Après l’Afrique du Sud, c’est au tour du Nicaragua de déposer, devant la Cour internationale de justice, une requête, non pas contre Israël, mais contre l’Allemagne qui à travers son soutien à l'Etat hébreu «participe à la commission d’un génocide» à Ghaza. La requête est accompagnée d’une demande de mesures conservatoires urgentes pour empêcher un tel crime.
Après avoir annoncé publiquement son intention de poursuivre l’Allemagne devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’Onu, pour son soutien à la guerre menée par l’entité sioniste contre Ghaza, le Nicaragua passe à l’action en déposant, vendredi 1er mars, une plainte contre Berlin «en raison de ses manquements supposés aux obligations découlant de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide», lit-on dans le communiqué rendu public par la CIJ, qui précise que cette requête introductive d’instance concerne aussi la violation des obligations découlant de la Convention de Genève de 1949 et des protocoles additionnels de celle-ci et de celle du génocide, «des principes intangibles du droit international humanitaire et d’autres normes du droit international général relativement au territoire palestinien occupé en particulier à Ghaza».
La CIJ affirme par ailleurs que le Nicaragua estime que chacune des parties contractantes à la Convention sur le génocide est tenue par cet instrument de faire tout son possible pour prévenir la commission d’un génocide et qu’il existe depuis octobre 2023 un risque reconnu de génocide du peuple palestinien et avant tout, la population de Ghaza.
Selon le communiqué de la CIJ, le Nicaragua estime dans sa requête qu’en fournissant un appui politique, financier et militaire à Israël et en cessant de financer l’Unrwa, l’Allemagne facilite la commission de génocide et, en tout état de cause, a manqué à son obligation de faire tout son possible pour prévenir la commission de génocide.
Par cette requête, ajoute le communiqué, «le Nicaragua entend fonder la compétence de la CIJ sur les déclarations par lesquelles les deux Etats acceptent la juridiction obligatoire de la Cour et sur la base compromissoire figurant à l’article IX de la Convention sur le génocide.»
En attendant l’examen au fond de cette requête, le Nicaragua prie la CIJ, «de prendre en toute urgence des mesures conservatoires, déposées conformément à l’article 41 du Statut de la Cour et aux articles 73, 74, 75 de son règlement, en ce qui concerne la participation de l’Allemagne au génocide plausible en cours et aux violations graves du droit international humanitaire et d’autres normes impératives du droit international général commises à Ghaza aux termes de l’article 74 du règlement de la Cour (...) en priorité sur toute autre affaire».
En clair, le Nicaragua poursuit l’Allemagne en justice pour sa participation au génocide à Ghaza et demande à la Cour de prendre des mesures urgentes pour stopper cette participation. Berlin est le premier allié d’Israël qui se retrouve traîné en justice pour son soutien à la guerre génocidaire contre Ghaza.
«Complicité de génocide»
Elle intervient au même moment où le président colombien, Gustavo Petro, accusait publiquement la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et surtout les Etats-Unis de «complicité de génocide» et appelé à un blocus de l’armement vers Israël. Elle risque d’ouvrir la voie à une cascade de plaintes contre les Etats qui continuent, malgré le génocide qui a fait plus de 30 000 morts, à financer et armer l’entité sioniste.
Il est important de rappeler que cette procédure intervient quelques jours seulement après une première plainte pénale déposée par un groupe d’avocats, le 23 février dernier, devant la justice allemande accusant le chancelier Olaf Scholz et plusieurs hauts responsables de son gouvernement de «complicité de génocide» à travers «la fourniture d’armes à Israël».
Agissant au nom de familles de Ghaza, les avocats ont basé leur requête devant le procureur fédéral sur les déclarations d’appui de l’entité sioniste par les responsables du gouvernement allemand, le retrait de financement à l’Unrwa, agence onusienne qui assure la prise en charge humanitaire des réfugiés palestiniens, au moment où l’exportation des armes vers Tel-Aviv a connu une hausse remarquable.
Il est important de préciser que la CIJ doit programmer rapidement l’audience relative aux demandes de mesures d’urgence déposées par le Nicaragua. Elle aura aussi à statuer sur le rapport envoyé par Tel-Aviv, le 26 février dernier, sur les mesures qu’il dit avoir pris pour empêcher (pour ne pas dire accentuer) les crimes de génocide, que cette haute juridiction lui a exigé de présenter.
Pendant ce temps, la CPI (Cour pénale internationale), saisie le 9 novembre dernier par une armée d’avocats et de juristes de plusieurs Etats, associations, syndicats, et ONG des droits de l’homme, qui accusent Israël des crimes de génocide, contre l'humanité et de guerre, est toujours en train d’«enquêter».
Pourtant, ce génocide, et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, se déroule sous les yeux de tout le monde, en direct sur les téléphones et les chaînes de télévision et les responsables israéliens, en dépit des injonctions de la CIJ, ne se gênent nullement pour diffuser des discours de haine et d'incitation au génocide et à l’extermination ethnique. Faut-il changer de couleur de peau ou de religion pour que le procureur se décide enfin à agir contre les criminels de guerre ?
Venezuela : Maduro critique le double standard des occidentaux
Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a critiqué un «double standard» dans l'application du droit international à Ghaza, après le massacre commis jeudi par les forces d'occupation sionistes contre des Palestiniens qui attendaient de l'aide, ont rapporté des médias.
Dans des déclarations à la presse à Saint-Vincent-et-les Grenadines, en marge de sa participation au sommet du Groupe des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes, le président a affirmé : «Nous discuterons du génocide en cours à Ghaza avec les dirigeants», soulignant l'incapacité du droit international à mettre fin au «massacre et au génocide» à Ghaza.
Il a ajouté : «Que fait le droit international face à ce massacre quotidien ? Pourquoi ne protège-t-il pas la population de Ghaza ? On élève seulement la voix pour protéger les intérêts des Etats-Unis et de l'Europe.» Maduro a évoqué l’attaque des forces d'occupation sionistes contre les Palestiniens en attente d’aide humanitaire à Ghaza et a demandé : «Pourquoi avez-vous tué ces gens qui demandaient de la nourriture ?»
Il a indiqué : «Alors que les civils palestiniens essayaient de recevoir une aide humanitaire, les forces d'occupation sionistes ont tiré», faisant plus de 107 martyrs. «Comment appelle-t-on cela ?
Est-ce le droit international ? Je me demande où est la justice internationale ? Alors quel est l'avantage du droit international ?» Par ailleurs, le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, Ralph Gonsalves, dans son discours d’ouverture du Sommet de la Celac, a condamné les attaques des forces sionistes contre les Palestiniens et appelé à la création d’un Etat de Palestine «libre et indépendant».
Depuis le 7 octobre 2023, l'entité sioniste mène une agression dévastatrice et génocidaire dans l'enclave palestinienne, faisant des dizaines de milliers de martyrs, pour la plupart des enfants et des femmes, en plus d'une catastrophe humanitaire sans précédent et d'une destruction massive des infrastructures, qui ont conduit l'occupant sioniste à comparaître devant la Cour internationale de justice pour des crimes de «génocide». (APS)