La principale organisation marocaine de défense des droits humains a réclamé une enquête hier, au lendemain de la tentative d’entrée de près de 2000 migrants subsahariens dans l’enclave espagnole de Melilla, au cours de laquelle 18 personnes ont péri, une «tragédie» sans précédent au Maroc. «Nous appelons à l’ouverture d’une enquête rapide et transparente», a déclaré à la presse Mohamed Amine Abidar, le président de la section de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) à Nador, dans le nord du Maroc. Une association espagnole a évoqué le chiffre de 60 morts parmi les migrants, 4 décès chez les gendarmes marocains et plus de 700 blessés jugés dans un état grave.
Une vingtaine de migrants d’origine africaine sont morts vendredi, lorsque la police marocaine a fait usage de façon disproportionnée de la force pour empêcher plusieurs centaines d’entre eux d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc.
L’Association marocaine des droits humains, section Nador, qui a confirmé cette information auprès de l’hôpital Hassani de la ville, a expliqué qu’«un groupe de migrants subsahariens, estimés à 2000 personnes, a pris d’assaut vendredi 24 juin, vers 6h40, la ville de Melilla en tentant d’escalader la clôture en fer entre les villes de Nador et Melilla». C’est là qu’est survenu l’affrontement entre les migrants africains et les éléments de la police marocaine.
Des sources médiatiques européennes ont indiqué hier qu’«au moins 18 migrants d’origine africaine sont morts, lors de cette tentative d’entrée dans l’enclave espagnole de Melilla». Les autorités locales ont quant à elles publié un communiqué où elles expliquent que «près de 2000 migrants ont tenté de s’introduire sur le territoire espagnol en prenant d’assaut une clôture. Des heurts ont alors éclaté avec les forces de sécurité (…) lors de l’intervention des forces générales pour contrecarrer cette opération (l’escalade de la clôture séparant les deux pays)».
La même source a ajouté que «cinq individus (avant que le bilan ne s’alourdisse les heures suivantes pour atteindre vingt) tous des migrants subsahariens, ont trouvé la mort». Une association espagnole a, pour sa part, évoqué le chiffre de 60 morts parmi les migrants, 4 décès chez les gendarmes marocains et plus de 700 blessés jugés dans un état grave.
Sur des vidéos diffusées par l’Association marocaines des droits humains (AMDH) et des migrants, les forces de l’ordre ont usé de bombes lacrymogènes et de matraques. Plusieurs associations et organisations des droits humains ont déploré ce drame et dénoncé la «répression policière contre les migrants subsahariens». Les images choquantes, ainsi que le nombre élevé de victimes, ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux.
«Laisser dans cette situation, sans aucun secours sur place, des centaines de migrants qui ont été traités avec violence de la part des forces marocaines et espagnoles a sans doute fait augmenter le nombre de décès», a dénoncé l’AMDH sur sa page Facebook. «Une vraie catastrophe qui nous laisse penser que le nombre de migrants morts est beaucoup plus élevé», a-t-elle encore écrit.
«Comment peut-on accepter de laisser des dizaines de migrants gravement blessés sans aucun secours pendant presque 9 heures sur place, entourés de militaires, alors qu’on avait besoin de secouristes», s’est encore indignée l’AMDH.
Devant ces faits gravissimes, l’AMDH a réclamé «l’ouverture d’une enquête sérieuse pour déterminer les circonstances de ce bilan très lourd». Elle a par ailleurs signalé que «les politiques migratoires suivies sont mortelles avec des frontières et des barrières qui tuent».
Ce drame rappelle celui de 2005 où pratiquement le même nombre a tenté de s’introduire de force dans l’enclave espagnole de Melilla. Plus d’une vingtaine de personnes avaient trouvé la mort.