 1 à 2% au PIB à moyen et long termes pour consolider le produit intérieur brut (PIB) du pays et renforcer ses capacités d’exportation hors hydrocarbures, afin d’élargir et diversifier ses sources de revenus. 
 

Ainsi l’objectif est de parvenir à créer une stratégie nationale dédiée à créer une véritable économie culturelle qui devra soutenir la création d’entreprise organisées en petites et moyennes entreprises (TPE ou PME/PMI), dans le secteur culturel et médias pour promouvoir la chaîne du livre, les journaux et magazines, les œuvres culturelles, des auteurs algériens et intellectuels en Algérie et à l’étranger qu’il s’agisse d’édition, d’impression ou de distribution, de traduction d’œuvres littéraires, de rachats de droits d’auteurs à l’étranger contribuant pour une culture d’entreprise. 

Ainsi, de projeter le «secteur de la culture et des arts» propice au développement de projets de partenariats pour les professionnels du monde de l’édition et des médias en général dans le renouveau économique, notamment l’entreprise économique culturelle, dans les domaines des projets culturels et médiatiques, des agences de communication, de patrimoine historique, des festivals culturels, du livre, cinéma, théâtre, œuvres d’art, instituts de musique, tourisme culturel… 
 

Un enjeu considérable pour l’avenir de la culture en Algérie, qui est un élément primordial dans le développement humain et économique durable, afin de donner un nouvel essor à l’action éducative dans l’évolution des sociétés mondiales et renforcer considérablement la politique socio-économique du pays dans la nouvelle gouvernance budgétaire et financière. Nous citons à titre d’exemple : selon les statistiques, l’apport de la culture à l’économie en France, les ventes de livres (livres imprimés, livres numériques, livres audio) atteignaient 2,525 milliards d’euros et les cessions de droits d’auteurs 145 millions d’euros. Au total, 419 millions d’exemplaires ont été vendus en 2018. Le secteur emploie plus de 13 300 salariés dans l’édition de livres et 10 200 personnes dans le commerce de détail de livres en magasin spécialisé. 

Le marché du livre est également présent à l’international : le secteur a, en effet, exporté en 2018 pour un montant total de près de 665 millions d’euros. En 2020, le poids économique de la culture, des branches culturelles s’établit à 46,1 milliards d’euros, soit 2,2% du produit intérieur brut (PIB).
Pour résumer et conclure, notre conviction, c’est le moment d’entreprendre et d’investir dans la culture, sinon la crise financière n’épargnera pas notre secteur culturel, tout comme de nombreux pays sont engagés dans des politiques d’assainissement de leurs finances publiques. La culture est un élément structurant de l’aménagement et du développement des territoires. 
 

En effet, c’est cette capacité à intégrer cette gouvernance qui rend le secteur culturel vivant et assure sa pérennité, notamment un nouveau regard sur l’économie nationale au service des investisseurs qui appuient l’émergence de secteurs culturels et créatifs forts, favorisant la cohésion sociale, les opportunités économiques et la diversité des expressions culturelles, c’est un moyen stratégique de dynamiser son économie avec des axes stratégiques du plan de développement culture-économie-transport tourisme. 

 

Par Abaci Mhamed , Expert financier 
 

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