La clôture du 14e festival local du théâtre professionnel de Guelma, dédiée à la mémoire de l’acteur Guelmi Mohamed Larbi Bahloul, décédé à l’âge de 52 ans l’année dernière des suites d’une longue maladie, a eu lieu, mercredi dernier en début de soirée, à la salle des spectacles de la maison des jeunes Mhamdi Youcef de Guelma.
C’est une salle bondée de spectateurs et de convives qu’El Watan découvre vers 19h30, mais qui, très vite, a viré au sauna, faute de climatisation. Bien qu’il n’y ait pas de rideaux à baisser, vu la circonstance, mais plutôt des fenêtres à ouvrir (chaleur intense), qui sont restées résolument fermées, le décor de la scène fut planté dans une draperie rouge sur fond noir sous le feu des projecteurs.
Cela pour l’ambiance ; quant à l’essentiel, ce sont 4 pièces qui ont été récompensées, sur les 7 productions en lice pour le Festival national du théâtre professionnel. Mais avant de connaître les heureux récompensés, l’assistance a eu droit à un procès-verbal «évaluation critique» de cette 14e édition, lu dans son intégralité par le rapporteur du jury, Antar Hellal, acteur constantinois de théâtre et de télévision.
«Le jury s’est basé, pour son évaluation, sur des normes académiques et scientifiques. A cet effet, nous avons jugé utile de porter nos recommandations dans le but de promouvoir le 4e art pour de meilleures représentations futures», annonce d’emblée le rapporteur à l’assistance. Et d’énumérer en substance : «Premièrement, le théâtre est un mouvement, une réaction et une convivialité et non pas un descriptif ou une phraséologie (bavardage).
Deuxièment, nous avons conclu après concertation qu’il est nécessaire de former les jeunes talents en l’occurrence acteurs, scénographes, machinistes, etc. Troisièmement nous avons constaté que l’ensemble des pièces théâtrales disposent de forces vives qui méritent d’être prises en charge et encadrées.
Quatrièmement, les réalisateurs doivent impérativement travailler en recherchant des thèmes profonds et éviter la facilité. Cinquièmement, le jury a constaté que les textes sont extrêmement pauvres sur le plan de la structure dramatique, bien que la thématique soit pertinente, mais son écriture demeure superficielle. Sixièmement, concernant la scénographie, elle n’est que décor non fonctionnel ainsi que l’accompagnement musical. Par conséquent, nous recommandons aux troupes de faire appel aux professionnels dans ce segment.
Septièmement, le jury suggère que les trois lauréats effectuent une tournée nationale à la charge du fonds dédié. Et enfin huitièmement, le jury propose la création d’une passerelle entre l’université et le théâtre pour permettre aux étudiants universitaires de s’imprégner du monde du théâtre : représentations, séminaires, colloques et ateliers», conclut le rapporteur.
Le Triki d’Or pour l’association culturelle Numidia
Nous l’aurons compris, la relève dans le monde du 4e art existe «mais le passage de l’amateurisme au professionnalisme ne s’improvise pas. Les tares sont très vite repérées par les anciens ; la transition n’est pas facile, mais obligatoire pour ceux et celles qui veulent les feux de la rampe», susurrent, en catimini, des convives. Ainsi, 4 prix ont été attribués à l’issue de cette clôture.
Le Triki du public, le Triki de bronze, d’argent et enfin d’or, avec respectivement la pièce El tofane (Le déluge) de l’association Chouallette El Masrah, de la wilaya de Boumerdès, qui décroche le prix du public décerné par l’actrice Guelmi Moufida Addes. Fatima Halilou remettra le Triki de bronze à la pièce théâtrale El Djebenaa (Le cimetière) de l’association Moubdioune Bila Houdoude, de la wilaya d’Annaba, décerné par l’actrice Dalila Halilou, actrice d’envergure nationale.
La pièce El Laila El Beida (La nuit planche) de l’association culturelle Nbcharat de Tizi Ouzou remporte le Triki d’argent. Et enfin le Triki d’or fut décerné à l’unanimité du jury à l’association culturelle Numidia de Bordj Bou Arréridj pour la pièce Nouzha fi El Harb, une production de l’année 2023, dont la générale a été présentée en septembre dernier au TNA (Théâtre national algérien) Mahieddine Bachtarzi. En clair, une reconnaissance qui s’ajoute pour cette troupe ici à Guelma.