Alors que le général-major Saïd Bey obtient un nouveau procès : Le général-major Zerrad condamné à 5 ans de prison ferme

27/03/2022 mis à jour: 20:09
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Photo MDN

En détention depuis 22 mois pour «enrichissement illicite» et «trafic d’influence», le général-major Cherif Zerrad a comparu, il y a une dizaine de jours (le 17 mars), devant le tribunal militaire de Blida. L’ancien patron de l’un des plus puissants départements de l’armée, celui de l’emploi-préparation de l’état-major, a été condamné à 5 ans de prison ferme. 

Le tribunal n’a retenu contre lui que le «trafic d’influence» en faveur de son fils, et lui a accordé la relaxe pour le grief d’enrichissement illicite, les deux inculpations pour lesquelles il a été poursuivi et placé sous mandat de dépôt, au début du mois de mai 2020. Lors du procès, apprend-on auprès de certains avocats, il aurait «apporté toutes les justifications pou r prouver que les nombreux biens qu’il détient ont été acquis dans la légalité grâce à ses moyens, étant donné qu’il avait fait de longues formation à l’étranger». 

Néanmoins, le procureur n’était pas de cet avis. Il a requis la peine maximale de 10 ans de réclusion, mais le tribunal n’a retenu que le chef d’inculpation de «trafic d’influence». Il a annulé les inculpations d’«enrichissement illicite», avec la levée de toutes les mesures conservatoires de saisie décidées à son encontre par le juge d’instruction.

 Considéré comme l’un des hommes de confiance du défunt chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, l’ex-chef du département emploi-préparation au MDN avait été rattrapé par ses liens troublants avec le sulfureux ex-député FLN de Annaba, Baha Eddine Tliba (en détention), juste avant sa fuite à l’étranger à cause de ses démêlés avec la justice. 

Son nom avait déjà fait couler beaucoup d’encre, suscitant son débarquement de son poste à la tête du département emploi-préparation. 

Un décret présidentiel signé par le défunt chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, a fait état de la mise de fin de fonction, à partir du 12 octobre 2019, et son remplacement par le général-major Mohamed Bachar. Trois mois plus tard, le général-major est convoqué par le tribunal militaire de Blida et entendu à plusieurs reprises. Ce n’est qu’au début du mois de mai 2020 que le juge d’instruction l’a placé en détention.

Sa condamnation n’est pour l’instant pas définitive. Elle risque d’être revue au niveau de la cour, surtout que le parquet pourrait faire appel de la décision. 

Par ailleurs, nous apprenons que la Cour suprême a statué la semaine dernière sur le pourvoi en cassation de l’ancien commandant de la 4e Région militaire, le général-major à la retraite Saïd Bey, contre sa condamnation, en juin 2021, à 15 ans de réclusion par la cour d’appel militaire de Blida. 

Des biens touchés par la prescription …

Elle a estimé que de nombreux biens objets des poursuites ont été touchés par la prescription et d’autres ont été acquis des années avant la loi 01/06  de lutte contre la corruption. Elle a donc décidé un second examen de l’affaire devant la cour d’appel militaire de Ouargla. 

Le général-major Saïd Bey était poursuivi dans une première affaire pour «dilapidation d’armes et de munitions» et «abus de fonction», pour laquelle il a été condamné à 4 ans de prison ferme, puis à la relaxe, avant qu’une seconde affaire d’«enrichissement illicite» et d’«abus de fonction» ne soit enrôlée pour lui valoir une peine de 15 ans de réclusion criminelle, confirmée en appel avec «mandat de dépôt à l’audience» et «confiscation de tous» ses biens, à l’exception de la maison familiale. La mise en action de cette affaire, le jour même du procès en appel du premier dossier, avait suscité la colère de Saïd Bey, exprimée à travers son retrait de l’audience devant le tribunal militaire de Blida, refusant de comparaître en raison de «la défiance ressentie envers la justice». 

Dans une déclaration publique, ses trois avocats, Mes Garmia Faria, Mokrane Aït Larbi et Abdelhak Mellah, ont expliqué que dès l’ouverture de l’audience, Saïd Bey a solennellement affirmé à la cour que son dévouement absolu à la patrie et sa vénération de l’institution militaire ne doivent pas l’empêcher de marquer sa défiance légitime vis-à-vis du cours de la justice à son encontre, et plus particulièrement suite au déroulement inéquitable du procès tenu la veille, le 2 juin 2021, par la même juridiction militaire, appelée à le juger, une seconde fois après cassation également, pour un prétendu enrichissement illicite et trafic d’influence. 

Les avocats ont ajouté, par ailleurs, que «malgré la justification faite pendant l’instruction et à l’audience de la licéité de tous les éléments de son patrimoine personnel et de celui de chacun des membres de sa famille, au regard de leurs revenus légitimes respectifs, licéité d’ailleurs dûment avérée et attestée par des preuves probantes, la condamnation précédemment prononcée ainsi que les peines infligées furent encore une fois injustement confirmées». 

Les avocats ont mis en avant le passé historique de leur mandant, «un militant de la cause nationale, incarcéré dans les geôles coloniales à l’âge de 14 ans, membre de l’ALN, membre de l’ANP pendant plus de 57 ans, chef de 3 Régions militaires pendant plus de 20 ans, attaché de défense à Bruxelles pendant 2 ans, grand médaillé de deux guerres du Moyen-Orient (1967-1973), officier supérieur élevé, à juste titre, au grade de général-major».  

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