Le tribunal de Bir Mourad Raïs, près la cour d’Alger, a rendu, hier, son verdict concernant l’ex-gendarme déserteur, Mohamed Abdellah poursuivi pour ses activités sur la Toile, qualifiées de «publication de documents portant atteinte aux intérêts de l’Etat», «publication de fausses informations portant atteinte à l’ordre public» et «publication d’informations portant atteinte aux agents et aux institutions de la santé publique».
Des faits, qui lui ont valu une peine maximale de 5 ans de prison, une autre de 2 ans contre deux coprévenus, en détention, et une troisième de 3 ans de prison ferme contre un prévenu en fuite. Le procureur avait quant à lui requis 5 ans de prison ferme contre l’ex-gendarme et 3 ans contre le reste des prévenus, alors que la défense, notamment de Abdellah, avait plaidé la relaxe. L’avocat de Mohamed Abdellah avait dénoncé l’absence de preuves, notamment des publications objets des poursuites et surtout, le fait que son mandant soit traité comme un «déserteur et non pas comme un justiciable».
C’est la deuxième peine de prison que Mohamed Abdellah écope depuis son extradition d’Espagne, au mois d’août 2021. Il y a quelques semaines, il avait été condamné à 6 ans de prison ferme, par le même tribunal, pour «atteinte à la vie privée de personnes», «atteinte à une institution de l’Etat», «atteinte aux intérêts de l’Etat», «atteinte à la sécurité et l’unité de l’Etat» et «diffusion de publications de propagande qui touchent à la sécurité de l’Etat».
Des faits pour lesquels le parquet avait requis une condamnation maximale de 10 ans de prison ferme. Hier l’ex-gendarme devait comparaître devant le tribunal de Dar El Beida, avec plusieurs autres prévenus pour des griefs liés à ses publications sur les réseaux sociaux. Le procès a été renvoyé en raison de son absence liée au prononcé de son verdict.
Son affaire de désertion des rangs de la gendarmerie et pour laquelle il est détenu à la prison militaire de Blida, n’a toujours pas été programmé, depuis son premier renvoi, il y a près d’un mois. Abdellah est également poursuivi pour une dizaine d’autres dossiers, dont au moins deux concernent le «financement du terrorisme», des faits liés à ses relations avec Mohamed Larbi Zitout, responsable du mouvement islamiste Rachad, ancien régisseur de l’ambassade d’Algérie à Tripoli, qui avait abandonné son poste dès son rappel, pour se réfugier en Grande-Bretagne. Depuis quelques mois, le mouvement Rachad, dont il est un des fondateurs, est considéré par les autorités comme étant une organisation terroriste.
Ce qui fait de tous ceux qui lui sont affiliés ou de ceux qui activent avec ses membres, des «présumés terroristes». Ces dossiers sont toujours en instruction au niveau du pôle antiterroriste du tribunal de Sidi M’hamed, à Alger.