Des feuilletons et séries à la pelle, en bon et moins bon, des surprises, des révélations et 6 mises en demeures émises le 28 mars par l’Anira, autorité de régulation, contre Echourouk TV, El Hayat, El Bilad, Ennahar TV, Samira TV et El Heddaf, avec en suspens, comme le souligne l’Autorité de se réserver le droit d’infliger des amendes ou «d’ordonner la suspension intégrale ou partielle des programmes faisant l’objet d’infraction, conformément aux articles 76 et 77 de la loi 23-20 régissant l’activité audiovisuelle».
Sauf que le ramadan est terminé, et resteront ces problèmes de fonds, il n’y a de travail pour le secteur que pendant un mois sur 12, des chaînes TV qui sont toujours de droit étranger et un marché publicitaire échappant à toute règle.
Pour les résultats de diffusion et en l’absence d’audimat véritable et de la profusion d’études de tendances généralement commandées par les chaînes TV qui souvent ne payent pas si elles ne sont pas présentées en tête des sondages, c’est Google qui donne des chiffres, USA forever. Selon donc Youtube, c’est El Batha 2 qui gagne le match de l’année avec 3,5 millions de vues pour le dernier épisode, avec un bonus, le making of de la série qui vient d’être uploadé sur la même plate-forme de vidéos.
Pour les derniers épisodes des autres séries, 3,2 millions de vues pour Dar lefchouch 2,3 millions de vues pour El Barrani, 2,2 millions de vue pour Dmou3 louliya, 2 millions pour El Rihane et 350 000 vues pour 11/11. C’est donc contre toute attente finalement le comique qui rafle la mise, avec El Batha de Walid Bouchebah pour sa 2e saison, même si l’aspect dramatique y est un peu présent, et surtout Dar Lefchouch 2, de Djaffer Gacem, série purement comique qui n’avait pas forcément fait un bon départ. Le drame est-il en voie de disparition pour un retour du comique comme avant ?
C’est en fait peut-être que ses ressorts sont mal ficelés, surtout devant la concurrence internationale et l’élévation du niveau du spectateur qui voit l’intrigue immédiatement. Mais dans le lot, mention spéciale à Mayna, la série déjantée de Walid Bouchebbah (le même qui a réalisé El Batha 2), sur un scénario de Lamia Kahil, tournée à Timimoun il y a plusieurs années et qui n’avait pas trouvé de diffuseur jusqu’au ramadan 2024 (l’ENTV), avec une belle brochette d’acteurs, Fodil Assoul et Idir Benaïbouche entre autres.
Si cette sympathique série n’a totalisé que peu de vues, c’est un succès d’estime et surtout l’avantage d’Internet, on peut maintenant regarder l’intégralité des séries, comme un seul film d’une seule traite. Mais est-ce du cinéma ? Pas vraiment ou un peu, parfois, sur quelques plans, une bonne partie des réalisateurs de séries de cette année ont déjà réalisé des films de cinéma, courts ou longs, de même que les comédien(ne)s qui ont participé à des œuvres de cinéma. Ce qui finalement est un bon exercice pour les films de cinéma en cours. Du cinéma ?
Mais quelle est la différence entre le cinéma et la télévision ?
C’est une question qui revient souvent et qui a plusieurs réponses, l’une d’elles est adressée à l’Autorité de régulation (Anira, ex-Arav), au cinéma il n’y a pas de publicité. Mais d’une façon générale, le monde de l’audiovisuel, dominé par deux géants, le cinéma et la télévision, sait de quoi il s’agit, la production de films cinéma ce sont d’abord des budgets beaucoup plus gros, ce qui permet une mise en scène plus élaborée, effets spéciaux, qualité d’image et de son supérieures, innovations techniques ou dans la narration visuelle, ce que ne fait pas la télévision puisqu’elle n’en n’a ni le temps ni l’argent. Mais surtout et même si des séries internationales ont aujourd’hui leur place dans le cinéma et certaines séries algériennes de meilleure qualité que d’autres films cinéma algériens, le cinéma est considéré comme une forme d’art supérieure, offrant une expérience plus riche et plus profonde, suscitant de fortes émotions et des réflexions profondes chez le spectateur. Mais la série permet à l’inverse une exploration plus approfondie car elle dure plus longtemps, ce qui permet de raconter des histoires et de développer personnages et intrigues sur des périodes plus longues, et quoiqu’on en dise, elle, la télévision, garde encore son impact direct sur la culture populaire, la mode, les tendances, le langage et même les comportements sociaux.
Sauf que ce n’est pas la même expérience, aller au cinéma est une sortie, une occasion particulière, ambiance, grand écran et effets sonores pour une immersion totale. Alors balle au centre ? Non, les salles étant peu nombreuses devant les millions de téléviseurs, d’ordinateurs et de téléphone, la lutte semble inégale, et la loi sur le cinéma qui vient tout juste d’être adoptée par le Sénat, n’a pas pensé à fixer un cahier de charges générales pour les chaînes TV afin de les obliger à acheter et diffuser des films de cinéma algérien. Avec tout l’argent qu’elles viennent de gagner.