Un commando israélien s’est introduit clandestinement hier dans l’hôpital Ibn Sina de Jénine et a assassiné froidement trois militants de la résistance palestinienne. «Les soldats déguisés ont tiré à bout portant, en visant la tête, avec l’intention manifeste de les exécuter», souligne l’agence Wafa.
En pleines tractations pour essayer d’arriver à un accord entre Hamas et l’Etat hébreu, les forces d’occupation israéliennes poursuivent leur campagne dévastatrice. Outre les bombardements et les pilonnages à l’artillerie lourde qui harcellent au quotidien les habitants de Ghaza, une opération commando a été menée tôt ce mardi contre trois résistants palestiniens dans un hôpital à Jénine, en Cisjordanie occupée, où ils ont été froidement exécutés.
«Des membres des forces spéciales israéliennes ont assassiné ce mardi matin trois jeunes, dont deux frères, à l’hôpital Ibn Sina de Jénine», rapporte l’agence Wafa. «Ils se sont introduits dans l’hôpital et se sont dirigés vers le troisième étage avant d’assassiner les trois jeunes en utilisant des armes équipées d’un silencieux», détaille la même source en donnant le nom des victimes.
Il s’agit des frères Mohammad et Bassil Ayman Al Ghazawi, et de Mohamad Walid Jalamna. Wafa ajoute que «le chahid Walid était blessé et recevait des soins dans cet hôpital depuis le 25 octobre».
Le commando qui a mené cette opération était composé d’une dizaine de personnes «déguisées en civils, portant des blouses de médecins et d’infirmiers», précise Wafa. L’un des assaillants se faisait passer pour un malade en chaise roulante. «Plus de dix soldats, cachés et portant des mitrailleuses sous leurs vêtements, se sont faufilés dans la chambre de Bassil Al Ghazawi, 18 ans, blessé, et l’ont abattu lui, son frère Mohammad, 23 ans, et leur ami Mohammad Jalamna, 27 ans.
Ils s’en sont pris ensuite au personnel médical de l’hôpital, blessant une des infirmières.» «Les soldats déguisés ont tiré à bout portant, en visant la tête, avec l’intention manifeste de les exécuter», insiste l’agence d’information palestinienne. «Les balles des assassins ont ainsi transformé les lits des jeunes ciblés (…) en cercueils maculés de sang ».
Les trois victimes étaient des militants de la résistance palestinienne. Mohammad Jalamna était membre du Hamas, tandis que les frères Ghazawi faisaient partie du Jihad islamique.
«La branche militaire du Hamas a précisé que Jalamna était un cadre et un porte-parole du Bataillon de Jénine, tandis que Mohammad Ayman Al Ghazawi est l’un des fondateurs du Bataillon de Jénine affilié aux Brigades Al Qods, la branche militaire du Jihad islamique palestinien», indique l’agence Anadolu.
128 morts en vingt-quatre heures
Réagissant à cette action criminelle, la ministre palestinienne de la Santé, May El Kila, a appelé via un communiqué relayé par l’agence Wafa «l’Assemblée générale des Nations unies, les organisations internationales et les ONG de défense des droits humains à mettre un terme à cette série de crimes quotidiens perpétrés par l’occupant contre notre peuple et les structures de santé dans la Bande de Ghaza et en Cisjordanie» et à «protéger les centres de soins et les équipes de secours».
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a dénoncé sur le réseau social X un attentat «odieux» en faisant remarquer que ces assassinats relèvent de «crimes contre l’humanité». Dans la Bande de Ghaza, l’armée israélienne a poursuivi ses raids meurtriers qui ont fait des dizaines de morts ces dernières heures.
D’après les autorités sanitaires au sein de l’enclave assiégée, 128 personnes ont été tuées en vingt-quatre heures, entre lundi soir et mardi matin, dont un grand nombre de victimes à Khan Younès. Cela porte à 26 751 morts et 65 636 blessés le bilan général provisoire des tueries commises par l’armée israélienne dans la Bande de Ghaza.
Au cours de la journée d’hier, une nouvelle série d’attaques a ciblé différents secteurs du territoire persécuté. D’après l’agence Wafa, plusieurs personnes ont trouvé la mort et d’autres ont été blessées suite à des frappes qui ont touché une maison appartenant à la famille Madoukh et une autre à la famille Al Amawi à Haï Sabra, au sud de la ville de Ghaza.
Dans la même agglomération, des morts et des blessés ont été enregistrés ce 30 janvier dans un bombardement aérien qui a ciblé trois maisons à Haï Errimel. Au centre de la Bande de Ghaza, trois civils ont été tués dans des raids sur une zone d’habitation au camp de Nusseirat.
L’aviation sioniste et les unités d’artillerie ont également pilonné les régions ouest de Beit Lahia au nord, ainsi que les gouvernorats de Khan Younès et Rafah au sud.
Le Croissant-Rouge palestinien, cité par Wafa, a affirmé que les forces de l’occupant continuent à encercler le périmètre de l’hôpital El Amel à Khan Younès, tandis que des ordres d’évacuation sont lancés aux habitants vivant à proximité de cet hôpital.
«Les troupes israéliennes poursuivent le siège de l’hôpital El Amel et le complexe médical Nasser, à Khan Younès, pour le neuvième jour consécutif en interdisant tout mouvement dans ce périmètre», souligne l’agence Wafa.
Hamas prépare sa réponse
Et pendant que les bombardements et les combats font rage, les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar poursuivent leurs efforts de médiation dans la continuité de la réunion de Paris. Pour rappel, dimanche dernier, le directeur de la CIA, William Burns, s’est entretenu dans la capitale française avec de hauts responsables du renseignement égyptiens et israéliens ainsi que le Premier ministre qatari Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani.
Ce dernier a annoncé lundi, depuis Washington, qu’une proposition portant sur une trêve assortie de nouvelles libérations d’otages allait être transmise à Hamas. «Nous avons réalisé des progrès notables hier en jetant les bases d’une avancée sur la question des otages», s’est félicité le responsable qatari. «Un travail très important et productif a été accompli», a déclaré de son côté le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.
Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas installé à Doha, a assuré hier avoir reçu effectivement la proposition qui a émané de la réunion de Paris. «Le Hamas examine la proposition qui a circulé lors de la réunion de Paris et prépare sa réponse», a-t-il annoncé.
Selon Al Jazeera, Ismaïl Haniyeh a fait savoir : «Notre réponse à la proposition sera basée sur le principe que la priorité est de mettre un terme à l’agression contre Ghaza et le retrait des forces d’occupation de la Bande de Ghaza.» Et d’affirmer que «le mouvement Hamas est ouvert à toute discussion à propos de toute initiative sérieuse et fiable conduisant à une cessation complète de l’agression».