Agression israélienne contre Ghaza : Tractations pour une trêve durable

29/11/2023 mis à jour: 21:25
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Photo : D. R.

Le chef de la CIA, William Burns, est depuis hier à Doha, pour discuter avec ses homologues qatari, égyptien et israélien de la possibilité d’aller vers un accord sur une trêve durable.

Les tractions pour une trêve durable entre Israël et le Hamas commencent. Selon des informations données par la presse américaine et reprises par plusieurs médias internationaux, William Burns, chef du tout puissant service de renseignement américain CIA, est depuis hier à Doha, au Qatar, pour œuvrer à étendre les négociations sur l’échange de détenus de sorte à arriver à un accord élargi, prenant en charge d’autres aspects du conflit.

Le Washington Post a rapporté que Burns cherchait à faire pression sur le Hamas et Israël pour inclure dans leurs négociations la libération d’hommes et de soldats après avoir été limitée aux femmes et aux enfants. Mais pas seulement. Pour le Wall Street Journal, le chef de la CIA a effectué ce déplacement dans le but de pousser les deux parties, avec bien évidemment le concours des Qataris et des Egyptiens, à aller vers un accord global.

Il s’agit donc de se pencher sur les termes d’un accord susceptible d’aller au-delà de la trêve en vigueur. Pour ce faire, David Barnea, premier responsable du service de renseignement israélien Mossad, s’est également rendu à Doha ainsi que le général Abbas Kamel, patron des services secrets égyptiens connus sous le sigle EGID.

Outre la consolidation de l’accord sur la trêve humanitaire prolongée jusqu’à jeudi, ces responsables examineront, lors de leurs réunions, la prochaine étape qui permettrait d’aboutir à une «trêve durable». Burns a déjà pris la bonne température en discutant, dès son arrivée à Doha, avec le Premier ministre qatari et ministre des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani, en tant que principal médiateur entre Tel-Aviv et le Hamas.

Ces discussions sont entamées au moment où la trêve connaît un prolongement de deux jours, au grand soulagement des populations meurtries de Ghaza et des organisations humanitaires qui s’échinent, depuis l’arrêt des bombardements israéliens contre cette enclave palestinienne, à faire parvenir l’aide humanitaire à des centaines de milliers de personnes qui en ont fortement besoin.

Appels à plus d’aide humanitaire

Bien qu’elle a beaucoup augmentée, l’aide humanitaire demeure insuffisante, de l’avis même des agences de l’ONU qui sont sur place. Le Programme alimentaire mondial (PAM), a d’ailleurs mis en garde hier sur «le risque élevé de famine» à Ghaza, appelant la communauté internationale à doubler ses dons pour garantir aux populations un accès continu à la nourriture.

Cette agence de l’ONU a affirmé avoir pu fournir, jusqu’à présent, de la nourriture à 121 161 personnes à Ghaza depuis vendredi, date du début de la trêve humanitaire. «Grâce à cette pause, nos équipes ont pu agir sur le terrain et se déplacer dans des zones où nous n’avions pas pu nous rendre depuis longtemps. Ce que nous voyons est catastrophique», a déploré dans un communiqué Corinne Fleischer, responsable du PAM au Moyen-Orient, considérant qu’une trêve de six jours n’est pas suffisante pour avoir un impact significatif sur les centaines de milliers de Ghazouis menacés de famine.

«La population de Ghaza, notamment les femmes et les enfants, est à haut risque de famine si le PAM n’est pas en mesure de fournir un accès continu à la nourriture», a-t-elle averti. De son côté, l’Unicef a affirmé que les hôpitaux de Ghaza regorgent d’enfants souffrant de blessures de guerre et de maladies intestinales dues à la consommation d’eau sale.

Cette agence des Nations unies pour l’enfance a salué l’arrivée des aides humanitaires au nord de Ghaza, tout en alertant sur les besoins qui sont si énormes que cette aide est loin de suffire. «La situation est encore pire que ce que je craignais», a déclaré hier le porte-parole de l’Unicef, James Elder, à Genève, estimant que «le chagrin et la tristesse ont pris racine à Ghaza».

Beaucoup de blessés reçoivent des soins au niveau des parkings tellement les hôpitaux sont saturés. Même son de cloche du côté de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

«Les besoins sont bien plus importants que ce que les travailleurs humanitaires peuvent gérer. Dans les camps d’urgence, on trouve des bébés atteints de diarrhée qui risquent de mourir à cause du manque de médicaments. Même les malades chroniques, par exemple les personnes atteintes d’affections cardiaques, ne reçoivent plus leurs médicaments», a alerté cette organisation dans un communiqué. Dans ce contexte humanitaire tragique, l’aide peine à arriver au nord de Ghaza.

Hier encore, les forces d’occupation israéliennes ont empêché un camion-citerne chargé de carburant d’accéder dans cette partie de l’enclave palestinienne. Selon le Croissant-Rouge palestinien, le camion-citerne était destiné aux ambulances opérant dans le nord de la Bande, qui risquent d’arrêter leur travail en raison d’une panne de carburant.

Le roi Abdallah II de Jordanie a appelé à l’arrêt total de la guerre contre Ghaza, «qui a coûté la vie à des milliers de personnes innocentes, dont des personnes âgées, des enfants, des femmes et des civils».

Avertissement américain

Dans une lettre adressée au président du Comité des droits inaliénables du peuple palestinien, Cheikh Niang, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, qui coïncide avec le 29 novembre de chaque année, le roi Abdallah II  a affirmé que «l’odieuse agression lancée par Israël contre la Bande de Ghaza et les violations illégales en Cisjordanie sont incompatibles avec les valeurs de l’humanité et du droit à la vie».

Le président américain Joe Biden a, pour sa part, averti Israël contre toute tentation de rééditer au sud Ghaza ce qu’il a fait au nord en termes de massacres de populations civiles et de destructions. «Il ne faut pas que l’ampleur des déplacements qui ont eu lieu dans le Nord se répète dans le sud de Ghaza», a déclaré à la presse un responsable à la Maison-Blanche, assurant que le président américain et ses collaborateurs «ont insisté sur ce point de manière très claire auprès du gouvernement israélien».


 

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