L’alimentation en eau potable pose problème dans plusieurs communes de la wilaya de Boumerdès. Si la situation s’est nettement améliorée dans les localités de l’Est, à l’Ouest la disponibilité du précieux liquide reste une préoccupation majeure pour des milliers de ménages.
Selon les statistiques rendues publiques par l’ADE à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, plus de 40% des ménages à travers la wilaya reçoivent l’eau à raison d’un jour sur quatre, voire plus. «Le barrage de Keddara est à moins de 30% de ses capacités.
On y pompe à peine 9500 m3/j, alors qu’auparavant, on recevait 70 000 m3 de ce barrage», dira un cadre à la direction de l’hydraulique.
Sur les 32 communes de la wilaya, seules six sont alimentées chaque jour. La pénurie se pose avec acuité à Boudouaou, Ouled Moussa, Larbatache, Khemis El Kechna, Hammadi, Haouch El Makhfi, Boudouaou El Bahri, etc. «La situation a empiré depuis le mois de janvier suite au changement du programme de distribution. Maintenant, l’eau arrive une heure par semaine dans nos robinets», se plaint un habitant de Benmerzouga.
Dans cette cité de plus de 5000 habitants, les habitants doivent veiller parfois jusqu’à une heure tardive de la nuit pour pouvoir remplir quelques jerricans. Même les habitants du chef-lieu de wilaya ne sont pas bien desservis.
A la cité 11 Décembre, 800 et 350 logements, l’approvisionnement se fait 1 jour/3 alors qu’il était à 1 jour/2. L’ADE évalue les besoins de la wilaya à plus de 250 000 m3/j. Or, la production actuelle est estimée à 160 000 m3/j, dont 60 500 m3 proviennent des forages, 9500 m3 du barrage de Keddara, 40 000 m3 de Taksebt et 50 000 de la station de dessalement de Cap Djenet. Il y a trois ans, la wilaya obtenait un quota de 90 000 m3 de Taksebt et près de 80% de la station de dessalement.
Dans l’immédiat, la population doit prendre son mal en patience puisqu’aucun changement dans le programme d’AEP n’est à l’ordre du jour, a-t-on appris. «On va peut-être élargir les plages horaires pour certaines localités, mais l’amélioration de la situation est subordonnée à l’augmentation des volumes de la production», assure Youcef Hadhoum, le directeur de l’antenne locale de l’Algérienne des eaux.
Avec la baisse des taux de pluviométrie, le recours aux eaux souterraines s’est imposé comme une alternative dans plusieurs localités. L’ADE prévoit la mise en service de deux forages, dont un à Souk El Had et un autre à Khemis El Khechna où le précieux liquide reste une denrée très rare.
Face au risque d’assèchement des nappes phréatiques, les pouvoirs publics misent sur les stations de dessalement. Lancée en été 2021, la station de dessalement de Coro, d’une capacité de 80 000 m3/j, devra être mise en service en mai prochain, a précisé récemment le wali de Boumerdès, Yahia Yahiaten.
La réception de cette infrastructure tant attendue va améliorer l’alimentation en eau dans plusieurs localités du centre et l’ouest de la wilaya. Une autre station d’une capacité de 300 000m3 devra être lancée incessamment à Cap Djenet, ce qui mettra un terme au spectre des pénuries dans toute la région. En attendant, l’Etat devra se pencher sur la réhabilitation des forages qui sont à l’arrêt, dont le nombre dépasse une cinquantaine à travers la wilaya.
«Nous avons trois forages d’une capacité de 5000 m3. Ils sont hors service à cause de la vétusté des pompes et autres équipements électriques. Nous avons fait une étude de 1,8 milliard pour leur rénovation, on attend l’affectation des crédits pour ce faire», dira un élu à l’APC.