Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, publie le compte rendu de sa dernière visite en Algérie.
Dans un document diffusé dimanche au soir sur le site de l’UE, le diplomate a fourni davantage de détails sur ses échanges avec le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, notamment sur la question de la récupération de l’argent détourné et transféré illégalement à l’étranger.
Ayant affiché déjà l’engagement de l’UE à coopérer avec l’Algérie à cet effet, ce haut responsable annonce l’accélération des négociations avec l’unité de coopération judiciaire de l’Union européenne (Eurojust) et Europol. «Dans le domaine de la coopération judiciaire et policière, nous allons accélérer les négociations en cours pour un accord avec Eurojust et un ''working arrangement'' avec Europol, afin, notamment, d’aider l’Algérie à recouvrer les ''biens mal acquis'', dans le cadre des actions en cours dans le pays contre la corruption», précise Josep Borrell.
Affirmant qu’il a pu échanger de manière franche et constructive sur tous les sujets d’intérêt commun avec le président Tebboune et le Premier ministre Benabderrahmane, le diplomate européen est revenu aussi longuement sur la crise algéro-espagnole et son impact sur les relations entre l’Algérie et l’UE. Citant les mesures prises par l’Algérie depuis 2015, il affirme qu’elles ont eu des conséquences sur les exportations de l’Union vers le pays qui ont «baissé de 45%». «Au cours de la période récente, nous étions cependant engagés dans une dynamique plus positive.
Cela s’était traduit notamment par la visite du président du Conseil européen, Charles Michel, en septembre 2022, la première visite à haut niveau depuis 2018», indique-t-il. Ce faisant, Josep Borrell revient sur les conséquences de la tension entre l’Algérie et l’Espagne qui «a fragilisé, selon lui, la relation UE-Algérie». «Mais depuis juin 2022, à la suite d’un changement de position de l’Espagne au sujet du Sahara occidental, de nouvelles tensions ont fragilisé cette dynamique.
Les importations provenant d’Espagne ont été de facto suspendues presque totalement. Cela pèse fortement sur l’ensemble de la relation UE-Algérie», relève-t-il, estimant que «le blocage actuel n’est dans l’intérêt de personne». «J’espère que, suite à nos échanges, nous pourrons trouver ensemble, au cours des semaines qui viennent, des solutions pragmatiques pour sortir de cette situation», ajoute-t-il. Poursuivant, Josep Borrell réitère le souhait de l’UE de «développer ses relations avec l’Algérie sur le terrain économique».
Tunisie-FMI : l’UE veut l’aide de l’Algérie
Le haut représentant de l’UE affirme avoir «échangé également avec les autorités algériennes de façon approfondie au sujet de la situation au Sahel». «Au Mali, l’Algérie joue en effet un rôle important : elle est garante de l’Accord d’Alger de 2015 et chef de file de la médiation internationale, qui comprend aussi l’UE et les pays voisins.
Mais cet accord est aujourd’hui mis en difficulté par le regain de tension entre Bamako et les mouvements du Nord. J’ai fait part au président algérien à la fois de notre préoccupation face au développement du terrorisme au Sahel et dans le golfe de Guinée, et de notre inquiétude face à l’implication croissante des miliciens russes de Wagner dans la région. Nous avons convenu de relancer le Dialogue de haut niveau UE-Algérie en matière de sécurité. Les premières réunions se tiendront avant la fin de l’année», indique-t-il.
L’Union européenne se dit également, selon lui, préoccupée par la situation en Tunisie. «Nous avons évoqué aussi la situation en Tunisie, de plus en plus préoccupante. J’ai demandé à mes interlocuteurs de peser auprès des autorités tunisiennes en faveur d’un accord avec le Fonds monétaire international qui conditionne également l’aide européenne à ce pays», déclare-t-il.
Au sujet des migrations, il affirme que l’Algérie et l’UE s’engagent à poursuivre leurs échanges «au sujet d’une coopération en ce qui concerne la gestion des frontières et les retours volontaires des migrants d’Algérie vers l’Afrique subsaharienne».
Par ailleurs, le représentant de l’UE indique aussi avoir évoqué avec les autorités algériennes la question des libertés. «L’Union européenne accorde au respect de la liberté d’expression, de presse et d’association une grande importance, en Algérie comme partout dans le monde. (...) L’élection de l’Algérie au Conseil des droits de l’homme des Nations unies implique de promouvoir et mettre en œuvre la Déclaration des droits humains de 1948, dont nous fêtons cette année le 75e anniversaire», souligne-t-il.