- Vous venez d’être élu pour être le troisième président du RCD. Quelles sont vos impressions ?
L’élection d’hier est une victoire du RCD et de ses militants. C’est la première fois dans l’histoire du parti, mais également dans l’histoire de l’Algérie depuis l’avènement du pluralisme politique, qu’une compétition est organisée au sein d’une formation politique et que ce sont les militants qui ont tranché. C’est donc une fierté pour un parti comme le RCD, qui est une vraie forteresse démocratique.
- Vous prenez la direction du RCD dans un contexte marqué, de l’avis de plusieurs acteurs et observateurs, par de fortes pressions exercées sur les partis de l’opposition. Comment Atmane Mazouz compte procéder pour gérer cette étape ?
Effectivement, le pays a connu, ces dernières années, de très fortes pressions et un climat de terreur et de peur imposé au peuple algérien. S’agissant de ma priorité et de ma vision, je ferai en sorte à ce que je regroupe, tout d’abord, ma propre famille politique : le RCD. Parce qu’on ne peut pas revendiquer et prétendre regrouper les forces démocratiques en général sans pour autant avoir sa propre famille soudée. Je ferai tout mon possible pour que cela soit une réalité. C’est ce qu’attendent les militants. L’expression d’hier est claire. Il faut renforcer notre front interne.
- Peut-on comprendre par là que vous tendez la main, y compris à tous les dissidents du parti ?
Vous savez, il y a certains qui se sont exclus d’eux-mêmes. Ce n’est pas à moi d’aller les réhabiliter. Mais, il y a beaucoup de militants qu’on a laissés à la marge et qui, probablement en raison des attitudes des uns et des autres, n’ont pas voulu figurer dans cette dynamique que nous avons enclenchée depuis quelques années. Je faisais partie de l’exécutif du RCD depuis plus de 10 ans.
Nous avons fait des efforts. Il faut mettre en valeur notre bilan à tous, que ce soit la direction ou le conseil national. Je considère, depuis toujours, que pour avoir un parti politique fort, il faut avoir nécessairement des instances internes fortes. Nous ferons en sorte à ce que le conseil national et ses membres, issus de ce congrès, soient les véritables décideurs au sein du parti. Atmane Mazouz, président, ne doit pas décider de tout. Si je dois être fort, je dois l’être avec tous les militants et toutes les instances du parti.
- Comment envisagez-vous justement les rapports du RCD avec le pouvoir et les autres partis de la classe politique nationale ?
Le parti qui a le plus subi de pressions ces dernières années, c’est bien le RCD, ainsi que certaines formations de la mouvance démocratique. Mais il ne faut pas céder à toutes ces manœuvres. Le pouvoir qui multiplie les intimidations trouvera un RCD fort par ses instances et l’intransigeance de ses militants.
Pour moi, le RCD est déjà sorti fort de ce congrès unique et historique. On doit mettre en avant cet acquis et construire à partir de cette expression militante, saine, courageuse et fidèle.
Atmane Mazouz, un militant au long cours
Ancien député et membre de la direction nationale du RCD depuis une dizaine d’années, Atmane Mazouz, 52 ans et père de famille, a fait toute sa carrière politique au sein de ce parti qu’il a intégré dès sa fondation en 1989.
Né le 24 septembre 1970 à Akbou dans la wilaya de Béjaïa, il est originaire du village d’Iguer Amar dans la commune de Tinebdar, dans la même wilaya. Après son parcours scolaire dans sa localité, il a rejoint, après l’obtention de son baccalauréat, l’université d’Alger pour suivre un cursus en sciences économiques, option finance. Il a fait une première partie de ses études (tronc commun) à Alger, avant de rejoindre l’université de Béjaïa où il obtient sa licence dans cette filière.
Après son service militaire passé dans l’école des troupes spéciales, il entame sa carrière professionnelle dans une entreprise publique où il a gravi les échelons pour devenir, sept ans après, son directeur. Sa carrière militante, il l’entame aussi très jeunes.
Lycéen, Atmane Mazouz faisait partie des signataires, sous le régime du parti unique, d’une pétition pour la libération de Mohamed Haroun, militant de la cause berbère emprisonné suite à l’affaire dite des «poseurs de bombes». Cette pétition a failli l’emmener, avec les autres signataires, à la prison puisqu’il était recherché par la police à l’époque pendant plusieurs semaines.
Elu en 2007 en tant député de la circonscription de Béjaïa, Atmane Mazouz a été chef du groupe parlementaire du RCD pendant deux ans. En 2017, il a brigué un deuxième mandat de député.
Avec l’avènement du hirak, il s’est engagé entièrement dans le mouvement, ce qui lui a valu plusieurs poursuites judiciaires en raison notamment de ses déclarations en tant chargé de communication de son parti.