Décidément, cette 33e édition nous aura tenus en haleine jusqu’au bout, à voir toutes les pressions exercées sur la CAF pour faire annuler
une nouvelle fois la fête continentale du foot africain, sachant que cette édition devait se tenir en janvier 2021 avant d’être reportée pour cause de Covid.
C’est désormais officiel : ce dimanche 9 janvier sera donné le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations qui sera accueillie par le Cameroun.
Décidément, cette 33e édition nous aura tenus en haleine jusqu’au bout, à voir toutes les pressions exercées sur la CAF pour faire annuler une nouvelle fois la fête continentale du foot africain, sachant que cette édition devait se tenir en janvier 2021 avant d’être reportée pour cause de Covid.
Si aujourd’hui, tous les clignotants sont au vert, le maintien du tournoi n’était toujours pas certain à 100% il y a quelques semaines seulement. Des rumeurs insistantes ont circulé, souvenez-vous, faisant état d’une possible annulation de la CAN en prenant notamment prétexte de la propagation du variant Omicron.
A la mi-décembre, RMC Sports assurait : «Ce qui était encore une réflexion il y a plusieurs semaines est devenue bien plus qu’une probabilité ces derniers jours.
Selon nos informations, la Confédération africaine de football (CAF) pourrait annoncer une annulation de cette édition. La réflexion est en tout cas engagée.» Quelques jours plus tard, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a fait savoir depuis Doha où il avait assisté à la finale de la Coupe arabe, qu’il était favorable à un report de la compétition.
«Le patron du football mondial a avancé plusieurs arguments : l’incertitude concernant les infrastructures camerounaises, la dégradation de la situation sanitaire, l’émergence du variant Omnicron en Afrique australe ainsi que la réticence des clubs européens à libérer leurs joueurs en hiver», détaillait le site de France 24 dans un article daté du 20 décembre.
Ces spéculations ont eu le don d’agacer les instances du football camerounais. Samuel Eto’o, l’ancienne icône des Lions Indomptables qui officie désormais comme nouveau président de la Fédération camerounaise de football, n’a pas hésité à dénoncer ces allégations de report en déclarant dans une interview à Canal+Sport Afrique diffusée le 20 décembre : «Je ne vois pas pourquoi elle (la CAN, ndlr) n’aura pas lieu. (...) Une excuse pour la reporter ?
Laquelle ? L’Euro s’est joué alors que nous étions en pleine pandémie, avec des stades pleins. Pourquoi la CAN ne se jouerait pas au Cameroun ? Donnez-moi une seule raison valable. Ou alors on est en train de nous dire que, comme on nous a toujours traités, nous sommes des moins que rien, alors nous devons subir», s’est emporté l’ancien buteur du FC Barcelone et de l’Inter Milan.
Il convient de noter que les déclarations, dans ce même registre, se sont multipliées ces derniers jours, donnant lieu à une autre CAN, une compétition dont l’enjeu n’est pas un trophée continental, mais plutôt de s’affranchir du diktat du puissant lobby des clubs européens.
Le 10 décembre, l’Association européenne des clubs (ECA) a adressé un courrier électronique à la FIFA, où l’on peut lire : «A notre connaissance, la Confédération africaine de football n’a pas encore rendu public un protocole médical et opérationnel adapté pour le tournoi de la CAN, en l’absence duquel les clubs ne seront pas en mesure de libérer leurs joueurs pour le tournoi» (dépêche AFP du 15 décembre 2021).
«La CAN mérite plus de respect»
Le 26 décembre, la FIFA a adressé à son tour un courrier à l’ECA ainsi qu’aux ligues et aux fédérations européennes, annonçant : «Les joueurs internationaux concernés par la Coupe d’Afrique des nations au Cameroun (9 janvier - 6 février) ne pourront pas rejoindre leurs sélections avant le 3 janvier.»
Ainsi, notre sélectionneur national Djamel Belmadi s’est envolé le 27 décembre à Doha pour le stage de pré-compétition avec 11 joueurs seulement au lieu des 28 convoqués. Pour la FAF, il est clair que cette décision de la FIFA «a perturbé le travail des sélections africaines devant préparer la CAN au Cameroun».
Une nouvelle affaire vient illustrer cet éternel bras de fer entre clubs européens et sélections africaines. La Fédération sénégalaise de football a dénoncé, samedi dernier, à travers un communiqué, une décision du club anglais de Watford qui a bloqué le joueur Ismaïla Sarr, arguant du fait que l’attaquant souffrait d’une «blessure au ligament du genou».
«Par courrier en date du 31 décembre 2021, le club anglais de Watford a notifié sur la base d’arguments aussi spécieux que fallacieux sa décision de bloquer le joueur Ismaïla Sarr, qui a exprimé sa volonté de rejoindre la sélection sénégalaise en vue de la prochaine CAN», écrit la FSF avant d’ajouter avec véhémence : «L’Afrique, son football et ses footballeurs méritent le même respect que celui qui est accordé aux autres continents, confédérations et joueurs.»
Nombre de figures du monde du football sont montées au créneau ces derniers jours pour exiger plus de «respect» pour la CAN. «Je n’empêcherai jamais un joueur de prendre part à la compétition. Je crois que ce tournoi doit être plus respecté. C’est aussi important que l’Euro», a ainsi plaidé Patrick Veira, entraîneur à l’heure actuelle de Crystal Palace.
De son côté, l’ancien attaquant d’Arsenal, Ian Wright, s’est indigné en déclarant dans une vidéo postée sur Instagram : «Y a-t-il un tournoi plus méprisé que la Coupe d’Afrique des nations ? Nous avons joué notre Euro à travers dix pays au milieu d’une pandémie et il n’y a eu aucun problème. Mais le Cameroun, un seul pays qui accueille un tournoi, c’est un problème ? » Retenons également cette réponse cinglante de l’international ivoirien Sébastien Haller qui évolue à l’Ajax Amsterdam.
Au journaliste néerlandais du Telegraaf qui lui demandait s’il allait participer à la CAN avec Les Eléphants, le buteur ivoirien réplique sèchement : «Cette question montre le manque de respect pour l’Afrique. Aurait-on posé cette question à un joueur européen avant l’Euro ? Bien sûr que je vais à la CAN !»