Pour être rentabilisé, le considérable parc de moissonneuses- batteuses de la wilaya, soit 632 unités, devra presqu’en totalité se redéployer en d’autres régions, le temps de la campagne de moissons battages qui, à Témouchent, a été lancée lundi. En effet, en raison de l’extrême sécheresse qui y a sévi, la céréaliculture a subi un catastrophique sinistre de l’ordre de 85% sur les 69 697 ha emblavés.
La collecte ne va donc concerner que les exploitations qui ont sauvé leur récolte grâce, non pas à un arrosage d’appoint, comme habituellement, mais à une irrigation intégrale, ce qui fournit une idée de l’extrême sévérité du stress hydrique subi à travers le Témouchentois.
De la sorte, le souci des autorités locales est, pour l’heure, que les agriculteurs, au nombre de 4500, respectent leur engagement de livrer l’intégralité de leurs récoltes aux CCLS, comme ils y ont contractuellement souscrit, après la fourniture gratuite par l’État des semences et des engrais.
A cet égard, une commission multisectorielle a été instituée par le wali afin d’assurer le suivi de cette question sur le terrain. C’est dire, par ailleurs, que des mesures de protection de la récolte contre tout départ d’incendie pouvant la réduire à néant ont été édictées avec, en particulier, l’obligation expresse d’ériger des ceintures de protection autour des champs.
La Protection civile est ainsi à pied d’œuvre. Intervenant après le wali, lors du lancement solennel de la campagne moisson-battage, le vice-président de l’APW, soulignant l’importance des pertes enregistrées sur les deux années de sécheresse consécutives, a mis en exergue la nécessité d’une reconversion du système de production. Celui-ci devrait impérativement passer par l’abandon de la préférence accordée de façon obtuse à la céréaliculture, déclarée officiellement culture stratégique.
En effet, elle ne tient pas compte des spécificités de la réalité locale, sachant que le Témouchentois est une zone semi-aride qui, en cas de réduction des précipitations, voit sa production céréalières réduite à néant. Approché après son intervention, et citant le cas de l’exploitation où la cérémonie se tenait, l’élu explique que sur 15 ha, 13 sont consacrés aux céréales et deux à la vigne plantée en pergola. Il se trouve, premier indicateur, que c’est la céréaliculture qui a consommé cette année plus d’eau à l’hectare que la vigne.
Et, second, et tout aussi significatif indicateur en terme d’emploi, les deux ouvriers permanents ainsi que les huit autres saisonniers employés le sont uniquement par les besoins des deux hectares de vigne, les céréales, qu’il pleuve ou non, n’en nécessitant aucun. Sollicité à son tour sur la question, le président de la chambre d’agriculture abonde dans le même sens : «Près de 85% de perte enregistrés, cela impose d’y réfléchir après une autre année de sécheresse.
L’Etat a consenti cette année à nous aider en nous accordant, à titre gracieux, les semences et l’engrais, mais hélas en vain. Aïn Témouchent est connue, en raison de son climat, pour être un pays de vignoble. Nous espérons que l’Etat décide qu’un programme spécial pour le retour à cette culture et à encourager l’arboriculture».