Un juge de la Cour suprême du Brésil a ordonné vendredi l’ouverture d’une enquête contre Google et Telegram, accusés de «campagne abusive» contre un projet de loi anti-désinformation.
Le juge Alexandre Moraes a ordonné à la police fédérale de convoquer dans les 60 jours les responsables au Brésil des deux entreprises, qui s’opposent au gouvernement dans ce dossier. Inspiré du Règlement européen sur les services numériques (DSA), le projet de loi présenté en 2020 pour combattre la désinformation en ligne attend d’être voté par les députés brésiliens. Le texte prévoit d’obliger les plateformes à faire preuve de plus de transparence, à réguler les contenus violents ou qui portent atteinte à la démocratie et aux élections, qui menacent les enfants, les adolescents ou la santé publique. Il a pris une autre dimension depuis le saccage des lieux de pouvoir le 8 janvier par des partisans de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui affirmaient que la dernière élection présidentielle, remportée par Lula, leur avait été volée. L’ancien Président fait partie des détracteurs de ce projet, qu’il considère être «le début de la fin de notre liberté».
Google et Telegram sont également contre, au motif que cette législation leur ferait risquer des amendes allant jusqu’à 10% de leur chiffre d’affaires, ou la suspension temporaire de leurs services. Le premier a ainsi mis en garde contre une «modération excessive» des contenus, tandis que le second a affirmé dans un message à ses millions d’utilisateurs brésiliens que la démocratie était «attaquée». Le juge Moraes a exigé mercredi que Telegram retire ce message sous peine de suspension, accusant l’entreprise de «désinformation flagrante et illicite». L’application de messagerie cryptée a déjà été suspendue trois jours au Brésil, dans le cadre d’une enquête sur des violences à l’école.
Le ministre de la Justice, Flavio Dino, a accusé Google de «manipuler» les résultats affichés par son moteur de recherche, en mettant en avant des contenus opposés au projet de loi. Le géant de la tech a nié. Quant au Bureau de protection des consommateurs, il a ordonné à l’entreprise américaine de rééquilibrer les débats en faisant de la «contre-propagande», sous peine d’une amende de 200 000 dollars par heure.