Le dossier très sensible de l’ouverture de capital des banques publiques revient à nouveau sur la table du gouvernement. Il vient d’être examiné en réunion ce jeudi, présidée par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane.
Selon un communiqué officiel, «le ministre des Finances a présenté une communication sur l’état d’avancement de l’ouverture du capital des banques publiques». Plus de deux ans après l’annonce faite par le même Premier ministre sur la privatisation des banques, soit en début décembre 2021, lors de son intervention dans le cadre de la Conférence nationale sur la relance industrielle à Alger, la question se pose de savoir si ce projet est fin prêt ou était-ce simplement une évaluation d’étape ? Bien que tout le monde reconnaît que la privatisation des banques est un processus long et complexe à la fois, il reste à savoir à qui a été confiée la conduite de ce projet fastidieux à tout point de vue.
Benabderrahmane avait annoncé l’ouverture de ces entités financières pour le début de l’année 2022. Le moment est-il plus indiqué aujourd’hui de passer à la mise en œuvre d’une des réformes les plus en vue et les plus engageantes sur le terrain économique du pays. Voire même politique. «Ce projet, a rappelé le ministre des Finances, s’inscrit dans le cadre de l’adaptation de ce secteur, pilier de l’économie nationale, aux mutations internationales dans ce domaine et vise l’amélioration de l’efficacité du management de la banque et le renforcement de sa gouvernance, la contribution à la consolidation de la confiance des investisseurs envers le marché, la dynamisation de la Bourse et la relance de son activité en vue d’accroître sa contribution dans la mobilisation de l’épargne et le financement de l’économie».
Début avril 2023, Abdelmadjid Tebboune avait en effet demandé d’«accélérer le processus d’ouverture du capital des banques publiques suivant une méthode scientifique et savamment étudiée qui encourage le changement de l’ancien mode de gouvernance, reposant actuellement sur l’administration au lieu de l’efficience économique». Il a aussi insisté sur «le principe de transparence» pour engager cette réforme financière d’envergure. Cette ouverture de capital va-t-elle permettre l’entrée des capitaux étrangers ?
Si les gouvernements successifs depuis le début des années 2000 ont tous évoqué, à un moment ou un autre, la nécessité de privatiser les banques publiques pour mieux mener la conduite des réformes économiques globales, aucun parmi eux n’a réussi à dépasser le stade des intentions à de multiples tâtonnements. Pourquoi ? La question reste posée. Un des problèmes auxquels reste confronté le système financier algérien, au-delà de celui de la modernisation, c’est l’accès au crédit.
L’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie a, faut-il le rappeler, lancé un pavé dans la mare, lorsqu’en décembre 2022, il a annoncé publiquement que les banques «étaient réticentes» à distribuer des crédits. Tout en s’interrogeant sur les raisons de cet immobilisme bancaire, il a informé que pas moins de 1500 milliards de dinars de liquidités laissés sur les comptes de la Banque d’Algérie étaient restés «oisifs».