Ibrahim Qaraly, journaliste, écrivain et poète, né en 1968 à l’est d’Alger, diplômé de la faculté de journalisme de l›université d’Alger, est l’auteur de plusieurs recueils de poésie, parmi lesquels Lahn el-kholoud (La mélodie de l’éternité) et Alfiyat al-djazair (Le millénaire d’Algérie), une épopée de mille vers célébrant l’histoire de l’Algérie.
Ce poème, largement reconnu, a été comparé à l’Iliade de l’Algérie de Moufdi Zakaria. En plus de son œuvre littéraire, Qaraly a marqué le journalisme en cofondant des quotidiens comme Saout El Ahrar et Echourouk El Youmi, où il a été rédacteur en chef. Il a publié Kalimates abira (Mots passants), une compilation d’articles politiques et médiatiques, préfacée par le défunt Tahar Ouettar. Élu député en 2007, il a été rapporteur de la commission culture, information et tourisme à l’APN. Il a remporté le Prix national du Cheikh Abdelhamid Ben Badis en poésie pour son poème Kanet Houna Cirta (Ici, c’était Cirta), distingué par un jury de spécialistes en poésie et littérature et considéré comme l’une des plus belles œuvres sur la ville de Constantine.
Hommage vivant à la patrie et à ses martyrs
Dans une réflexion profonde, Ibrahim Qaraly nous livre les dessous de son œuvre Alfiyat al-djazair (Le millénaire d’Algérie) de 216 pages, de sa genèse et les émotions qui ont guidé sa plume. «L’Alfiya n’était au départ qu’une simple œuvre en soixante vers, mais très vite, elle s’est transformée en une épopée qui célèbre les gloires de notre pays. Elle est devenue l’Alfiyat de l’Algérie à l’occasion du soixantième anniversaire de l’Algérie, une œuvre où chaque vers rend hommage à l’histoire et aux sacrifices de notre nation.»
Ces mots, prononcés par Ibrahim Qaraly, révèlent l’intention première derrière son projet poétique. Ce n’était pas simplement une œuvre pour commémorer l’indépendance de l’Algérie, mais plutôt une immersion dans l’âme du pays, un voyage à travers son passé, sa géographie et ses personnages historiques. Le poète évoque sa surprise face à la résonance que son Alfiat a eue auprès du public. «Je n’avais pas prévu une telle réaction. Quand j’ai écrit cette œuvre, je ne pensais pas qu’elle allait toucher les cœurs, la rendre vivante dans les esprits des Algériens à travers les médias et les réseaux sociaux.»
Et d’ajouter : «Le poème, initialement intitulé La soixantaine de l’Algérie, se composait de six sections de dix vers, chacune formant un poème dans le poème. Sans prétendre créer une épopée ou une opérette, je revendique qu’il s’agit du poème des poèmes.»Pour Qaraly, chaque vers de cette Alfiyat était une lutte contre la mort. «Quand je commence à écrire, je ressens une étrange sensation de mort qui m’envahit. Ce n’est pas la peur de la mort elle-même, mais plutôt la peur de ne pas terminer ce que j’ai commencé.» Une forme de combat existentielle qui le pousse à aller au bout de sa démarche créative. «Je lutte avec la mort à chaque vers, à chaque étape de l’écriture. Et à la fin, je me sens ressuscité à chaque conclusion de ma poésie.» Il explique également que c’est l’Alfiyat elle-même qui lui a dicté sa forme. «Je n’ai jamais fixé un nombre d’heures ou de vers pour une œuvre. C’est l’œuvre qui se déploie et choisit sa propre longueur. Mais pour l’Alfiat de l’Algérie, c’est différent. C’est elle qui m’a choisi, c’est elle qui a décidé de son nombre de vers.» L’émotion de l’auteur se poursuit lorsqu’il évoque la reconnaissance qu’il a reçue pour cette œuvre.
Il remercie en particulier le ministre des Moudjahidine, Laid Rebiga, qui a honoré son travail en le soutenant. «Je suis profondément honoré que le ministre des Moudjahidine ait décidé de préserver mon œuvre dans un format écrit et audiovisuel, pour qu’elle puisse être transmise aux générations futures.» Mais l’élément qui touche profondément l’auteur, c’est l’impact de son œuvre auprès de ses lecteurs. «Le plus grand honneur pour moi, c’est d’avoir vu mon Alfiyat être chantée, lue, et même transformée en œuvres d’art. C’est un honneur inimaginable, particulièrement lorsque l’Alfiyat de l’Algérie a résonné dans la grande mosquée de La Mecque, devant la Kaâba.»Ibrahim Qaraly rappelle l’importance de la mémoire collective dans sa poésie. «Cette Alfiyat n’est pas seulement la mienne, elle est celle de l’Algérie. Elle porte le nom du pays, de ses martyrs, de sa terre et de son peuple. Elle est l’Alfiyat de l’Algérie, l’Alfiyat de Dieu et de la patrie.»
À travers ses mots, Qaraly nous invite à redécouvrir l’Algérie, à honorer son passé et à revendiquer son héritage avec fierté. Son œuvre dépasse les frontières du poème pour devenir un manifeste national, une voix qui traverse le temps et qui célèbre la grandeur de l’Algérie. Dans sa préface, le docteur Mahieddine Amimour a exprimé sa crainte lorsqu’Ibrahim Qaraly lui a demandé de présenter son œuvre Alfiyat. Il a avoué avoir tenté d’échapper à cette tâche, estimant que ses mots ne seraient pas à la hauteur de ce chef-d’œuvre littéraire exceptionnel. Cependant, il n’a pu ignorer la grandeur de l’Alfiyat, qu’il a perçue comme une continuation de l’Iliade de Moufdi Zakaria.
Le docteur Amimour n’a pas dissimulé son admiration pour l’accomplissement d’Ibrahim, décrivant son œuvre comme un témoignage littéraire et poétique d’une valeur unique dans la littérature algérienne contemporaine. Il a également souligné que cette Alfiyat émanait d’une source sincère et autonome, sans directive ni demande d’aucune autorité, incarnant ainsi une volonté poétique libre et porteuse d’un message national profond.