Après plusieurs années d'abandon, et après deux ans de retard, la mythique salle de théâtre Mohamed-Touri de Blida a, enfin, rouvert ses portes au public.
Jeudi, le wali de Blida, le P/APC ainsi que des représentants du ministre de la Culture ont procédé à sa réouverture solennelle, en présence notamment d'artistes et de journalistes.
L'événement tant attendu a été toutefois «gâché» par l'absence du ministre de la Culture, lequel était attendu avant un changement de dernière minute. D'ailleurs, sa venue était confirmée par l'invitation officielle de la wilaya adressée aux journalistes, et ce, avant l'envoi d'une deuxième invitation en guise de modification.
Les Blidéens, surtout les hommes de culture ou amateurs des arts auraient voulu profiter de l'occasion pour aborder, avec le ministre, le désert culturel que traverse la wilaya de Blida depuis plusieurs années, l'absence d'une maison de culture, l'absence d'une politique de préservation du patrimoine immobilier local et la délivrance des permis de démolition à outrance... Un journaliste regrette cette absence et lâche : «Cela fait 20 ans que j'exerce à Blida et je ne me souviens pas d'un jour où un ministre de la Culture s'est déplacé à Blida.
Cela se passe au moment où notre ville et wilaya ne cessent de perdre de sa notoriété culturelle et artistique.» Un autre regrette le fait que les appels adressés à l'ex-ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, quant au classement de la salle de théâtre Mohamed Touri ne soient pas suivis par des échos favorables.
Portant non seulement le nom d'un artiste qui a combattu, à sa manière, le colonialisme français et de surcroît mort en martyr, la salle en question était le baromètre de l'activité théâtrale en Algérie. «Si on vous applaudi à Blida (allusion faite à la salle de théâtre municipale Mohamed Touri), soyez sûr que la réussite vous accompagnera durant toute votre carrière», dixit le grand Bechtarzi.
D'ailleurs, c'est en ces lieux que le grand Salah Aougrout, dit Souilah, a débuté sa carrière et que de grands artistes de la trempe de César Vezzani, Marcel Khalifa, El Hadj M’hamed El Anka, Fadhila Dziria, Dahmane El Harrachi, El Hachemi Guerouabi, Mohamed Khaznadji, Ahmed Wahbi, Blaoui El Houari, le Syrien Djeddou Haki, le pianiste Manuel Samson, Dahmane Benachour, El Hadj El Mahfoud, Abdelkader Guessoum, la doyenne des femmes artistes la comédienne Keltoum, Azzeddine Medjoubi, Abdelkader Alloula, Hassan El Hassani, Mustapha Kateb, Mahieddine Bachtarzi, Sid Ali Fernandel, Fatiha Berber et surtout Mohamed Touri y ont été fortement applaudis grâce à un public connaisseur et un lieu forçant l'art et la culture...
Aujourd'hui, la salle a été rouverte au public... mais elle doit surtout constituer un centre de rayonnement théâtral et artistique dans la région. Et pour la maison de la Culture de la wilaya de Blida, ce projet a été inscrit il y a une vingtaine d'années... et quelques travaux avaient démarré avant qu'il ne soient abandonnés. Monsieur le ministre de la Culture, Blida vous lance son SOS.