Le but des cultivateurs de safran de Béjaïa est de créer une coopérative afin de développer et d’organiser la culture de cette épice précieuse ainsi que la commercialiser.
La culture du safran a fait son incursion, ces dernières années, dans plusieurs localités de la wilaya de Béjaïa. Parmi les personnes qui se sont engagées dans cette aventure, Mme Rabhi Hayet et les 17 adhérents de la jeune association des productrices et producteur de safran de Béjaïa. Les adhérents sont essentiellement des femmes qui résident à Akfadou, Kendira, Akbou, Chemini, Ighzer Amokrane, Adekar…, dit-elle. Mme Rabhi s’est lancée dans cette culture en 2014, dans son village Tijounane, commune de Chemini, après son départ à la retraite, nous disait-elle avec passion.
Ses premiers bulbes de crocus sativus lui en ont été offerts par une cadre agronome connue dans la région, en l’occurrence Mme Oulebsir, avoue-t-elle, assurant qu’elle est prête à en faire autant pour celles et ceux qui désirent tenter cette expérience. «Je m’engage à procurer des semences pour celles qui veulent se lancer dans cette activité et surtout, de leur dispenser une formation et un accompagnent dans leur travail», dit-elle.
D’ailleurs, ces jours-ci, enchaîne-t-elle, «nous avons programmé avec la Chambre agricole de la wilaya de Béjaïa une journée de formation technique avec le Dr Kati qui est chercheur dans le domaine du safran».
Quant à la commercialisation – qui reste le maillon faible de la chaîne de cette épice précieuse qui reste le maillon faible de la chaîne –, notre interlocutrice rassure : «Jusqu’alors, je n’ai eu aucun souci, j’ai fait écouler quasiment toute ma marchandise sur le marché national, notamment, à travers les foires des safranièrs comme celles de Jijel et à d’Alger, où bien via notre réseau». L’automne dernier, nous confie-t-elle, ma récolte était mauvaise pour manque de pluie. Mais l’année 2021, j’ai obtenu soixante-dix grammes, une quantité considérable pour elle.
L’objectif des adhérentes de son association, c’est de parvenir à créer une coopérative de wilaya, conclut-elle. Les prix des bulbes de crocus salivus, d’après certains cultivateurs de la région, varient selon les calibres. Les petits coûtent 5000 DA le kg, la moyenne en est à 7500 DA le kg alors que le gros calibre atteint les 10 000 DA/kg. Mais on n’en achète qu’une seule fois, puisque l’année suivante, on utilisera ses propres semences. Sachant qu’un seul bulbe peut se multiplier par dix à quinze fois après sa première récolte.
Quant au prix de l’épice du safran, il varie entre 5000 DA et 6000 DA pour 1 gramme selon les producteurs et les qualités. Son tarif en France dépasse les 30 000 euros le kilogramme ; c’est pour cela qu’on le surnomme «l’or rouge». Cette épice, on l’obtient du prélèvement des stigmates ou pistils, en nombre de trois par plante, de couleur rouge, après leur séchage. A noter qu’une autre association locale des safraniers a été créée au niveau de la commune de Beni Maouche.
A travers le pays, la culture du safran suscite de plus en plus l’intérêt de passionnées. Parmi ses précurseurs, on retrouve souvent des anciens émigrés en France, comme le couple Aknouches de Constantine, M. Abdellah Rouibi de Khenchela ou bien M. Aftis de la wilaya de Tizi Ouzou. Tous ont lancé leurs safranières depuis plus de 10 ans pour la plupart. La commercialisation du safran se tourne vers l’étranger à travers le développement des boutiques online, et des réseaux personnels, en attendant la levée des entraves sur les exportations.