Alors que la situation était déjà dramatique avant le 7 octobre dans l’enclave de Ghaza, frappée par un blocus depuis de nombreuses années, les conditions se sont encore dégradées ces dernières semaines sur le marché du travail. Les Ghazaouis, confrontés depuis longtemps à des taux élevés de pauvreté, de vulnérabilité et à l’un des taux de chômage les plus élevés au monde, atteignant 46,4% au deuxième trimestre 2023, subissent de plein fouet les conséquences des attaques israéliennes sur le plan social. En effet, au moins 61% des emplois, soit 182 000 emplois ont été perdus à Ghaza depuis le début de la guerre.
C’est ce qu’a indiqué un nouveau rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) publié, hier, à Genève. Selon la même source, cette situation en guerre a également des retombées en Cisjordanie où 24% des emplois, soit 208 000 emplois, ont été perdus au cours de la même période.
C’est-à-dire en moins d’un mois. Le bulletin qui a été élaboré en partenariat avec le Bureau central palestinien des statistiques (PCBS), sur la base de données provenant principalement de l’enquête sur la main-d’œuvre du PCBS, évalue ainsi le nombre total d’emplois perdus dans les deux zones à 390 000.
Ce qui se traduit par des pertes de revenus journaliers du travail de 16 millions de dollars. Ces chiffres alarmants qui illustrent la précarité dans laquelle vivent depuis le 7 octobre dernier les Palestiniens, devraient augmenter si les opérations militaires s’intensifient dans cette zone. «La crise humanitaire à Ghaza a de graves répercussions sur le marché du travail, les perspectives d’emploi et les moyens de subsistance dans l’enclave et dans l’ensemble du territoire palestinien occupé», résume à ce sujet le premier bulletin de l’OIT sur l’impact du conflit actuel sur le marché du travail et les moyens de subsistance dans le territoire.
Dans ce sillage, Ruba Jaradat, directrice régionale de l’OIT pour les Etats arabes a déclaré : «Notre première évaluation des répercussions de la tragique crise actuelle sur le marché du travail palestinien montre des résultats extrêmement inquiétants qui ne feront que s’aggraver si le conflit se poursuit». «Les hostilités en cours ne représentent pas seulement une énorme crise humanitaire en termes de pertes de vies humaines et de besoins humains fondamentaux, elles représentent aussi une crise sociale et économique qui a causé d’énormes dommages aux emplois et aux entreprises, avec des répercussions qui se feront sentir pendant de nombreuses années», a-t-elle ajouté pour montrer la dégradation des conditions sociales pour les populations palestiniennes dans les territoires occupés.
D’où l’urgence de mettre en œuvre des mesures pour fournir une assistance «immédiate» aux travailleurs et aux entreprises touchées avec l’implication des différentes agences onusiennes et des acteurs humanitaires Comme réponses, l’OTI a préparé un programme en trois phases.
La première, déjà en cours, se concentre sur les travaux de secours. Elle consiste à fournir une assistance immédiate aux travailleurs palestiniens, notamment par le biais de programmes d’aide d’urgence aux moyens de subsistance. L’OIT a affecté, à cet effet, environ 1,1 million de dollars à des interventions d’aide d’urgence et à la collecte de données préliminaires.
La deuxième étape comprend, selon les explications de l’OTI, la collecte de données et l’analyse d’impact afin d’aider à planifier, prioriser et affiner les interventions. Enfin, la phase de reprise se concentrera sur la création d’emplois par le biais d’une reprise des infrastructures à forte intensité d’emploi et d’autres moyens, ainsi que sur les mesures de protection sociale et la reprise des emplois et des entreprises.
Aussi, en prévision de la 349e session du conseil d’administration, l’organisation prépare le lancement d’un appel de 20 millions de dollars US pour financer la mise en œuvre de l’ensemble du plan de réponse.