A travers le cas de deux opérations militaires exécutées par l’armée sioniste, en octobre dernier, à Deir El Balah, qui ont fait 43 morts
au total, et que l’ONG a minutieusement documentées, Amnesty International accuse ouvertement Israël de «crimes de guerre» à Ghaza. L’organisation basée à Londres évoque également la complicité des Etats-Unis dans ces crimes.
Alors qu’une effroyable machine de guerre est déployée depuis deux mois par l’entité sioniste à Ghaza, pilonnant l’enclave palestinienne nuit et jour, un déchaînement meurtrier qui a coûté la vie à plus de 16 000 personnes, l’ONG Amnesty International vient d’établir que l’armée israélienne a commis des crimes de guerre caractérisés en Palestine.
Dans un communiqué rendu public avant-hier mardi 5 décembre, l’organisation internationale basée à Londres accuse Israël d’avoir bombardé «sans discrimination» des zones d’habitation bondées de civils dans au moins deux opérations militaires que l’ONG a minutieusement documentées. Amnesty International a découvert, en outre, que lors de ces opérations, l’aviation israélienne a pu compter sur le soutien américain en armes de pointe.
«Des bombes munies d’un système de guidage de type JDAM (Joint Direct Attack Munitions) de fabrication américaine ont été utilisées par l’armée israélienne dans deux attaques aériennes illégales meurtrières contre des habitations remplies de civils dans la Bande de Ghaza occupée, a découvert Amnesty International à la suite d’une nouvelle enquête sur ces frappes.
L’organisation a conclu que ces frappes aériennes étaient soit des attaques directes contre des personnes ou des biens civils, soit des attaques menées sans discrimination, et demande que des enquêtes pour crimes de guerre soient ouvertes à leur sujet», affirme l’ONG dans son communiqué.
Amnesty International n’a pas manqué de livrer des détails factuels ainsi que des témoignages pour étayer ses accusations. «Le 10 octobre, une frappe aérienne sur la maison de la famille Al Najjar, à Deir Al Balah, a fait 24 morts. Le 22 octobre, une autre frappe aérienne sur celle de la famille Abu Mueileq, dans la même ville, a tué 19 personnes.
Les deux habitations se trouvaient au sud de Wadi Ghaza, dans la zone où, le 13 octobre, l’armée israélienne a ordonné aux habitants du nord de Gaza de se réinstaller», indique l’ONG. Et de préciser : «Amnesty International a trouvé des éclats caractéristiques de ces munitions (les bombes munies d’un système de guidage JDAM, ndlr) dans les ruines d’habitations détruites dans le centre de la Bande de Ghaza, après deux frappes qui ont tué au total 43 civils (19 enfants, 14 femmes et 10 hommes).
Dans les deux cas, des personnes ayant réchappé à ces attaques ont affirmé à l’organisation que les habitants n’avaient pas été prévenus d’une frappe imminente». L’enquête révèle, par ailleurs, que la bombe utilisée le 10 octobre «pesait probablement une tonne» et celle larguée le 22 octobre était «d’au moins 500 kilos».
De telles charges prouvent à elles seules, si besoin est, que nous sommes et bel et bien face à des bombardements de masse. «L’utilisation d’armes explosives à large rayon d’action dans des zones si densément peuplées pourrait en faire des attaques commises sans discrimination. En conséquence, elles doivent faire l’objet d’enquêtes en tant que crimes de guerre», tranche l’organisation de défense des droits humains.
Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, a déclaré suite à cette découverte accablante : «Le fait que des munitions fabriquées aux États-Unis soient utilisées par l’armée israélienne dans des attaques illégales aux conséquences meurtrières pour les civils devrait sonner comme un avertissement urgent pour le gouvernement de Joe Biden.
Des armes fabriquées aux États-Unis ont facilité le massacre de familles entières». «Face au nombre sans précédent de morts parmi la population civile et à l’ampleur des destructions dans la Bande de Ghaza, poursuit Mme Callamard, les gouvernements des Etats-Unis et des autres pays doivent cesser immédiatement d’envoyer à Israël des armes qui ont toutes les chances d’être utilisées pour commettre des violations du droit international ou d’accroître le risque de telles violations.»
Au terme de ses investigations, Amnesty International assure n’avoir «trouvé aucun élément indiquant qu’il y avait des objectifs militaires sur les sites des deux frappes ni que les personnes présentes dans les bâtiments étaient des cibles militaires légitimes». L’ONG insiste : «Les frappes menées sans discrimination qui blessent ou tuent des civils constituent des crimes de guerre».
Et de faire remarquer : «La pratique systématique et de longue date, par Israël, des attaques irresponsables frappant des biens de caractère civil, qu’Amnesty International a constatée tout au long du conflit actuel, ainsi que lors des conflits de 2008-2009, 2014 et 2021, pourrait s’apparenter à des attaques directes contre des personnes et des biens civils, qui sont aussi des crimes de guerre.»