L’ignorance des faits historiques se perpétue à l’échelle locale, en particulier à Tipasa.
Aucune initiative n’est prise pour commémorer les dates anniversaires qui ont marqué le combat des martyrs de la guerre de Libération nationale, en particulier à Cherchell et bien d’autres villes de la wilaya de Tipasa. Hormis certains rassemblements «protocolaires» organisés, sans impact sur la société, l’évènement du 15 Octobre 1957 est mis aux oubliettes.
Aucun programme ni conférences. En effet, les éléments de l’armée coloniale française avaient effectué un ratissage de grande envergure, en mobilisant des énormes moyens matériels et humains, afin d’encercler une zone forestière. L’offensive des forces coloniales était soutenue par le survol de l’aviation. Un violent accrochage entre les éléments de l’ALN et les militaires de l’armée coloniale avait eu lieu le 15 octobre 1957.
Lors de cette bataille, une femme responsable des réseaux de soutien, recherchée depuis plusieurs mois, avait été capturée. Il s’agit de Yamina Oudaï
(46 ans). Elle était l’épouse du chahid Hadj Ahmed Oudaï, aussi la mère du chahid Lahbib et enfin la maman de 3 enfants en bas âge, Khadidja (13 ans), Mohamed 9 ans, Abdelhamid
5 ans et demi.
Elle s’était battue. Lors de cet accrochage, Alioui Belkacem, dit Si Amar, président de l’équipe de football (MSC, ndlr), qui voulait défendre sa compatriote à l’aide de son arme, en dépit du nombre impressionnant des militaires français, a succombé aux tirs groupés de l’ennemi.
Capturée, Yamina Oudaï avait subi les pires tortures, nuit et jour, jusqu’au 25 octobre 1957. Elle est restée muette durant son emprisonnement. Elle a refusé de répondre aux questions de ses geôliers. Forte de caractère, rebelle, elle a été abattue froidement par les soldats français, après avoir craché sur le visage du capitaine français qui voulait l’humilier, en présence des familles qui habitaient dans les djebels de Menaceur.
A présent, depuis l’indépendance, personne ne commémore l’anniversaire de la mort héroïque de cette femme et de cet homme qui avaient tout sacrifié pour l’indépendance du pays. Un évènement, un pan de l’histoire locale oublié, un repère de la lutte des Cherchellois qui ne semble pas susciter l’intérêt des décideurs locaux.