Près de 2000 personnes ont manifesté hier à Madrid pour afficher leur soutien au Sahara occidental et réclamer l’autodétermination de cette ex-colonie espagnole, quelques jours après le revirement du gouvernement espagnol en faveur du Maroc sur le sujet, rapporte l’AFP.
«Sanchez, traître», «Les Sahraouis décident, ils ne sont pas votre monnaie d’échange», «Le Sahara ne se vend pas» : de nombreuses pancartes fustigeaient la décision du Premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, de soutenir tout à coup le plan défendu par Rabat sur le territoire disputé du Sahara occidental et mettre ainsi fin à une brouille diplomatique de près d’un an.
Affichant jusqu’ici sa neutralité, Madrid a annoncé publiquement il y a huit jours son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, un vaste territoire désertique riche en phosphates et aux eaux très poissonneuses, qui oppose Rabat au Front Polisario, depuis le départ des Espagnols en 1975.
Cette annonce fracassante intervient après une crise diplomatique, déclenchée en avril 2021 par l’accueil en Espagne, pour y être soigné de la Covid-19, du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, ennemi juré de Rabat. Son point culminant avait été, un mois plus tard, l’arrivée de quelque 10 000 migrants d’origine marocaine en quelques heures dans l’enclave espagnole de Ceuta, sur la côte nord du Maroc, à la faveur d’un relâchement de la surveillance des frontières côté marocain.
Le conflit du Sahara occidental, considéré comme un «territoire non autonome» par les Nations unies, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario.
Rabat, qui contrôle près de 80% de ce territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination, prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu mais jamais concrétisé.