La Commission mixte d’historiens algériens et français a dévoilé, samedi dernier, ses propositions en vue de résoudre les différends entre les deux pays liés à la période coloniale et la Guerre d’indépendance.
A propos des archives, la Commission conjointe, qui s’est réunie le 25 janvier dernier en session plénière aux Archives nationales à Paris, en France, a préconisé «la restitution de 5 mètres linéaires d’archives de l’Algérie ottomane et la numérisation de 2 millions de documents des archives nationales d’outre-mer», a annoncé la Commission dans un communiqué.
«Tout comme elle s’est attelée à définir la période, la nature et la typologie de ces archives et documents numérisés. La Commission s’est également accordée sur la nécessité et l’utilité de définir un ordre de priorités dans la numérisation des fonds d’archives, à commencer par les archives militaires et diplomatiques du XIXe siècle», a-t-elle précisé, notant que certaines archives «progressivement découvertes et numérisées pourraient faire l’objet de publications scientifiques».
La Commission s’est également penchée sur la restitution des biens de l’Emir Abdelkader, d’Ahmed Bey et d’autres personnalités algériennes, tels que l’épée, le burnous, Le Coran et les canons de l’Emir Abdelkader, ainsi que des biens associés à Ahmed Bey et Laghouat. «La Commission se félicite de la proposition faite par des musées français, comme le quai de Branly ou le Louvre, de réaliser un inventaire des items provenant d’Algérie», lit-on dans le communiqué.
La Commission a aussi proposé la «réalisation des expositions sur l’histoire de l’Algérie au XIXe siècle à partir des fonds présents dans les musées en France et en Algérie». «Elle propose notamment que l’exposition sur l’Emir Abdelkader, réalisée au Mucem en 2022, soit également présentée dans un musée en Algérie», a souligné le communiqué.
A propos de la chronologie, la Commission «préconise de poursuivre l’élaboration d’une chronologie sur les différents aspects militaires, politiques, économiques, sociaux et culturels tout au long de la période coloniale (1830-1962), en commençant par le XIXe siècle».
La Commission, qui s’est penchée sur la bibliographie, a recommandé «le recensement des ouvrages traitant de l’histoire coloniale en Algérie dans toutes les langues et l’identification de ceux qui seraient à numériser ou encore à traduire».
Elle a aussi établi des propositions sur les échanges des expériences académiques, l’accès aux portails numériques pour les chercheurs, la numérisation des registres de l’état civil et des cimetières de la période coloniale conservés en Algérie, ainsi que l’organisation des rencontres scientifiques conjointes.
A propos des cimetières des prisonniers algériens décédés et enterrés en France, elle a demandé leur recensement et la valorisation de ces lieux de mémoire par l’apposition des plaques commémoratives en une douzaine de lieux. Le travail de la commission est appelé à se poursuivre et une troisième réunion devrait avoir lieu dans deux mois, en Algérie, a conclu le communiqué le Commission.
La création de cette instance de dix membres chargée d’étudier les archives algériennes et françaises portant sur la période coloniale avait été annoncée en août 2022 à Alger par les présidents français, Emmanuel Macron, et algérien, Abdelmadjid Tebboune. Les propositions seront soumises aux deux chefs d’Etat.
Le président Tebboune avait indiqué que cette commission aura à traiter la question liée à la mémoire «sous l’angle historique et non politique». Concernant le temps qui lui était imparti, le chef de l’Etat a précisé avoir évoqué avec son homologue français «un délai d’une année ou moins, si le travail est finalisé avant».