Les auteurs présumés de l’assassinat, le 11 août 2021, du jeune Djamel Bensmain, à Larbaâ Nath Irathen ( Tizi Ouzou), seront déférés aujourd’hui devant la chambre criminelle près la cour d’Alger. En tout 94 accusés, dont 19 en liberté, vont être rejugés, après avoir été condamnés à la peine capitale pour 49 d’entre eux, à la prison à vie, pour 8 accusés en fuite à l’étranger, à 10 ans de réclusion pour 17 autres et accordé l’acquittement pour 17 autres mis en cause.
Renvoyée le 2 juillet dernier à cette session, l’affaire relative à l’assassinat du jeune Djamel Bensmain, le 11 août 2012, à Larbaâ Nath Irathen (Tizi Ouzou), sera examinée aujourd’hui par la chambre criminelle près la cour d’Alger. Exceptionnellement, ce procès aura lieu au tribunal criminel de première instance, situé à Dar El Beïda, à Alger.
La décision a été prise à la demande de la défense, mais aussi des services de police, afin d’assurer les meilleurs conditions de sécurité aux nombreux accusés, membres de leurs familles, aux avocats et aux représentants des médias. En tout, 94 accusés, dont 19 en liberté, sont appelés à comparaître une seconde fois pour l’assassinat de Djamel Bensmain, un horrible crime immortalisé par des vidéos et des photos diffusées sur la Toile, en cette dure journée du 11 août 2021, alors que toute la région se battait contre de violents incendies ravageant tout sur leur passage, semant morts et désolation.
Majoritairement des jeunes, les accusés devront répondre de nombreux griefs qui vont de «l’homicide volontaire avec préméditation», «torture», «mutilation et immolation d’un cadavre», «attroupement armé», «création et appartenance à une organisation terroriste dans le but de commettre des actes terroristes», «mise à feu de biens d’autrui», «incendie volontaire d’espaces agricoles ayant conduit à la mort de plusieurs personnes», «complicité dans l’homicide volontaire» jusqu’à «incitation à l’attroupement armé», «discours de la haine», «atteinte à l’unité de l’Etat», «atteinte à des agents de l’ordre public en exercice de leur fonction», «destruction des biens d’autrui», «incitation à l’atteinte d'agents de l’ordre public», etc.
Vingt-cinq parmi les accusés, faut-il le préciser, ont été jugés pour les délits d'«attroupement et incitation à l’attroupement», «dégradation de biens d’autrui», «non-assistance à personne en danger», «violation de la franchise du commissariat», «incitation à la violence contre les agents de l’ordre public en exercice de leur fonction», etc., alors que les autres ont été poursuivis pour des crimes liés, entre autres, au «guet-apens», à «l’assassinat avec préméditation», «torture», «immolation d’un cadavre», etc. ainsi qu’à «l’appartenance au MAK», un mouvement séparatiste classé par les autorités sur la liste des «organisations terroristes», qui les rend de présumés auteurs d’«actes terroristes», d’«atteinte à la sécurité de l’Etat et à l’unité nationale».
Audience tendue
Leur comparution dès le 15 novembre 2022 en première instance, devant le tribunal criminel de Dar El Beïda, s’est terminée le 22 du même mois avec de lourdes condamnations mais aussi des acquittements. Ainsi, le tribunal a prononcé la peine de mort pour 49 accusés, notamment pris en photo ou filmés sur la scène du crime, ainsi que la prison à vie à l'encontre de huit accusés en fuite à l’étranger, dont Ferhat M’henni et quatre de ses collaborateurs, Brahim Belabbes, Rachida Idir, Yacine Drici et Mourad Itim. Le tribunal a également condamné 17 accusé à 10 ans de réclusion criminelle et accordé l’acquittent à 17 autres.
Dans ce procès, de nombreux policiers, mais aussi le Trésor public, Algérie Télécom, ainsi que plusieurs personnes physiques se sont constitués partie civile pour réclamer dommages et intérêts pour les préjudices subis lors de ces faits douloureux qui ont endeuillé la région.
Agissant en tant qu’avocate de la famille du défunt Djamel Bensmain, Ahlem Bendaoud avait réclamé, lors du premier procès, la remise de l’ensemble des vidéos liées à l’assassinat de Djamel Bensmain et leur diffusion en audience. Les images étaient tellement choquantes que beaucoup parmi l’assistance ont quitté la salle. Le 2 juillet dernier, avant que la décision du report ne soit annoncée, la même avocate est revenue à la charge exigeant la remise des enregistrements et leur visionnage durant l’audience.
Le report du procès, faut-il le rappeler, avait suscité la colère des accusés, dont certains n’ont pas hésité à crier leur désapprobation, allant jusqu’à s’en prendre brutalement à leurs avocats. L’audience était très tendue, et le service d’ordre a été sollicité pour évacuer les premiers accusés. Les cris de colère des détenus ne s’étaient pas arrêtés alors que le service d’ordre peinait à calmer les esprits. Il a fallu des heures pour que la salle d’audience, très exiguë pour un tel procès, soit vidée.