Chaque année à la veille du 27e jour du mois sacré du Ramadhan, le ministère de la Santé mène une campagne contre les circoncisions de masse ou individuelle sans, au préalable, procéder à un bilan préopératoire.
Lors d'une soirée ramadhanesque ayant un «caractère préventif», organisée dans la soirée de ce jeudi par l'Association nationale des hémophiles, et ce, en présence des représentants du ministère de la Santé, sa présidente Latifa Lamhene a lancé un appel aux autorités, notamment aux ministres de la Santé et des Affaires religieuses, pour ensemble, définir l'âge de la circoncision et un encadrement efficient de la pratique de concision. A l’occasion, elle a plaidé pour l'interdiction formelle de la circoncision à domicile et invite les parents à programmer dans des structures hospitalières des circoncisions tout au long de l'année et par la suite fêter l'évènement durant le 27e jour du Ramadhan. Mme Lamhene explique qu'un garçon sur 5000 peut avoir l'hémophilie sans compter les autres troubles rares de la coagulation. Selon un recensement des autorités sanitaires arrêté au 31 décembre 2023, 3875 personnes sont atteintes d’hémophilie en Algérie.
L’hémophilie, prévient-elle, n’est pas uniquement une maladie génétique, mais, d'après les études faites par la Fédération mondiale de l’hémophilie, 30% des cas sont sporadiques. C’est-à-dire que les enfants peuvent être atteints d’hémophilie sans qu’il y ait des antécédents familiaux. «Dans ce cas de figure, la circoncision sans recourir à un bilan préopératoire est un danger et peut causer la mort de l'enfant et porte même préjudice aux hémophiles», indique Mme Lamhene. La présidente de l'Association des hémophiles fait de la lutte contre les circoncisions collectives, qui sont pratiquées à la deuxième quinzaine du mois de Ramadan ou à la veille du 27e jour du mois sacré, son cheval de bataille. Une tradition purement propre, dit-elle, à l'Algérie, puisque elle n'est pratiquée dans aucun autre pays musulman et se font en dehors du milieu hospitalier et dans toutes les wilayas de l'Algérie, y compris dans la capitale. «Ces circoncisions sont parfois effectuées par des médecins généralistes qui bafouent ainsi toutes les consignes et instructions du ministère de la Santé», condamne-t-elle.
Complications
Ces circoncisons entraînent malheureusement, affirme-t-elle, dans la plupart des cas des complications, telles que les hémorragies et les infections et parfois des décès, notamment lorsqu'il s'agit des enfants hémophiles qui ne sont pas identifiés. Mme Lamhène estime que contrairement aux idées préétablies, la circoncision durant le mois de Ramadhan n'apporte aucun gain sur le plan religieux. «Avant, les familles algériennes faisaient circoncire leurs enfants avant la rentrée scolaire, ce qui nous laissait le temps de dépister. Aujourd'hui, certaines familles se précipitent pour la circoncision de leur nouveau-né la veille du 27e jour sans un bilan préopératoire et là ils peuvent avoir des surprises néfastes.
Les imams doivent s'impliquer, doivent prêcher pour prévenir et sensibiliser les familles», note-t-elle avant de dénoncer un autre phénomène qui a pris, ces dernières années, des proportions chez nous, à savoir «la circoncision après le 7e jour de la naissance qui est mêlée à la akika». «J'ai fait le tour des pays musulmans, aucun d'entre eux ne s'adonne à cette pratique. La circoncision est un acte chirurgical qui n'est pas pratiqué seulement par les musulmans, mais aussi par les chrétiens, les aborigènes, les peuples africains quelles que soient leur ethnie ou leur religion», relève Mme Lahmène.