Algérie-Union européenne : Quel avenir pour l’accord d’association ?

06/02/2022 mis à jour: 01:25
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Photo : D. R.

Le ministre de l’Industrie, Ahmed Zaghdar, a reçu lundi dernier à Alger l’ambassadeur et chef de la délégation de l’UE en Algérie, Thomas Eckert, qui a pris ses fonctions à la mi-septembre 2021.

Si cette rencontre a permis d’aborder certaines questions liées à la coopération avec l’UE dans le secteur, tel que rapporté par l’APS, il n’en demeure pas moins que le sujet central sur lequel tous les regards restent braqués est le partenariat dans son ensemble, tel qu’il a été mis au point par le truchement de l’accord d’association.

Et pour cause, cet accord entre l’Algérie et l’Union européenne est dans un état stationnaire, notamment depuis que le président Tebboune a appelé à la nécessité de procéder à sa révision selon une approche «gagnant-gagnant». Fin octobre dernier au cours d’un Conseil des ministres, Abdelmadjid Tebboune avait en effet demandé à revoir les dispositions de cet accord, signé en 2002 et entré en vigueur en 2005.

Mais jusqu’à présent, rien n’a filtré sur la gestion de ce dossier. Ni de la part de l’UE ni encore moins de la partie algérienne, qui pourtant a clairement fait savoir ce qu’elle en pensait. Pour rappel, la dernière session du conseil d’association, qui s’est déroulée fin 2020, n’a pas permis, tout compte fait, de dépasser les différends entre les deux partenaires.

Une année après ce rendez-vous, pourtant censé être l’occasion d’aplanir certaines divergences et prévoir les mécanismes d’un dialogue susceptible de trouver une issue, force est de reconnaître que tous ces efforts n’ont pas permis de faire avancer le traitement de cette question.

L’Algérie considère en effet que cet accord lui est très défavorable, quand l’UE semble ne pas en partager tout à fait le constat. Une évaluation de l’impact de l’accord sur le commerce extérieur du pays sur dix ans (2005-2015), citée par l’APS, fait ressortir tous les manquements enregistrés. «Le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures (HH) vers l’UE, premier partenaire du pays, n’a même pas atteint les 14 milliards de dollars (mds USD) durant cette décennie, alors que le cumul des importations algériennes auprès de l’UE s’est chiffré à 220 mds USD, avec une moyenne annuelle de 22 mds USD.

En plus, l’accord a engendré un manque à gagner de plus de 700 milliards de dinars aux recettes douanières algériennes durant la même période. Sur 15 ans (2003-2018), les exportations algériennes HH vers l’UE sont passées de 344 millions de dollars en 2003 (deux ans avant l’application de l’accord) à 889 millions à peine en 2018. Pourtant, l’Algérie visait, à travers l’accord, de promouvoir ses exportations hors hydrocarbures vers l’Europe et voir les investissements européens en Algérie croître.»

L’Algérie estime ainsi que cet accord est déséquilibré dans la mesure où sa balance commerciale est restée déficitaire et que les promesses sur l’attraction des investissements et la création d’emplois n’ont jamais pu être concrétisées. Sans compter le manque à gagner enregistré au niveau des recettes douanières.

La question aujourd’hui est de savoir si l’accord est bloqué. La zone de libre-échange pour les produits industriels, qui devait entrer en vigueur en 2017 avant d’être reportée à 2020, fait aujourd’hui les frais de ce désaccord. Les multiples axes de travail, dont on a pensé un moment, notamment de la part de l’ex-ambassadeur de l’UE à Alger, que les divergences étaient soit aplanies soit tout près de l’être, le dossier de l’automobile en l’occurrence, n’ont pas évolué depuis.

Côté européen, l’ambassadeur de l’EU à Alger, dans un entretien à Liberté en décembre dernier, a affirmé : «J’ai discuté avec le président de la République et j’ai abordé la question avec des ministres du gouvernement. Mais nous n’avons pas reçu un exposé par écrit. Il faut avoir les détails et les souhaits du gouvernement algérien.»

Ce qui est certain, c’est qu’il apparaît nettement que la volonté de l’Algérie de revoir clause par clause cet accord devra toucher à tous les aspects de ce partenariat qui est loin d’être circonscrit à la sphère commerciale. L’accord est fondamentalement politique et ne peut logiquement donc être réduit à de simples questions techniques.

L’ambassadeur actuel de l’UE montre d’ailleurs toute la difficulté qui semble rattachée à cet exercice. «Un accord peut toujours être revu, discuté et même changé. Mais c’est une démarche qui ne se fait pas très souvent. Si vous regardez les accords d’association, normalement, ils restent en vigueur sans changement pendant de très longues années. Cela ne veut pas dire que ce ne sera pas possible. Après, il faut préciser les changements souhaités et sur quels volets (…) 

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