Onze harraga sont décédés et 5 autres portés disparus dans des circonstances qui demeurent toujours inconnues. Ils auraient lutté contre la furie de la mer pendant 14 heures, avant que leur embarcation ne fasse naufrage.
Tragique mois de mai où les harraga sont happés quotidiennement par une Méditerranée en furie. Les tragédies se succèdent à une cadence infernale, si bien qu’il devient difficile de préciser l’heure et l’endroit des morts et des disparus.
Selon l’ONG espagnole Heros del Mar (Les héros de la mer), un bateau avec 16 personnes à bord, dont des femmes et des hommes, a fait naufrage dans la nuit du dimanche à lundi sur les côtes algéroises, de Fouka précisément, à 56 km d’Alger.
Onze harraga sont décédés et 5 portés disparus dans des circonstances qui demeurent toujours inconnues. Ils auraient lutté contre la furie de la mer pendant 14 heures, avant que leur embarcation ne fasse naufrage.
Cependant, selon nos informations, corroborées par des déclarations d’habitants de Fouka, on parle de la survie de trois enfants et de deux filles (qui faisaient probablement partie des disparus) sauvés par un navire de transport de carburant, le Star Energy, dont l’équipage est composé de plusieurs nationalités.
A l’heure où nous mettons sous presse, aucun communiqué de la Protection civile ou autre source officielle n’a fourni des informations sur ce énième drame. Encore sous le choc, des jeunes, fortement affectés par la perte tragique de leurs voisins, certains étaient amis avec eux, témoignent, abattus : «Ce ne sont pas des harraga au sens connu de migrants, mais des harraga qui ont brûlé les cœurs de leurs parents et de leurs êtres chers. Ils avaient bravé le danger en quête d’un avenir meilleur, pour eux et pour leurs familles, mais le destin en a décidé autrement, que leur âme repose en paix !» «Jusqu’en fin d’après-midi, aucune famille n’a reçu le corps d’un proche décédé.
Un mère que je connais a pu voir le corps de son fils à l’hôpital de Beni Messous, mais n’a pas pu le récupérer. Je ne sais pas pourquoi. Cette dame, éplorée, a déjà perdu un de ses enfants l’année dernière, dans un accident de la circulation. Il y a quatre autres familles qui sont touchées par ce drame, elles habitent côte à côte dans la même cité.
Elles attendent toujours. Des personnes ont pu être sauvées : une fille, son frère… Il y a aussi les familles de trois disparus qui attendent jusqu’à maintenant (début de soirée, ndlr) pour connaître le sort de leurs enfants disparus», nous raconte, sous le choc, une habitante proche des familles touchées par le drame.
Une nouvelle macabre qui survient moins d’une semaine après celle d’une autre : la source précitée indique qu’une embarcation, un bateau en fibre bleue avec moteur Suzuki 40 chevaux, à bord de laquelle se trouvaient 14 jeunes harraga, dont une femme enceinte, sortis des côtes algéroises le 7 mai dernier, s’est renversée dans les eaux espagnoles, près d’Almeria, dans des circonstances inconnues.
Selon le Centre international pour l’identification des migrants disparus (CIPMD), le centre de coordination de sauvetage maritime des Baléares a réussi à sauver trois jeunes, dont l’époux de la femme enceinte. Les survivants jugés dans un état grave (des brûlures sur le corps) ont été transférés vers des structures médicales pour soins intensifs. Selon la même source, les victimes étaient ensanglantées au moment de leur sauvetage.
Quatre jours auparavant, la Guardia civile avait sauvé deux pateras à leur bord 13 et 6 personnes, tous d’origine algérienne. Heureusement, toutes étaient en bonne santé pendant leur sauvetage. Selon le CIPIMD, durant l’année 2021, 413 Algériens recensés sont portés disparus. «Les chiffres ont fait un bond par rapport à 2020, dépassant largement le bilan de 291 disparus, embarqués sur une trentaine de rafiots.»
Dans un communiqué publié le 11 mai dernier, la Marine nationale a, de son côté, indiqué que «les garde-côtes algériens ont déjoué, au niveau de nos côtes nationales du 4 au 10 mai, des tentatives d’émigration clandestine et ont procédé au sauvetage de 172 individus à bord d’embarcations de construction artisanale (…) Durant la période du 27 avril au 4 mai, 20 autres migrants ont été arrêtés par les garde-côtes algériens alors qu’ils tentaient de traverser clandestinement la Méditerranée…». Une fuite collective d’Algériens, tous âges et sexes confondus, ayant perdu tout espoir dans un pays qui ne sait pas les retenir.