Alors que l’expiration du contrat de transit de gaz entre le russe Gazprom et l’ukrainien Naftogas se profile, une nouvelle crise gazière pourrait menacer l’Europe qui épuise ses réserves de gaz naturel à la vitesse la plus rapide depuis six ans.
Les stocks de gaz en Europe ont chuté plus de quatre fois plus vite que la moyenne au cours des dix dernières années et à un rythme jamais vu depuis 2016, selon les données des opérateurs compilées par Gas Infrastructure Europe (GIE).
Les installations de stockage de la région étaient remplies fin novembre en moyenne à 87%, soit un taux nettement inférieur aux 97% enregistrés à la même date en 2023 et aux 94% enregistrés en 2022.
Une situation qui pourrait induire au fil des baisses de températures hivernales une montée des prix du gaz, d’autant que la demande asiatique augmente également, tout comme les prix du marché spot du gaz naturel liquéfié (GNL) américain, indique Oil Price.
L’Europe qui mise sur l’éolien et le solaire est confrontée également à une baisse de la production de l’électricité éolienne, en raison d’un manque de vent, et du solaire, en raison de la neige qui recouvre les panneaux solaires. «Les stocks de gaz européens s’épuisent au rythme le plus rapide depuis huit ans, la région ayant connu des épisodes répétés de températures plus froides que la normale et de faibles vitesses de vent depuis le début de la saison de chauffage hivernale.
Les stocks combinés de stockage souterrain dans l’Union européenne et au Royaume-Uni ont diminué de 83 térawattheures (TWh) entre le début officiel de l’hiver, le 1er octobre, et le 26 novembre», indique une note publiée par l’analyste énergétique John Kemp. Sur cette trajectoire, les stocks termineront l’hiver près de 30% en dessous des records de fin d’hiver 2023/24 et 2022/23.
«En raison de l’épuisement beaucoup plus important de cet hiver, les traders prévoient que l’Europe devra acheter beaucoup plus de gaz pour remplir ses installations de stockage à l’été 2025 par rapport aux étés 2024 et 2023», selon la même source.
«Ce backwardation (déport) inhabituel est un signe que les traders s’attendent à ce que l’Europe doive payer plus l’été prochain pour remplir les réserves et garantir que les stocks reviennent à un niveau confortable avant l’hiver 2025/26.»
En outre, l’Europe devra attirer davantage de cargaisons de GNL en provenance des marchés gaziers asiatiques en pleine croissance l’été prochain, ce qui implique des prix plus élevés. «Sur la plupart des marchés saisonniers des matières premières, le plus grand risque de pénurie ne provient pas d’une seule perturbation, mais de perturbations répétées au cours des années suivantes.
Les stocks sont normalement suffisants pour absorber une rupture d’offre ou un choc de demande inattendus, mais ils seront alors épuisés et mal préparés en cas de deuxième rupture ou de deuxième choc.»
Le principal défi de l’Europe est de savoir ce qui se passerait si l’hiver 2024/25 restait plus froid que la normale et était suivi d’un autre hiver froid en 2025/26, souligne l’analyse qui suggère que «pour minimiser ce risque, les stocks épuisés devront être reconstitués au cours de l’été 2025». Cependant, «les traders parient déjà que cela s’avérera coûteux», alors que l’Europe est en concurrence pour plus de gaz avec les économies à croissance rapide d’Asie.