Le procès en appel du colonel Chouaib Oultache, auteur présumé de l’assassinat d’Ali Tounsi, ancien patron de la police, a été renvoyé hier à la prochaine session criminelle. Prise par la chambre criminelle près la cour d’Alger, cette décision a provoqué la colère de l’accusé qui s’en est pris à sa défense.
Revenu pour la seconde fois devant la chambre criminelle près la cour d’Alger (après cassation par la Cour suprême), le procès du colonel Chouaib Oultache, auteur présumé de l’assassinat de l’ancien patron de la police, le colonel Ghaouti, de son vrai nom, Ali Tounsi, a été renvoyé hier à la prochaine session.
La décision a été prise à la demande des avocats de l’accusé qui ont pris le relais du défunt Me Tayeb Belarif, son principal défenseur, décédé il y a quelques mois seulement. «Nous avons besoin d’un délai pour examiner toutes les pièces du dossier. Il nous faut du temps pour prendre connaissance de l’affaire et pouvoir défendre l’accusé», ont-ils déclaré, puis réclamé «la présence de nombreux témoins absents». Une demande qui fait exploser de colère l’accusé.
Du fond du box, il se tourne vers sa défense et crie de toutes ses forces : «Je veux être jugé aujourd’hui avec vous ou sans vous.» Une réaction qui a laissé la présidente sans voix. Oultache se tourne vers elle et d’un ton colérique poursuit : «Je veux un procès. Je refuse le renvoi. Je leur ai dit cela hier…» Des propos qui irritent la présidente. «Ce n’est pas à vous de décider si vous devez être jugé aujourd’hui ou non. La décision revient à la cour», répond-elle sèchement avant de quitter la salle pour délibérer sur la décision.
A ce moment précis, Oultache perd son sang-froid. Avec virulence il s’attaque à ses avocats puis lâche : «Partez ! Je n’ai aucune relation avec vous. Quittez la salle !» L’accusé continue à s’insurger et de manière très bruyante contre ses avocats et n’a pu reprendre son calme qu’après une longue discussion avec les gendarmes et les policiers. A la reprise de l’audience, la présidente annonce le renvoi de l’affaire à la prochaine session criminelle.
Ce procès, faut-il le rappeler, est revenu après cassation de la Cour suprême en vertu d’un pourvoi introduit par l’accusé. Reconnu coupable «d’homicide volontaire avec préméditation», «tentative de meurtre» et «possession d’armes à feu de 4e catégorie sans autorisation», Oultache a été condamné le 27 février 2017 par le tribunal criminel près la cour d’Alger, à la peine capitale.
Une peine commuée en prison à vie par la chambre criminelle près la cour d’Alger, le 5 mars 2021. Une décision que l’accusé a contestée à travers un pourvoi en cassation devant la Cour suprême qui a cassé le verdict, au mois de novembre 2022 et renvoyée l’affaire devant la même juridiction autrement composée. Lors de ses différents procès, Oultache a recouru à la stratégie du doute en déclarant : «La balle qui a tué le défunt Ali Tounsi, n’est pas la mienne», ajoutant qu’avant «de perdre connaissance, au moment de l’assaut des forces de sécurité : tuez-les tous les deux !» Ce que l’enquête judiciaire, l’expertise et la partie civile ont contesté.
Oultache a également été poursuivi et condamné en 2015, pour « passation illégale de marché », « dilapidation de deniers publics » et « abus d’autorité ». Une affaire qui aurait envenimé la relation entre ces deux officiers qui étaient pourtant très liés. Elle concernait la signature d’un contrat d’acquisition d’équipements informatiques au profit de la DGSN avec l’entreprise ABM (Algerian Business Multimedia), où son gendre exerçait comme directeur général adjoint.