Les ministres de l’Agriculture des Etats membres du Groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) ont appelé, hier, à «la prolongation, l’entière mise en œuvre et l’élargissement» de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes depuis les ports de la mer Noire.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la commercialisation et les chaînes d’approvisionnement des céréales ont directement été impactées par une série de perturbations sur le trafic des transporteurs passant par la mer Noire. Grands exportateurs de céréales, un accord avait été signé en juillet 2022 par la Russie, l’Ukraine, et la Turquie, sous l’égide des Nations unies, portant sur la permission du passage via des corridors sécurisés des quantités de céréales ukrainiennes exportées via la mer Noire.
L’initiative a été prolongée le 18 mars dernier mais sans aucun délai précis communiqué par les Nations unies ou par la Turquie, alors que les Ukrainiens comptent sur une extension de 120 jours, contre 60 jours pour les Russes. Ces derniers soutiennent que l’accord ne sera pas reconduit au-delà de la date du 18 mai (veille du prochain sommet des chefs d’Etat du G7), à moins toutefois que les Occidentaux ne «lèvent les obstacles visant les exportations russes de céréales et d’engrais».
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, doit se rendre la semaine prochaine à New York afin d’aborder cette question d’accord avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Les pays membres du G7 ont montré, pour leur part, leur détermination à soutenir l’Ukraine en réitérant hier leur «engagement à agir de manière solidaire et à soutenir les personnes les plus touchées par l’armement de la nourriture par la Russie», souligne leur communiqué commun. Ils décident de se «tenir prêts à soutenir le redressement et la reconstruction de l’Ukraine, en fournissant notamment une expertise en vue de déminer les terres arables et de reconstruire les infrastructures agricoles».
Le camp des soutiens de l’Ukraine vient toutefois de se fissurer avec l’interdiction décrétée par la Pologne et la Hongrie de l’importation des céréales ukrainiennes, accusées de déstabiliser leurs marchés agricoles locaux en provoquant une baisse des prix.
A rappeler que l’initiative sur les céréales a permis, selon des statistiques onusiennes, en l’espace de huit mois, l’exportation de plus de 23 millions de tonnes de céréales. 49% de la marchandise globale ont été exportés vers des pays en développement, contre 45% aux pays développés et 6% au pays les moins développés.
La libération des produits ukrainiens a eu un effet immédiat sur les prix des produits alimentaires et a permis, selon l’ONU, de stabiliser les marchés mondiaux après les perturbations du début de la guerre. Les ministres de l’Agriculture du G7 se disent «préoccupés par l’impact dévastateur de la guerre sur la sécurité alimentaire dans le monde, notamment en raison de la flambée des prix des céréales, des carburants et des engrais, qui touche de manière disproportionnée les plus vulnérables».
Avant eux, les ministres des Affaires étrangères du G7 avaient déjà reconnu «le rôle capital des corridors de sécurité, l’initiative céréalière de la mer Noire et le programme sur les céréales en provenance d’Ukraine pour soutenir le rétablissement du secteur agricole ukrainien et prévenir l’apparition de nouveaux chocs dans les systèmes alimentaires».