Au programme de transformation 2021-2022, 60 hectares de semence de colza hybride Lidea ont atteint une maturité irréprochable et la plante est indemne de toute maladie, selon le gestionnaire de la ferme.
Dans une agriculture moderne, il est inconcevable de s’improviser fellah et encore moins cultivateur de colza. La situation qui prévaut dans cette toute nouvelle filière à Guelma, entamant sa deuxième campagne successive, est un exemple édifiant à plus d’un titre.
Un pamphlet sans précédent dans ce secteur névralgique vient «semer» le doute, à telle enseigne que son auteur, le député RND, Sifer Hichem, a déclenché un véritable battage médiatique à l’issue d’un rapport rédigé le 27 avril dernier à l’adresse du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, dont El Watan détient une copie, l’invitant à diligenter une enquête à Guelma pour «rendre justice à 52 fellahs et 7 fermes pilotes victimes d’une semence douteuse sous le label Lidea sans omettre une menace de déperdition de 900 hectares de colza», lit-on dans cette missive, ce qui va les conduire, selon ce même député, à la banqueroute.
Chose faite dans cette wilaya, la commission composée, entre autres, de l’inspecteur général du ministère de l’Agriculture, du directeur général de l’Institut technique des grandes cultures (ITGC) et du directeur central de l’inspection phytosanitaire aurait bouclé son travail, dimanche dernier, après des visites effectuées sur quelques parcelles. «C’est sous le sceau de la confidentialité que cette enquête a eu lieu.
Un point de presse sera organisé ultérieurement par la DSA qui vous rendra compte des résultats de cette enquête, d’autant que d’autres wilayas seront visitées, pour les mêmes motifs, par cette commission», nous a confirmé une source bien informée à la DSA de Guelma. Mais qu’en est-il au juste ?
Sachant pertinemment que la culture du colza est très pointue en matière d’itinéraire technique, en l’occurrence le travail du sol, la date du semis, l’engraissement et le désherbage, que ce soit pour la semence locale destinée à la multiplication ou la semence hybride orientée vers la transformation (huile de table).
«L’agriculteur n’a d’autre choix que de suivre rigoureusement sa parcelle au risque de pertes sèches», a déclaré, à El Watan, Brahim Boucetta, ingénieur agronome, issu de la 7e promotion de l’Institut de technologie agricole (ITA) et actuel gestionnaire de la SPA ferme pilote Richi Abdelmadjid du groupe Gvapro. «Nous adhérons à la deuxième campagne consécutive, soit 2020-2021 et 2021-2022 aux programmes de l’Etat pour la culture du colza», a-t-il ajouté.
«Au programme de transformation de la campagne 2021-2022, 60 hectares de semence de colza hybride Lidea (objet de la polémique) ont, comme vous le constatez, atteint une maturité irréprochable. La plante est indemne de toute maladie. Avec 59 plants au mètre carré, 122 siliques par plant et 19 grains en moyenne par silique, nous estimons nos rendements à 41,57 q/ha», a-t-il indiqué.
«Quant à la semence locale, destinée à la multiplication, nous avons ensemencé cinq hectares de colza d’origine locale. La densité est moins importante soit 31 plants au mètre carré, 123 siliques par plant et 17 grains par silique en moyenne, nos rendements devraient atteindre 19,71 q/ha», estime notre interlocuteur.
«Zitna», future semence standard de Colza
Notons également et fait très important que la semence locale algérienne est destinée à la multiplication pour constituer une banque de semences à l’échelle nationale et par là même prétendre à une prise en charge plus rigoureuse. Les premiers essais ont été réalisés lors de la campagne précédente 2020-2021.
A Guelma et toujours pour le cas de la ferme pilote Richi Abdelmadjid, 15,60 hectares de ce précieux réservoir génétique ont été emblavés avec une production de 266 quintaux soit un rendement 15,60 qx/h. «Il est toujours question de celle nommée Zitna (notre huile). Nous avons (l’ensemble des fellahs) livré la récolte à la CCLS laquelle a sous-traité le triage et le conditionnement de milliers de quintaux auprès d’un particulier de la wilaya de Batna, que nous avons récupéré et semé cette année», précise le même technicien.
Quoi qu’il en soit, si l’Algérie veut en finir avec l’importation de semences hybrides destinées à la transformation, qui, faudrait-il le souligner, engloutit 1,2 milliard de dollars annuellement en matière d’importation d’oléagineuses, les professionnels du secteur que nous avons sollicité sont unanimes. «Il faudrait impliquer la recherche scientifique à travers les universités, les instituts spécialisés, ITGC, INPV et centre de certification, etc., pour améliorer notre semence nationale. Lui élaborer également un désherbant approprié. En clair un itinéraire technique pour la semence Zitna qui devrait évoluer en semence hybride et pourquoi pas.
Notons enfin, que les charges directes engagées par la ferme pilote Richi pour 35,60 hectares de colza réalisés au titre du programme multiplication et transformation campagne 2020-2021 est de plus de 4,572 millions de dinars, soit 124 851 DA par hectare. Cédé à 7500 DA le quintal, selon la convention avec la CCLS, le rendement doit dépasser 17,13 q/ha pour réaliser des bénéfices.». A méditer !