Sévissant depuis de longues années, la non-gestion de la ville de Sétif l’a conduite tout droit vers le précipice. Aucun segment et empan de la vieille cité n’a été épargné par la clochardisation.
Le mot n’est pas fort, car les empreintes du laisser-aller «entachent» le patrimoine de l’agglomération où la préservation et la sauvegarde du legs pouvant être une importante source de recette demeurent, le moins que l’on puisse, la dernière roue de la charrette.
Implanté au cœur de la rue de Constantine à deux pas de la stèle Saad Bouzid-première victime des massacres du 8 mai 1945, l’hôtel de France, un bien public est fermé. Une telle situation perdure depuis de longues années et génère un important manque à gagner. L’exploitation de l’espace, une fois rénové, ne ferait que du bien au centre-ville et aux caisses du Trésor public.
Otage des «marchands de rêve» depuis plus de deux décennies, le cas de l’hôtel de France n’offusque personne. La remise en l’état d’un établissement économique et historique de premier plan ferait plaisir aux nostalgiques du bon vieux temps.
Même s’il est bien préservé, l’ancien siège de la banque centrale un des «voisins» de l’espace précité, est cadenassé lui aussi. Majestueuse, la très belle bâtisse, d’une très grande utilité publique, pourrait être le siège d’un consulat ou d’un centre culturel.
La mise sous scellés d’une telle structure ne fait plus l’affaire d’un chef-lieu d’une wilaya, carrefour économique et culturel de première classe. Transformée un certain temps en annexe de l’état civil, l’ancienne synagogue menaçant ruine est fermée, attend sagement et patiemment une rénovation qui ne pointe pas le bout du nez.
Historique à plus d’un titre, le CEM Allem Mansour, qui a vu passer plusieurs générations d’élèves, fait pitié. Il est aujourd’hui temps de penser à sa réhabilitation.
Abandonné, le CEM Mohamed Khemisti où l’on a parqué et malmené des centaines de Sétifiens pendant la nuit coloniale, ne dérange pas outre mesure les responsables de la direction de l’éducation- premiers concernés par l’affligeante situation d’un collège alors que le problème de la surcharge des classes écorne la scolarité de centaines de collégiens. Les doléances et réclamations des parents des enfants de la cité Tlidjen (ex-Bon marché) obligés d’étudier loin de leur établissement et quartier n’ont pas encore obtenu l’écho escompté.
Très pratique, l’ancienne salle des fêtes située à dix mètres d’Aïn Fouara est l’autre victime de la non-gestion d’une cité où la rentabilité du bien public demeure facultative.
Ayant connu de grands moments de gloire, la salle de judo de l’ex-jardin des sports ne déroge pas à la règle. Véritable joyau architectural, le théâtre municipal résume à lui seul, l’état des lieux et l’ampleur des dégâts, et de délabrement de nombreux sites.
Les responsables de différents secteurs vont-ils mettre le holà, faire le nécessaire pour aider le patrimoine de l’antique Sitifis à renaître de ses cendres ?